🔥 Les essentiels de cette actualité
- L’Allemagne rejette fermement le budget de 2 000 milliards d’euros proposé par von der Leyen, le qualifiant d’« inacceptable » face aux efforts budgétaires nationaux.
- Le budget prévoit une hausse colossale, avec l’Allemagne devant contribuer près de 500 milliards d’euros, un fardeau insupportable en période d’inflation.
- Von der Leyen vante un budget ambitieux, mais Berlin rejette les nouvelles taxes et appelle à repenser les priorités de l’UE.
- Le projet de budget, préparé en secret, provoque un chaos interne à Bruxelles et des résistances parmi les États membres, notamment la Hongrie et la Slovaquie.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a présenté à Bruxelles un budget de 2 000 milliards d’euros sur sept ans, mais l’Allemagne l’a immédiatement jugé « inacceptable » et a exprimé un rejet ferme.
« Une augmentation généralisée du budget de l’UE est inacceptable alors que tous les États membres font des efforts considérables pour assainir leurs budgets nationaux », a déclaré mercredi soir Stefan Kornelius, porte-parole du chancelier Friedrich Merz, à Berlin.
« Nous ne pourrons donc pas accepter la proposition de la Commission. »
La Commission propose un budget central de 1,816 trillion d’euros (hors remboursements des emprunts COVID-19) pour 2028–2034, une hausse colossale par rapport au budget de 2021.
« L’Allemagne, principal contributeur de l’UE, serait redevable d’environ un quart de ces dépenses », note Bloomberg, soit près de 500 milliards d’euros.
Les ambitions de von der Leyen et les nouvelles taxes
Von der Leyen a salué ce budget comme « un budget pour une nouvelle ère, reflétant les ambitions de l’Europe », le décrivant comme « le plus ambitieux de tous les temps : plus stratégique, flexible et transparent ».
Elle promet des investissements dans « l’indépendance et la capacité de réaction » de l’UE.
Pour rembourser la dette post-COVID, estimée à 25–30 milliards d’euros par an, la Commission propose trois nouvelles taxes : sur les déchets électroniques, le tabac et les entreprises à gros revenus.
Berlin a rejeté la taxe sur les sociétés. « Nous ne la soutenons pas », a insisté Kornelius, appelant à maintenir les réformes actuelles et les priorités stratégiques. « Cette direction est la bonne pour renforcer l’Europe », a-t-il ajouté.
La position de Friedrich Merz
Le chancelier conservateur Friedrich Merz reste ferme face aux demandes budgétaires de Bruxelles.
« Nous devons repenser les priorités au sein du budget de l’UE », a-t-il déclaré fin juin.
« De nouvelles responsabilités ne devraient pas automatiquement conduire à plus de dépenses… et c’est là le véritable défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. »
Merz défend une approche fondée sur la rigueur budgétaire, en contraste avec d’autres dirigeants plus conciliants à l’égard des demandes européennes, une position qui trouve un certain écho auprès des contribuables confrontés à l’inflation et aux difficultés économiques.
Le chaos interne à Bruxelles
Préparé en secret pendant des mois par l’équipe de von der Leyen, le projet de budget 2028–2034 a été dissimulé aux autres commissaires, provoquant une résistance interne rare.
Selon le Financial Times, le déploiement a été « horriblement bâclé », exaspérant les collègues de von der Leyen par son style centralisé et son approche de « validation automatique ».
« Je n’ai jamais vu une situation aussi désastreuse », a confié un diplomate d’un État membre, impliqué dans les trois dernières négociations budgétaires. « Personne ne savait ce qu’il recevait ou ce qu’il payait jusqu’à la dernière minute. »
Face à cette fronde, von der Leyen a dû concéder des modifications de dernière minute avant la publication officielle.
Les pays récalcitrants et l’État de droit
La Hongrie a réagi la première. Viktor Orban, sur X, a dénoncé un « pari dangereux » :
« Une fuite choquante révèle que l’Ukraine recevrait un financement massif, tandis que les agriculteurs européens seraient les grands perdants. Ce plan risque de marginaliser l’Europe rurale et de menacer les familles à travers tout le continent. Bruxelles ne doit pas abandonner les agriculteurs européens pour financer l’Ukraine. »
La Slovaquie et la Pologne, aux tendances conservatrices, partagent ces inquiétudes, surtout face aux conditions d’« État de droit » imposées par von der Leyen.
Lors de son premier mandat, elle a gelé des milliards d’euros destinés à la Hongrie et à la Pologne pour « recul démocratique » et « violations persistantes de la loi ».
« L’État de droit est une condition indispensable pour tout financement », a-t-elle déclaré, promettant « des dépenses responsables et une pleine responsabilité, avec des garanties très solides et des incitations adéquates ».
Un gouffre financier pour l’Ukraine et un parcours semé d’embûches
Le budget prévoit 100 milliards d’euros pour l’Ukraine d’ici 2027, une somme ponctionnée sur les contribuables européens alors que les services publics, hôpitaux et écoles manquent de fonds.
Le président Trump a affiché sa volonté de ramener la paix dans le conflit russo-ukrainien, mais ses efforts n’ont rien donné jusqu’ici. La Hongrie et la Slovaquie pourraient peser lourd dans les négociations.
Ce budget doit être approuvé à l’unanimité par les 27 États membres et le Parlement européen, un processus qui s’étalera sur deux ans. Ces procédures kafkaïennes, avec leurs marchandages et vetos, semblent conçues pour enterrer les réformes.
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