À Gaza, l’aide humanitaire est étouffée entre les mensonges d’Israël et la lâcheté complice de l’ONU

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • À Gaza, l’aide humanitaire est bloquée par les accusations croisées entre Israël et l’ONU, laissant les civils dans le besoin.
  • Le COGAT israélien nie les chiffres de l’ONU sur les camions d’aide, accusant l’ONU de mensonges et de complicité avec le Hamas.
  • L’ONU, critiquée pour son inaction, ne parvient pas à imposer un cessez-le-feu ni à distribuer efficacement l’aide.
  • La situation humanitaire se dégrade, menaçant de famine la population de Gaza, tandis que la communauté internationale reste passive.

Alors que la bande de Gaza sombre chaque jour davantage dans le chaos, les querelles stériles entre Israël et l’ONU prennent une tournure aussi absurde que cynique. La Coordination des Activités Gouvernementales dans les Territoires (COGAT), organe israélien relevant du ministère de la Défense, a une nouvelle fois accusé un responsable onusien de diffuser des « mensonges flagrants ».

Cette fois, c’est Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, qui est dans le viseur.

La raison ? Une déclaration affirmant que 10 000 camions d’aide humanitaire seraient en attente d’entrée à Gaza.

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Le COGAT s’est empressé de répondre sur X :

« Arrêtons ces mensonges et accusations – travaillons ensemble pour garantir que l’aide parvienne aux civils, pas au Hamas. »

Une rhétorique déjà vue, déjà entendue. Et surtout, une rhétorique creuse. Car derrière les accusations croisées, une vérité plus amère se dessine : ni Israël, ni l’ONU ne semblent sincèrement engagés à faire parvenir l’aide à ceux qui en ont désespérément besoin.

Stéphane Dujarric

Guerre de chiffres et guerre des récits

Depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza en octobre 2023, la situation humanitaire s’est rapidement détériorée. Les infrastructures ont été pulvérisées, les hôpitaux sont à genoux, et la famine menace désormais directement une partie de la population civile.

C’est dans ce contexte que Stéphane Dujarric a avancé le chiffre de 10 000 camions « prêts à entrer ». Or, selon le COGAT, ces chiffres sont faux. Le coordinateur israélien a affirmé que ce sont plusieurs centaines de camions, déjà présents à Gaza, qui n’ont pas été récupérés par les agences humanitaires onusiennes.

« Cessons de nous concentrer sur l’aide qui pourrait être en cours d’acheminement et commençons à collecter le contenu des 550 camions qui vous attendent déjà à Gaza […] Depuis une semaine, nous vous proposons des itinéraires alternatifs pour faciliter la collecte. Ces zones sont en proie à des activités militaires actives, et la coordination est nécessaire à votre sécurité. » – COGAT

Mais là encore, le récit israélien ne tient pas. D’une part, ces « itinéraires sécurisés » traversent souvent des zones actives de combats. D’autre part, l’armée israélienne a elle-même bombardé à plusieurs reprises des convois humanitaires, y compris ceux de l’UNRWA et du Croissant-Rouge. Le mythe d’une coopération israélienne sincère avec les ONG humanitaires ne résiste pas aux faits.

L’ONU, impuissante ou complice ?

Pour autant, l’ONU n’est pas exempte de critiques. Depuis le début de cette guerre, l’organisation internationale fait preuve d’une mollesse coupable. Elle multiplie les déclarations alarmantes, parle de famine imminente, de génocide potentiel, mais sur le terrain, l’action reste bloquée. Par bureaucratie ? Par peur d’Israël ? Ou par simple calcul géopolitique ?

La passivité onusienne confine à la complicité. Non seulement l’ONU n’arrive pas à imposer un cessez-le-feu durable, mais elle semble incapable de remettre en question le contrôle absolu qu’exerce Israël sur les points de passage de l’aide. Même lorsque des camions passent le point de Kerem Shalom, comme c’est actuellement le cas, ils restent bloqués du côté gazaoui, car l’ONU rechigne à prendre le risque de les distribuer sans feu vert sécuritaire d’Israël.

Résultat : des tonnes de nourriture, d’eau, de matériel médical, pourrissent à quelques kilomètres des familles affamées.

secrétaire général de l'ONU, António Guterres

Une aide devenue arme politique

L’aide humanitaire à Gaza est devenue une arme géopolitique. Chaque acteur l’instrumentalise pour se dédouaner ou accuser l’autre. Israël accuse l’ONU de collaborer avec le Hamas ; l’ONU accuse Israël de bloquer les passages ; les États-Unis plaident pour des pauses humanitaires tout en continuant à armer Tsahal ; l’Europe, comme à son habitude, gémit en silence.

Ce jeu de dupes ne laisse qu’un seul perdant : le peuple palestinien.

Les civils pris au piège paient au prix fort cette guerre de récits. Et pendant que les bureaucrates de Tel-Aviv et de New York se renvoient la balle, les enfants meurent de soif dans les ruines de Rafah.

Convoi-Aide humanitaire-Bande de Gaza-Égypte-Otages

Gaza s’enlise, la communauté internationale détourne le regard

La situation actuelle n’est pas seulement le fruit du conflit militaire. Elle résulte aussi d’un abandon global.

Après plus de 50 000 morts selon les derniers chiffres palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, les institutions internationales se contentent d’appeler à la « retenue ». Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est montré incapable d’exiger un cessez-le-feu contraignant. La Cour internationale de justice a rendu une décision sur le risque de génocide, sans effet concret.

Israël, de son côté, continue de bombarder sans relâche. À Rafah, plus d’un million de déplacés vivent dans des conditions inhumaines. Et à chaque critique, le gouvernement Netanyahou brandit la carte de l’antisémitisme ou accuse l’ONU d’ingérence.

Netanyahou

Les masques tombent

Ce nouvel échange acerbe entre le COGAT et l’ONU révèle ce que beaucoup refusaient encore d’admettre : ni Israël ni l’ONU ne cherchent réellement à soulager la souffrance des Gazaouis. Chacun utilise l’aide comme levier, comme prétexte, comme outil de propagande. Et pendant ce temps, les camions d’aide restent bloqués. Non pas à cause de logistiques impossibles, mais parce qu’ils sont pris dans une guerre de communication.

À force de mensonges, de demi-vérités et de manipulations, les deux camps se rendent coupables de non-assistance à population en danger. Gaza n’a pas besoin de plus de communiqués.

Gaza a besoin de corridors ouverts, de cessez-le-feu, et d’un véritable engagement international pour briser le cycle de la punition collective. Voilà la seule vérité qui mérite qu’on se batte pour elle.

IMPORTANT - À lire

Derrière les querelles stériles entre Israël et l'ONU, une vérité amère se dessine : l'aide humanitaire à Gaza est devenue une arme géopolitique. Chaque acteur l'instrumentalise pendant que les civils paient le prix fort. Notre revue approfondit chaque mois ces enjeux complexes.

Pour aller plus loin que les communiqués et la guerre des récits, plongez dans nos analyses détaillées sur la situation à Gaza et ses répercussions internationales. Abonnez-vous à notre revue papier et accédez à une information de qualité, loin des manipulations et des non-dits.


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