Introduction
Rappel des faits : Le 07 octobre, le Hamas tire des roquettes depuis Gaza sur le territoire israélien et infiltre certaines localités. En représailles, l’armée israélienne lance une vaste opération visant au blocus de la bande de Gaza, et au bombardement de la zone.
Par un bref communiqué, Israël invite l’ensemble de la population gazaoui, située au Nord, à fuir vers le Sud en vue de la future invasion terrestre de l’armée israélienne. Pour l’instant, les frappes continuent et Gaza reste sous le feu des bombardements.
Dans ce conflit, s’étalant sur près de 75 ans désormais, plusieurs questions nous semblent mériter d’être soulevées.
Or, au sein du paysage politique français, dont le parti pris est clair et sans appel, celles-ci restent dans l’ombre et n’effleurent que les initiés.
C’est pourquoi il nous a semblé bon d’explorer à nouveau les racines de cette lutte séculaire et de rappeler certains faits, oubliés ou omis, susceptibles d’élargir ou de renverser notre perspective des événements.
En guise d’introduction, nous aimerions rappeler qu’Israël est la patrie du peuple juif et, à ce titre, ne laisse pas libre cours à l’immigration comme le font les pays occidentaux. De fait, obtenir la citoyenneté israélienne, si vous n’êtes pas juif, est un véritable sacerdoce en plus de contraindre au renoncement de sa nationalité antérieure.
Ces liens, que l’on peut qualifier d’organiques, qui fondent Israël, le rendent également plus enclin à l’expansionnisme et c’est pourquoi les frontières de cet état ne sont pas clairement définies du point de vue du droit international. L’état juif se retrouve donc aux antipodes des volontés cosmopolitiques chères à nos pays occidentaux, et cela ne peut que nous interroger sur le pro-israélisme qui semble régner dans la plupart de nos médias français.
En ce qui concerne la « Palestine », à titre indicatif, on répertorie aujourd’hui 14 millions de Palestiniens à travers le monde.
7 millions d’entre eux vivent en dehors de leurs terres d’origine, au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Arabie Saoudite et au Koweït (les pays voisins d’Israël). Mais la diaspora palestinienne concerne également, dans une moindre mesure, l’Europe de l’Ouest ainsi que les Etats-Unis.
L’autre versant de cette population, soit 7 millions d’individus, se trouve toujours en Palestine et répartie entre La Cisjordanie, l’état d’Israël, la bande de Gaza et Jérusalem Est. Un palestinien sur trois vivrait, dans cette région, au sein d’un camp de réfugiés. Et, bien que les 2 côtés s’adonnent aux atrocités de la guerre, nous soulevons ici le déséquilibre des forces qui règne entre les 2 belligérants et qu’il nous semble important de souligner.
« 800 000 Palestiniens, parmi lesquels 15 000 femmes et plusieurs dizaines de milliers de mineurs, sont passés par les geôles israéliennes depuis 1967, soit 40 % de la population masculine de Cisjordanie et de Gaza et 20 % de la population totale. »
– Le Monde Diplomatique
Aux origines du Hamas
Les racines d’un conflit désormais centenaire
Sous la domination ottomane, qui s’étend du XVIe siècle à la conquête britannique lors de la 1ère guerre mondiale, la Palestine est habitée par une majorité d’arabes (80%) et une minorité de catholique (10%) et de juif (10%). Une cohabitation qui semble fonctionner.
A partir des années 1880, les juifs du monde entier commencent à affluer dans la région, du fait des différents projets politiques visant à la création d’une nation juive en Palestine (ce que l’on appelle le « sionisme » et qui doit son nom à la colline de Sion à Jérusalem).
La maison de Rothschild notamment, y achète de nombreuses terres et favorisent ainsi la colonisation progressive du territoire.
A la fin de la Ière guerre mondiale, l’empire ottoman est chassé de Palestine, et la possibilité d’une cohabitation judéo-arabe se profile. L’émir Fayçal, premier roi d’Irak, semble envisager favorablement la venue des Juifs.
Le contexte politique en Asie et en Europe, en Russie et en Allemagne précisément, intensifient l’afflux d’émigrants en Palestine. L’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 donne lieu aux accords de Haavara entre la fédération sioniste et le Troisième Reich pour favoriser l’émigration des Juifs allemands en terre sainte.
La région compte alors, au début des années 30, environ 175 000 Juifs et 880 000 Arabes. En vue de calmer les tensions ethniques grandissantes, des projets de partition du territoire sont proposés comme celui la commission britannique Peel en 1937, octroyant 15% du territoire aux juifs. Mais aucun des différents partages proposés n’aboutiront.
En 1948, à la suite de la Seconde Guerre Mondiale et des diverses persécutions des populations juives européennes, l’Etat juif et son indépendance sont proclamés, en plein milieu de la Palestine, en violation des résolutions de l’ONU prévoyant un partage équitable de la zone entre les populations juives et palestiniennes.
En représailles, une coalition arabe comprenant les combattants palestiniens et l’Egypte, la Jordanie, l’Irak, la Syrie, le Liban, l’Arabie Saoudite et le Yémen, voit le jour. Mais cette alliance ne peut rien contre Israël, protégée par les armées britanniques et américaines.
La guerre n’aboutira qu’à des « cessez-le-feu » un an plus tard. C’est ainsi que débute le premier exode massif qui s’étale sur ces 2 années, de plus de 700 000 palestiniens sur les 900 000 qui vivaient dans ces territoires, désormais israéliens. Ils fuirent les massacres ou bien furent expulsés du territoire et dépossédés de leurs biens.
Le 11 décembre 1948, l’ONU refusa aux nouvellement « réfugiés » palestiniens et à leurs descendants tout droit au retour sur leurs terres.
La naissance d’une cohésion nationale palestinienne : le Fatah et l’OLP
Le peuple palestinien se voit donc éclater dans les divers camps de réfugiés des pays voisins. Et un peuple morcelé, sans terres sur lesquelles il peut prospérer, n’en est plus un. L’enjeu pour les nationalistes palestiniens était donc de reconquérir un territoire, celui de leurs ancêtres, pour y rétablir leur nation vouée, en l’état, à disparaître.
Face aux échecs répétés des puissances arabes contre les occidentaux : la guerre de 1948 et 1949, puis la crise du canal de Suez opposant l’Egypte à l’alliance secrète de la France, du RU, et d’Israël, les palestiniens sont probablement amenés à douter de la puissance de leurs alliés. C’est ainsi que naquit le Fatah en 1959 avec, à sa tête, Yasser Arafat, un groupe politique mené par des palestiniens et visant la création d’un Etat palestinien.
Celui-ci deviendra le principal organe de l’OLP, l’Organisation de Lutte pour la Palestine, fondée quelques années plus tard, en 1964.
Au sein de l’OLP, on retrouve également le FPLP – à tendance marxiste – et le FDLP – à tendance maoïste.
L’OLP doit, dès lors, faire face à une problématique de taille : comment gouverner et aider un peuple complètement dispersé, tout en préparant la reconquête de territoires bien gardés ?
C’est pourquoi le mouvement fonde des écoles, des hôpitaux, des universités, des journaux, promeut le patrimoine palestinien et œuvre ainsi au maintien de l’identité nationale tout en formant progressivement des réseaux de résistance.
En 1967, éclate la guerre des 6 jours où les armées israéliennes écrasent les armées arabes coalisées, dont on dénombre les pertes à plus de 20 000 hommes contre quelques centaines côté israélien. A l’issue de cette guerre, Israël prend le contrôle du Sinaï (une partie de l’Egypte), de la bande de Gaza, du plateau du Golan (Syrie) et de la Cisjordanie.
Cette déconvenue transforme l’OLP en un mouvement principalement armé, luttant par des guérillas, et dont Yasser Arafat prend la tête en 1969.
Toutefois, l’idée d’une nation palestinienne gagne du terrain et bien que le succès d’Israël soit de nouveau retentissant lors de la guerre du Kippour en 1973 face à la Syrie et l’Egypte, il n’en est pas moins mis en difficulté et contraint de négocier avec les pays voisins.
Ainsi, sont rendus le Golan et le Sinaï à leurs nations respectives. L’OLP devient un acteur légitime et dialogue avec Israël mais aussi avec les institutions internationales. Reconnu par l’ONU comme représentant du peuple palestinien, il y obtient un statut d’observateur sous la présidence de Bouteflika, puis d’observateur permanent sous la désignation de « Palestine ».
Néanmoins, en 1987, une suite de désobéissances civiles et d’émeutes violentes éclate dans les territoires israéliens : c’est le début de la première intifada (soulèvement), qui durera jusqu’en 1993.
C’est donc dans ce contexte, et quelques jours seulement après la première intifada, que naît le Hamas, mouvement à l’origine de l’attaque du 07 octobre 2023.
Le Hamas, une agence initialement israélienne ?
Le Hamas naît premièrement sous l’impulsion des frères musulmans, mouvement islamique fondé en 1928 en Egypte. Il est important de noter que, très vite, les Frères Musulmans sont repérés et contrôlés par les services de renseignement britanniques, le MI6.
L’organisation musulmane joue un rôle très important dans la lutte antisoviétique que mène notamment le Royaume-Uni et les Etats-Unis et on peut se questionner sur la nature des relations qu’elle entretient aujourd’hui avec les services occidentaux.
Les frères musulmans comptent de nombreux membres, dispersés à travers le monde, mais dont les branches principales se situent au Qatar, en Turquie et au Royaume-Uni.
Mais le Hamas se trouve à la conjonction de nombreux intérêts politiques et stratégiques. Il est notamment financé par l’Iran, le Qatar, mais aussi par Israël.
En effet, le Hamas semble également être utile au gouvernement israélien. Utile parce que d’une part, il divise la cohésion nationale proposée par l’OLP et le Fatah, reconnus comme les représentants du peuple palestinien.
Et d’autre part, parce qu’il associe la lutte palestinienne à une lutte terroriste islamiste qui justifie tout à fait les représailles israéliennes, et empêche le peuple palestinien de remporter l’adhésion des institutions internationales.
Cette hypothèse se vérifie premièrement dans le sabotage délibéré du Hamas vis-à-vis des accords d’Oslo, ratifiés en 1991 par Yasser Arafat (Fatah) et Yitzhak Rabin (premier ministre israélien). Ces accords officialisaient une reconnaissance mutuelle des 2 États et semblaient œuvrer vers une pacification de la région. Les deux représentants finiront assassinés.
Certains semblent supposer également une possible alliance historique entre le Hamas et l’Irgoun, groupement armé israélien, proche du sionisme révisionniste et à l’origine du parti Hérout (« Liberté ») sur lequel repose le gouvernement actuel : le Likoud, dirigé par Netanyahou aujourd’hui.
Le Hamas et le Fatah se sont affrontés au début du XXI siècle. Des affrontements politiques, d’une part, lorsque le Fatah perd les élections législatives en 2007 au profit du Hamas. Défaite donnant lieu à des affrontements armés entre les 2 mouvements, et aboutissant à un partage des territoires.
La bande de Gaza est cédée au Hamas, tandis que le Fatah persiste en Cisjordanie. Nous rappelons ici que la bande de Gaza est un territoire de 360 km² sur lequel s’entassent près de 2M d’habitants, ce qui en fait l’un des territoires les plus denses au monde.
Cette région subit un blocus continental israélien depuis 2007, l’aéroport y a été détruit, les zones de pêches sont réduites, et on compte près de 50% de taux de chômage. Les diverses aides internationales y sont donc vitales pour la survie de la population. Et il est important de souligner que les Etats-Unis viennent d’imposer leur véto au conseil de sécurité de l’ONU empêchant ainsi l’arrivée des aides humanitaires à Gaza.
Le Hamas et le Fatah n’ont donc pas du tout les mêmes influences, ni les mêmes intérêts et ambitions politiques. Et nous sommes en droit de nous demander si le gouvernement israélien n’a pas, finalement, laissé passer l’attaque du Hamas, le 07 octobre, pour justifier le nettoyage ethnique qui semble se dérouler sous nos yeux.
A ce propos, les autorités égyptiennes auraient prévenu le gouvernement israélien qu’une attaque très importante se préparait. Cela s’inscrirait dans la logique de ce que nous avons avancé plus haut, à savoir que le Hamas ne sert pas, en réalité, les intérêts du peuple Palestinien, mais ceux de nations étrangères.
Toutefois, nous invitons le lecteur ou l’auditeur à rester prudent – y crompris en ce qui concerne notre article – sur ce qui relèverait des intentions profondes et du Hamas, dont les influences sont multiples comme nous l’avons vu, et du gouvernement israélien dont le parti en vigueur aujourd’hui, par l’intermédiaire de Netanyahou, est particulièrement belliciste.
Et ce sont justement les intentions du gouvernement actuel israélien que nous souhaiterions questionner dans la suite de cet article.
« Il existe un risque d’une épuration ethnique massive contre les Palestiniens », a alerté Francesca Albanese, une experte des droits de l’homme des Nations unies.
« Il existe un grave danger que ce à quoi nous assistons soit une répétition de la Nakba de 1948 et de la Naksa de 1967, mais à plus grande échelle. La communauté internationale doit tout faire pour empêcher que cela ne se reproduise », a-t-elle déclaré. Elle a noté que des fonctionnaires israéliens ont ouvertement plaidé en faveur d’une nouvelle Nakba.
– Le Point
Israël, d’une promesse biblique à un projet politique
La naissance d’un état juif
La Palestine est originellement la « Terre Promise » par Dieu au peuple juif et dont l’un de leurs châtiments fut d’en être expulsé. C’est donc, avant tout, un projet eschatologique qui sous-tend la création de la nation israélienne en Palestine.
En 1885, Theodor Herzl, fondateur du mouvement sioniste, écrit ainsi dans son journal, à propos du peuple palestinien :
« Nous devons essayer d’attirer la population démunie au-delà des frontières en lui procurant du travail dans les pays de transit et en empêchant qu’elle puisse en trouver chez nous. Le processus d’expropriation et le déplacement des pauvres doivent tous deux être accomplis avec discrétion et circonspection. »
– Benny, Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, p. 35
Lors de la Ière guerre mondiale, des accords sont passés entre la couronne britannique et la communauté juive, très puissante, promettant à celle-ci le territoire palestinien si l’Alliance était amenée à gagner la guerre. C’est la fameuse déclaration Balfour en 1917 :
« Cher Lord Rothschild,
J’ai le grand plaisir de vous transmettre, de la part du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante de sympathie avec les aspirations juives sionistes, qui a été soumise au cabinet et approuvée par lui. Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour les Juifs et fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politique dont les Juifs disposent dans tout autre pays. Je vous serais obligé de porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste. »
– Wikipedia – Arthur James Balfour (Premier ministre du Royaume-Uni et chef du parti conservateur)
L’Empire britannique, probablement pour asseoir sa domination politique ou pour se plier aux injonctions prévues dans la déclaration Balfour, décide de soutenir le sionisme plutôt que l’arabisme (réunification des peuples arabes). De là naissent une série de tensions croissantes entre Juifs et non-Juifs donnant lieu à des grèves, des émeutes, des attentats…
En 1937, David Ben Gourion, futur Premier ministre d’Israël, explique :
« Après la formation d’une armée importante dans le cadre de l’établissement de l’État [juif], nous abolirons la partition et nous nous étendrons à l’ensemble de la Palestine. »
– Le Monde Diplomatique
A ce stade, plusieurs questions semblent émerger. Pourquoi attendre le XXe siècle pour installer les juifs dans ces « Terres Promises » ? Et pourquoi des juifs français, russes, allemands, polonais, enracinés dans ces pays depuis certainement de nombreuses générations, ont-ils accepté de quitter leur patrie pour des terres qu’ils ne connaissaient probablement que de nom ?
D’autant que celles-ci, ayant un caractère « saint », contraignaient à une vie sainte, en plus de devoir vivre dans un climat de tensions au milieu des populations arabes.
L’idéologie sioniste : loin de la paix, près des armes
Les massacres de la Seconde Guerre mondiale ont permis de renforcer l’idée de la création de l’Etat juif et les horreurs qu’ils avaient subies ont peut-être achevé de convaincre les populations juives à l’émigration.
Mais le projet mené par le gouvernement israélien est bien plus profond que cela. En 1951 fut créé le Comité israélien des noms de lieux, destiné à changer la toponymie de la Palestine.
Dans un discours prononcé à l’université Technion (Haifa), le 19 mars 1969, le général Moshe Dayan (1915-1981) prononce ces quelques mots :
« Des villages juifs ont été construits à la place des villages arabes. Vous ne connaissez même pas les noms de ces villages arabes, et je ne vous blâme pas parce que ces livres de géographie n’existent plus. Non seulement les livres n’existent plus, mais les villages arabes ne sont plus là non plus. (…). Il n’y a pas un seul endroit construit dans ce pays qui n’ait eu auparavant une population arabe. »
– Le Monde Diplomatique
Depuis le début du conflit, il semble que l’objectif avoué des sionistes religieux au pouvoir est, non seulement d’occuper l’intégralité de la Palestine sans compromission aucune, mais aussi d’effacer l’histoire des peuples arabes qui l’ont habitée.
Et on touche du doigt ici ce qui nous apparaît comme les fondements idéologiques de l’Irgoun et du Likoud à sa suite, le principal organe politique en Israël actuellement au pouvoir, sous l’égide de Benjamin Netanyahou.
Le sionisme religieux avec, à sa tête, le Likoud, est en effet composé de nombreux personnage haut en couleur, et qui ne mâchent pas leurs mots, c’est le moins que l’on puisse dire.
Dans un entretien au quotidien Haaretz en 1995, Moshe Feiglin, en concurrence avec Netanyahou à la tête du Likoud en 2012, déclarait :
« Hitler était un génie militaire inégalé. Le nazisme a fait passer l’Allemagne d’un bas niveau à un niveau physique et idéologique fantastique. Les jeunes loqueteux ont été transformés en une catégorie propre et ordonnée de la société et l’Allemagne a disposé d’un régime exemplaire, d’un système de justice adéquat et de l’ordre public. Hitler aimait la bonne musique. Il pouvait peindre. Les nazis n’étaient pas une bande de voyous. »
– Le Monde Diplomatique : Khalid Amayreh, « Likud Leader, Moshe Feiglin, Israel’s Emerging Hitler, to Join Parliament », Al-Jazeera, décembre 2008
« Lorsqu’Israël eut achevé de tuer tous les habitants d’Aï dans la campagne, dans le désert, où ils l’avaient poursuivi, et que tous furent entièrement passés au fil de l’épée, tout Israël revint vers Aï et passa tout au fil de l’épée. Il y eut au total douze mille personnes tuées ce jour-là, hommes et femmes, toute la population d’Aï. Josué ne retira point sa main qu’il tenait étendue avec le javelot, jusqu’à ce qu’on eût exterminé tous les habitants d’Aï. »
– Josué 8:24-26
Yossef Ovadia (1920-2013), Grand Rabbin d’Israël, fondateur et guide spirituel du Shass, troisième plus grand parti en Israël déclare :
« Puissent-ils disparaître de la Terre. Puisse Dieu envoyer un fléau aux Palestiniens, ces enfants d’Ismaël, ces vils ennemis d’Israël. »
– Le Courrier International
Nous noterons qu’un projet biblique, relevant donc du mythe, semble suffire à la justification de la colonisation d’un territoire, l’excommunication de ses populations autochtones et l’effacement historique de leurs existences.
Même les conquêtes coloniales les plus terribles, menées par les Anglais et les Espagnols, pâliraient face à une telle entreprise.
Distinguer le sionisme religieux, du peuple juif
Cependant, et comme le montre la vidéo précédente, le sionisme n’est pas un courant faisant l’unanimité au sein de la communauté juive. Au contraire, il soulève beaucoup de questions et suscite de nombreuses contestations.
Une partie des Juifs et des rabbis sont contre le projet sioniste, et ce depuis l’apparition de ce mouvement. Nous pouvons même avancer que le mouvement sioniste est minoritaire, initialement, au sein de la communauté juive.
Or, faire l’histoire de cette contestation relèverait d’un travail de longue haleine que nous n’entreprendrons pas dans cet article, bien assez dense en l’état.
Il nous semble important, malgré tout, de mentionner certains personnages fondateurs du mouvement dont Théodor Herzl, cité plus haut, et Vladimir Jabotinsky, fondateur de la Haganah (1920) qui donnera l’irgoun, puis le Likoud, et ami proche de Bension Netanyahou, père de l’actuel Benjamin Netanyahou.
Jabotinsky nous permet d’ailleurs de faire le lien entre le conflit Israélo-Palestinien et la guerre en Ukraine d’où il est originaire, parce qu’il fut évincé de la communauté juive sioniste révisionniste du fait de son alliance avec les nationalistes intégraux ukrainien combattus par la Russie aujourd’hui.
Au-delà de ces considération historiques, nous nous permettons, tout de même, quelques remarques qui nous semblent relever du bon sens concernant l’idéologie sous-tendant le sionisme religieux. Pour ses fondateurs, être juif dénoterait une double appartenance : à la fois confessionnelle et ethnique. Ce qui expliquerait le caractère tantôt religieux, tantôt politique qui auréole Israël.
Toutefois, nous nous demandons comment serait perçu aujourd’hui, en France, un mouvement catholique ou musulman qui prétendrait à l’édification d’une nation, au nom de la Bible ou du Coran, en plein milieu d’un territoire étranger sur lequel une population est déjà présente.
Il est selon nous inconcevable d’envisager une telle chose, tant il contrevient à la souveraineté et aux aspirations laïques des États occidentaux modernes. Alors pourquoi, dans le cadre d’Israël, cela ne semble choquer personne ?
D’autant qu’au sein des porteurs d’une laïcité française aujourd’hui, certains appartiennent à la communauté juive, et sont ceux-là même qui défendent l’Etat d’Israël. Un état, nous le rappelons encore, à l’opposé des idées libérales, laïques, et cosmopolites communément admises.
Et, même d’un point de vue biblique, cette nation d’Israël en Palestine relèverait presque de l’hérésie, puisque, selon la Bible, le peuple juif doit attendre l’arrivée du messie avant de retourner sur leurs terres, la Palestine.
C’est là le discours d’une grande partie de l’orthodoxie juive dont les débats ont lieu au sein même d’Israël et qui déplore le traitement des Palestiniens. Les contradictions se chevauchent donc les unes les autres, et il est difficile de ne pas voir poindre le nez du fanatisme !
Brèves conclusions…
Dans ce climat nous contraignant aux conjectures, nous invitons donc le lecteur ou l’auditeur à rester éminemment prudent sur le traitement médiatique de ce conflit et sur les informations avancées, y compris les nôtres.
La question palestinienne se trouve au cœur d’enjeux politiques et géostratégiques majeurs et qui concernent aussi bien l’Orient que l’Occident.
Les acteurs y sont donc nombreux, les intérêts divers, ce qui empêche toute lecture trop caricaturale de la situation. Toutefois, nous espérons que les points soulevés amènent la discussion, surtout alors que le paysage politique français se range, en majorité et sans explications, derrière Israël.
Peut-être parce qu’il est dans l’intérêt de nos classes politiques de faire croire aux français qu’il existe également un potentiel Hamas dans leurs banlieues.
Quoi qu’il en soit, il semblerait que la cause Palestinienne, que la gauche porte traditionnellement dans son cœur, a été complètement oubliée par beaucoup de prétendus dissidents de la mascarade covidienne, pour ne laisser place qu’à une peur grandissante, et bien entendu instrumentalisée, de tout ce qui représente l’Islam.
« Selon un rapport coordonné par plusieurs organisations, dont l’ONG palestinienne Al-Haq, l’AFPS et la CGT, cinq groupes bancaires français – BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, BPCE, Axa – gèrent des participations financières ou détiennent des actions auprès de banques et entreprises israéliennes qui contribuent au financement des colonies dans le territoire palestinien occupé, en violation du droit international. Le document souligne également la responsabilité de l’État français. »
– Le Monde Diplomatique : Les Liaisons dangereuses de banques françaises avec la colonisation israélienne, Collectif, CGT, Paris, mars 2017
« Depuis les années 1970, la position de la France [à l’égard de la Palestine], si ambivalente qu’elle soit, mérite grande attention. L’émergence de puissantes voix pro-israéliennes qui cherchent non seulement à étouffer toute parole palestinienne en France et au-dehors, mais aussi à distordre et à dissimuler les événements liés à la lutte, est un élément important de la politique intérieure française qui a transformé le discours public sur la question palestinienne (…) ».
– Le Monde Diplomatique : Joseph A. Massad, La Persistance de la question palestinienne, La Fabrique, Paris, 2009.
Théo.S
Une réponse
Pour quoi le monde juif et le monde musulmans ne sont guère aimés collectivement l’un et l’autre par les Autres ?
Pour une raison similaire : le communautarisme suprémaciste et ses conséquences, avec en sus une « nuance » génocidaire particulièrement marquée tout au long de l’histoire musulmane