KRACH MONDIAL ? LE FIASCO DE l’EURO (4/4)

Krach financier et euro

(Lire la Partie 3 ici​)

Brèves hexagonales avant les élections européennes…

​La dette, toujours la dette

Record battu pour la France avec les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : la dette de la France (ensemble des emprunts effectués par l’État) en juin 2018 s’élevait à 99 % du PIB. À noter que c’est la Banque de France qui détient encore une forte proportion (19,2 %) de l’encours de cette dette gouvernementale.

Pour la deuxième année consécutive, la France a enregistré un déficit public (recettes de l’État [hors emprunt] < dépenses) « meilleur qu’attendu » de 2,5 % du PIB en 2018. Il est inférieur à sa prévision de 2,7 % et au 2,8 % enregistré pour 2017. Une grande avancée.

Mais la Cour des comptes affiche son inquiétude vis-à-vis du déficit public qui doit augmenter à 3,2 % du PIB en 2019. La start-up nation lui a donc promis que la diminution de la dette est sa priorité number one.

En 2018, le Conseil européen avait «« invité »» Paris à effectuer des réformes fiscales pour faire des économies budgétaires : les dépenses publiques sont 9,7 points au-dessus de la moyenne européenne. Le programme consiste à abaisser l’impôt sur les sociétés via une simplification du système de taxation et tout en continuant à baisser le coût du travail (Diplomatie Les grands dossiers n° 44, avril-mai 2018, p.53). Les gilets jaunes n’ont pas apprécié.

Du Haut Conseil de stabilité financière à Standard & Poors en passant par la Banque de France, c’est le même signal sur l’endettement des entreprises : il explose depuis 2008 par rapport aux autres économies développées qui se restreignent, voire se désendettent au vu de la conjoncture.

L’endettement brut des entreprises françaises pulvérise effectivement les records en dépassant 4 000 Mds €, soit 175 % du PIB, contre 135 % lors de la dernière crise financière d’il y a 10 ans. La Banque de France a signalé en décembre dernier que les risques de liquidité et de défaut pouvaient s’accroître dans les mois à venir. Le ratio d’endettement des sociétés non financières françaises est le plus élevé de la zone euro, à hauteur de 62 % en moyenne en 2017.

Le déficit commercial de la France s’est dégradé en 2018 à cause du ralentissement des échanges internationaux et de la remontée des cours du pétrole. Il est passé de 2,1 Mds € à 59,9 Mds € en 2018. La balance des paiements, qui comprend les soldes des balances des services et des investissements, s’est aussi creusé avec un déficit atteignant 2,8 Mds €, entre autres à cause du paiement de 1,1 Mds € par la Société Générale aux USA pour violation d’embargos économiques. Sans commentaire.

Krach de l'euro

La croissance infinie

Bonne nouvelle : la croissance 2019 de la France devrait être supérieure à celle de la zone euro, selon plusieurs zinzinstituts de conjoncture. On aura donc de quoi réemprunter pour rembourser les intérêts de la dette, merci.

L’OCDE notamment prévoit une progression du PIB de 1 % pour la zone euro contre 1,3 % (sic) pour la France. La dépendance moindre de l’Hexagone au commerce international lui permet de mieux encaisser les chocs économiques internationaux par rapport à l’Allemagne ou l’Italie. En France, les exportations représentent 31 % du PIB en 2017, contre 47 % en en Allemagne par exemple.

L’OCDE juge aussi que les réformes du gouvernement Macron permettront un accroissement de 3,2 % le PIB par habitant d’ici 10 ans ! D’ici là le monde aura assurément bien bougé, mais pourquoi pas. L’institution critique néanmoins l’absence de volonté du pouvoir central pour baisser la dépense publique. Peut mieux faire en somme.  

Selon l’Institut des Libertés, le think tank présidé par l’économiste libéral-conservateur Charles Gaves, l’économie française est probablement en train de rentrer de nouveau en récession, de même que celle de l’Allemagne et de l’Italie. Gaves, étant lui-même au cœur du système financier via Gavekal, sa société de gestion de fonds, de recherche et de conseil en gestion de portefeuille basée au paradis fiscal de Hong-kong, explique que la scission est proche tout simplement parce que les entrepreneurs et les investisseurs sont en train de perdre confiance. Selon lui, la croissance économique dépend essentiellement du moral des entrepreneurs et les chiffres de la France de 2020 vont être très proches de ceux de la Grèce de 2009. On n’imagine même pas une fois le Brexit réellement acté…

Crise de l'euro

Le prix de l’euro

Le coût d’application des normes de l’UE pour les entreprises françaises est d’au moins 30 Mds € par an, pour se plier à la libre circulation des biens et des services par exemple. Absurde, quand on constate que 97 % des entreprises françaises opèrent uniquement sur notre territoire. Mais le syndicat grand patronal Medef se réjouit de cette libre circulation des biens et des services qui favorise les délocalisations et la désindustrialisation du pays et de toute la zone.

Le coût d’application des normes de l’UE pour les entreprises françaises est d’au moins 30 Mds € par an, pour se plier à la libre circulation des biens et des services par exemple. Absurde, quand on constate que 97 % des entreprises françaises opèrent uniquement sur notre territoire. Mais le syndicat grand patronal Medef se réjouit de cette libre circulation des biens et des services qui favorise les délocalisations et la désindustrialisation du pays et de toute la zone.

Markel et l'euro

Selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, l’instauration de l’euro en 1999 a favorisé la stabilité des prix au bénéfice des citoyens. Il estime que l’euro est « une monnaie de confiance » et de « fierté ». Il souligne également que le pouvoir d’achat des Français a augmenté de 20 % entre 1999 et 2018, contre 12 % en zone euro, et devrait encore augmenter « de 1,5 % cette année, soit le chiffre le plus élevé depuis douze ans ». Si quelqu’un pouvait rebrancher ce monsieur pour qu’il constate l’augmentation évidente des dépenses contraintes…

En réalité, l’Institut pour un Développement Durable confirme que le pouvoir d’achat est plus élevé qu’il y a 20 ans, mais pas sur les points majeurs. Il a adressé un comparatif chiffré par rapport à 1998 pour démontrer que le pouvoir d’achat s’est accru « puisque la moyenne des prix augmente moins vite que le revenu disponible [le revenu dont dispose réellement le ménage pour consommer et épargner], quel que soit l’indicateur retenu (revenu moyen, revenu moyen sans certains revenus de la propriété ou revenu d’intégration ». Le revenu disponible moyen s’est accru de 55,8 % et l’inflation de 43,9 % sur 20 ans. Les coûts vestimentaires (+13,5 %) et de santé (+16,2 %) ont augmenté moins rapidement que le revenu disponible moyen et le prix des communications a même chuté (-15,2 %). Mais le prix des boissons alcoolisées et du tabac (+85,4 %) ont augmenté bien plus vite, de même que, plus important, le prix du logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles (+72,8 %). 

Banque de France logo


 Ô sondages…

L’UE confirme sa baisse de notoriété à travers différents sondages. Le « succès » énoncé par Mr François Villeroy de Galhau n’est pas vraiment partagé par les marchés financiers qui se méfient de plus en plus de la zone euro, ni par les banques centrales étrangères qui n’augmentent pas vraiment leurs réserves de devise euros (mais plutôt en or physique), ni par les économistes hors presstituée et, enfin, ni par les électeurs qui votent de plus en plus eurosceptiques. Mis à part ça, le bilan est « globalement positif » pour l’Union soviétique européenne.

3 Français sur 4 considèrent que l’euro a eu un impact négatif sur leur pouvoir d’achat, selon un récent sondage Ipsos/Sopra Steria. Mais, ils ne sont sûrement pas économistes et doivent appartenir à une autre classe sociale (celle des gueux) que celle de Mr François Villeroy de Galhau.

Seuls 29 % des Français voient l’UE comme « une source d’espoir » contre 61 % en 2003, selon une enquête Odoxa-Dentsu Consulting du 4 avril dernier. Les institutions européennes sont considérées comme inefficaces dans la lutte contre le terrorisme (56 % des personnes interrogées), pour l’environnement (71 %), l’emploi (80 %), l’immigration (82 %) et la fiscalité (82 %). Globalement, le sondage montrerait que l’UE laisse désormais les Français relativement indifférents, tandis que 31 % considèrent qu’elle est une source de crainte (-4 points par rapport à juin 2016). 

Selon l’enquête BVA-Orange sur les Français, l’Union européenne et le Brexit (26/03/19), 56 % des Français qui se sentent citoyens européens sont pessimistes concernant l’avenir de l’UE, contre 33 % d’optimistes. Sur les sondés, 48 % ont une bonne opinion de l’UE et 43 % une mauvaise.

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L'Union européenne c'est la paix

Conclusion sur l’euro : heure du décès ?

Les chocs économico-financiers à venir ne pourront être encaissés comme en 2008-2009 vu que les amortisseurs de l’époque (QE et dette publique) sont en bout de course. La crise de l’euro va impacter le reste du monde : la monnaie unique étant la deuxième devise de réserve mondiale et de paiements internationaux utilisée par 60 pays dans le monde. Inversement, nous pouvons aussi être impactés par des crises extérieures au continent.

Dans son rapport Europe : le temps des incertitudes, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a souligné le 12 novembre 2018 que l’absence de croissance progressive de l’UE (2,1 % en 2018, 1,9 % en 2019 et 1,8 % en 2020) et les tensions politiques diverses nous amènent vers « des aléas très incertains ». Un doux euphémisme. Dans un entretien à Mediapart de septembre 2018, Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie et ancien économiste en chef de la Banque mondiale, a quant à lui déclaré que « l’Europe est au bord de l’abîme ». Et les 4 grands de l’UE, que sont le Royaume-Uni (Brexit), l’Allemagne (clause de sortie de l’euro), l’Italie (critique de l’UE voire sortie en douce) et la France (gilets jaunes), sont au cœur du rejet de ce projet européen raté.

L’aberration du système financier et monétaire européen n’a aucune limite comme nous l’avons vu tout au long de ce dossier (QE, taux d’intérêt négatifs, spoliation, oligarchie…) et amène à des questions cruciales sur l’illégitimité de l’euro, de la dette, des intérêts de la dette et de l’impunité des plus grandes banques privées. Le prochain krach, la prochaine crise ou la prochaine excuse économique et financière justifiera le fameux saut fédéral européen, l’austérité et/ou la concentration bancaire avec le rachat des banques pourries par les autres aux frais du contribuable bien entendu.

Fin mars 2019, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a plaidé pour « établir un système commun de garantie de dépôts » et « un marché européen des capitaux unifié, intégré et prospère » pour renforcer le système bancaire européen. Cette union bancaire permettrait de limiter les effets de la prochaine crise économique et serait financée par les banques, selon cette future présidentiable. Mais nos problèmes politiques et économiques sont profondément structurels. À défaut de saut fédéral, l’Europe de Bruxelles et l’euro doivent être détruits pour le bien de la France et des nations européennes. Toute alternative ne sera que vaine assistance respiratoire.     

Bonnes élections européennes.

europe-final-countdown

Franck Pengam

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