Depuis 2014 et la révolution de couleur américaine en Ukraine, nous avons un conflit gelé aux frontières russes. Et aujourd’hui, nous faisons face à une énième rodomontade qui fait monter la tension un peu plus haut que d’habitude. Alors, la Troisième guerre mondiale ou pas ?
L’invasion russe est « imminente » ?
L’Ukraine partage des frontières avec l’UE et la Russie, mais en tant qu’ancienne république soviétique, elle a des liens sociaux et culturels profonds avec la Russie, et le russe y est largement parlé (notamment à l’est du pays). L’Ukraine est donc clairement un pré-carré stratégique pour la Russie.
Ce fait basique étant établi, n’est-il pas évident que les manœuvres américaines depuis 2014 en Ukraine, à deux pas des frontières russes, et avec la CIA en sous-main selon Le Point, allaient provoquer une réaction ? Et je suis gentil, je ne remonte pas à la Révolution orange de 2004 financée par Georges Soros et les Ricains : un fait officiel et documenté par des recherches universitaires (les « fact-checker » du dimanche iront sur Wikipédia). Vous avez compris que l’on n’en est pas au coup d’essai aujourd’hui.
Rappelons que pendant les révolutions américaines en Ukraine, en mars 2014, la Russie a annexé la Crimée, une péninsule autonome du sud de l’Ukraine avec une forte loyauté russe. Ceci a été fait avec le soutien démocratique des citoyens russophones qui ont approuvé l’acte par referendum. C’est certes provocant, mais l’OTAN fait tout pour faire basculer Kiev dans le giron atlantiste depuis au moins 18 ans. C’est donc plutôt de bonne guerre comme on dit.
L’Union européenne et les États-Unis ont ensuite imposé une série de mesures en réponse aux actions de la Russie en Crimée et dans l’est de l’Ukraine, y compris des sanctions économiques visant des individus, des entités et des secteurs spécifiques de l’économie russe. Le Kremlin quant à lui soutient que l’Ukraine attise les tensions dans l’est du pays et viole l’accord de cessez-le-feu des accords de Minsk signés en 2015 (ce qui n’a pas l’air de déranger les Américains).
Moscou considère le soutien croissant de l’OTAN à l’Ukraine – en termes d’armement, de formation et de personnel – comme une menace pour sa propre sécurité. Les États-Unis ont effectivement fourni environ 450 millions de dollars d’aide à la sécurité à l’Ukraine en 2021, selon le Pentagone, y compris un paquet d’armes légères et de munitions en décembre dernier. L’administration Biden envisage maintenant de nouvelles options, notamment en fournissant plus d’armes à l’Ukraine pour résister à une occupation russe, a déclaré un haut responsable américain à CNN.
Les autorités russes ont également accusé l’Ukraine d’augmenter ses propres effectifs en préparation d’une tentative de reprise de la région du Donbass, une allégation que l’Ukraine a niée.
Malgré tout, Washington et l’OTAN ont qualifié d’« inhabituels » les récents mouvements et les concentrations de troupes en Ukraine et dans les environs. Les conclusions des services de renseignement américains en décembre ont estimé que la Russie pourrait commencer une offensive militaire en Ukraine « dès le début 2022 ».
Le Kremlin nie avoir l’intention d’attaquer et affirme que le soutien de l’OTAN à l’Ukraine – y compris l’augmentation des livraisons d’armes et de la formation militaire – constitue une menace croissante sur le flanc ouest de la Russie. Le gouvernement russe est catégorique sur ce fait et le chef du renseignement étranger, Sergueï Narychkine, a condamné les « mensonges dangereux » répandus par les États-Unis et les capitales occidentales.
Moscou a tout de même positionné au moins 100 000 soldats à portée des frontières ukrainiennes.
Bref, chaque camp se prépare au pire et difficile de distinguer le vrai du faux dans ce millefeuille géostratégique.
Bien que je ne pense pas qu’il y ait intérêt à un affrontement armé pour aucune des parties, une erreur, un faux drapeau, un accident ou un quelconque problème amenant au drame est vite arrivé vu le niveau d’émotion médiatique mis dans l’affaire.
Je soulignerai néanmoins que l’Ukraine est dans un conflit gelé ce qui l’empêche de rentrer dans l’OTAN pour le plus grand bonheur des Russes. En effet, les traités atlantistes empêchent l’adhésion d’un pays en situation de conflit. On parle généralement de l’article 10 du traité de Washington et ses deux critères : la reconnaissance des frontières et l’absence de conflits à l’intérieur du territoire ou avec des pays tiers. La Russie a donc tout intérêt au statu quo en Ukraine et c’était jusque-là probablement la stratégie de la Russie pour éviter que ce pays pivot (selon Le grand échiquier de l’anti russe Zbigniew Brzezinski) soit définitivement dans le giron atlantiste.
Sortir de l’OTAN ? Peu importe, il faut initier une alliance militaro-stratégique avec l’Eurasie
Il faut bien que l’OTAN fasse semblant de servir à quelque chose, à part créer des tensions et soi-disant défendre l’Europe de l’URSS pendant la guerre froide. Depuis plus de 70 ans d’existence, cette organisation délétère n’a fait que provoquer des guerres illégales et du chaos. Tout est documenté dans cette vidéo, j’ai fait un effort alors regardez-la :
L’OTAN est une accumulation de crimes de guerre impunis. Donc évidemment qu’il faut en sortir définitivement et pas seulement du commandement intégré, ce qui est complètement inutile (je ne vise personne hein).
Une autre solution, pragmatique et bien cynique comme j’aime, serait de faire une « Erdogan ».
Je viens tout juste d’inventer la formule en écrivant ces lignes : il s’agirait de rester dans l’OTAN, tout en participant aux exercices militaires russo-chinois quand nous y avons intérêt et pourquoi pas accumuler du matériel de qualité genre S-400/S-500, les fameux systèmes de défense russes mobiles antiaérien et antimissile.
Hé oui, ce serait ça être souverain, vous avez peur de quoi en fait ? De Joe Biden qui va gémir un peu avant sa sieste ? D’Ursula von der Leyen qui va nous piquer une crise, alors que nous sommes contributeur net de l’Union européenne et que nos élites en sont actuellement les plus fervents défenseurs ? Ou encore de l’avis de la reine d’Angleterre, anti-russe elle aussi ?
Dans tous les cas, il faudrait arrêter le délire collectif consistant à monter en épingle la situation à coup de renfort médiatique de guerre imminente. C’est pire que les médias économiques qui nous prédisent des krach boursiers en fait ; quand ils l’annoncent, on peut être quasi sûr de records historiques à la hausse !
J’avais tu cette affaire ukrainienne, car selon moi ce n’était qu’une énième montée en pression, comme il y en a eu plusieurs en 8 ans (déjà). Mais c’est vrai que cela commence à trainer et le pire scénario existe, mais reste mineur.
Voilà comment cela risque de finir : qu’ils se mettent tous autour d’une table une bonne fois pour toutes et que la presstituée ferme sa gueule ! Après avoir soutenu de vrais néo-nazis (on n’est pas sur du Le Pen ou du Zemmour) pendant la révolution de Maïdan pro-OTAN, je n’ai pas eu la naïveté de croire que les médias officiels ne continueraient pas de raconter des bêtises sur le sujet ukrainien. Tout est bon à prendre contre l’horrible Poutine mangeur d’enfants, au nom des Droits de l’Homme et de la démocratie des Lumières, bien entendu.
Que l’OTAN commence par arrêter d’étendre ses tentacules aux frontières de la Russie et il y aura moins de tension : ce sont les causes qu’il faut résoudre, pas les conséquences !
Je ne vais pas vous faire un dessin, une carte suffira :
La vraie riposte russe face aux États-Unis : se déployer militairement dans le pré-carré latino-américain ?
On va finir sur le pied de nez qui pourrait être la vraie contre-attaque d’ampleur.
Le président russe Vladimir Poutine vient de promettre de renforcer les liens avec ses partenaires latino-américains dans une série d’appels téléphoniques à ses homologues à Cuba, au Nicaragua et au Venezuela.
Quoi de plus normal à un moment où les tensions avec les États-Unis couvent sur l’Ukraine.
Mais je n’ai vu personne souligner le parallèle avec la « Troïka de la tyrannie », une expression de l’ancien conseiller républicain à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton. Les États-Unis ont condamné les actions des gouvernements de ces trois pays d’Amérique latine et ont maintenu des sanctions à la fois larges et ciblées contre leurs dirigeants. Et ce sont ces « trois larbins du socialisme », selon l’expression de Bolton, que Poutine appelle !
Le président vénézuélien Maduro, comme son homologue cubain Diaz-Canel, a remercié Poutine pour le soutien de la Russie dans l’atténuation des dommages causés par le Covid-19 et les deux ont salué le développement de leurs relations, y compris « des avancées sur les questions économiques, militaires et sanitaires, entre autres ». Le dirigeant russe, pour sa part, « a exprimé tout son soutien et son soutien multidimensionnel dans la défense de la souveraineté et dans la poursuite du développement du Venezuela ».
Le président nicaraguayen Daniel Ortega, frappé par les sanctions américaines dans la région (comme le Venezuela et Cuba), a également eu le soutien du président russe Vladimir Poutine le 18 janvier dernier, après avoir été réélu pour la cinquième fois (une réélection à la russe haha).
Les spéculations fusent suite à ces appels : Moscou pourrait chercher à renforcer sa présence militaire et/ou livrer du matériel en Amérique centrale pour compenser la pression qu’il ressent de l’OTAN en Europe de l’Est. Ce serait un sacré mouvement et pour le coup un vrai retour en Guerre froide.
Soulignons une dernière fois que ce sont les Américains les premiers à jouer dans le pré-carré russe, comme en témoigne la carte illustrant cet article (tout en haut). Il ne faudra donc pas s’étonner et leur rejeter la faute ensuite si ces derniers intensifient leurs relations militaires avec Cuba, le Venezuela et le Nicaragua si la ligne rouge ukrainienne est franchie.
Si cette tendance est confirmée, je suis désolé, mais la France n’a pas à prendre parti pour l’un ou l’autre camp. Il est tant de revenir à la raison… et donc à l’équilibre !
Et au lieu de trop perdre de temps sur des évènements sur lesquelles nous n’avons aucune prise, occupons-nous de notre souveraineté individuelle :