À Taybeh, les colons israéliens menacent 4500 ans d’histoire chrétienne en Cisjordanie

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🔥 Les essentiels de cette actualité

  • À Taybeh, 4500 ans d’histoire chrétienne menacés par les attaques de colons israéliens, forçant des familles à fuir.
  • Les avant-postes illégaux asphyxient économiquement la ville, anéantissant les terres agricoles vitales.
  • Les forces israéliennes restent passives, révélant une justice à deux vitesses en Cisjordanie.
  • Le patrimoine de Taybeh, lieu de pèlerinage, est en péril face à une stratégie d’étouffement économique.

À quinze kilomètres de Jérusalem, Taybeh, une ville chrétienne palestinienne vieille de 4500 ans, vit des heures sombres.

Mentionnée dans l’Évangile de Jean comme Éphraïm, où Jésus s’est réfugié avant sa Passion, cette communauté historique est aujourd’hui menacée par des attaques répétées de colons israéliens.

Selon le père Bashar Fawadleh, curé de l’église du Christ Rédempteur, « la ville n’est plus sûre ». Depuis octobre dernier, plus de dix familles ont fui face à la violence et au harcèlement incessant des colons, qui installent des avant-postes illégales pour s’approprier les terres palestiniennes.

Les avant-postes, souvent des tentes ou des vans perchés sur des collines, servent à annexer des terres, parfois légalisées rétroactivement par les autorités israéliennes.

À Taybeh, un avant-poste s’est établie sur 1600 des 2200 hectares de terres agricoles, asphyxiant économiquement les habitants. Les forces de sécurité, qui contrôlent la Cisjordanie, restent passives face aux exactions, n’intervenant qu’en cas de riposte palestinienne, révélant une justice à deux vitesses.

Taybeh

4500 ans d’histoire sous menace

Fondée par les Cananéens entre 2500 et 2900 av. J.-C., Taybeh abrite trois communautés chrétiennes: grecque orthodoxe, catholique romaine, et grecque melkite catholique, vivante en harmonie.

Avec ses maisons blanchies à la chaux, l’église Saint-Georges du IVe siècle et les ruines d’un château croisé, la ville tenue des pèlerins chrétiens du monde entier. Mais ce patrimoine est en péril.

« On ne vit plus dans la paix, mais dans la peur et l’encerclement quotidien », confie le père Fawadleh à l’agence ACI MENA.

Les colons ciblent les terres agricoles vitales de Taybeh, où les familles cultivent des oliviers, des céréales, et élèvent volailles et moutons.

Pour la deuxième année consécutive, les paysans n’ont pu accéder à leurs oliveraies près de la colonie de Rimmonim, bâtie sur des terres confisquées.

Vingt familles ont été agressées physiquement en tentant de récolter leurs olives, qui ont été volées ou laissées à pourrir.

Taybeh

Des exactions documentées, une indifférence globale

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, confirmées par la BBC pour une attaque survenue mercredi, montrent la violence des colons : incendies de cultures, vols de matériel agricole, et bétail lâché pour dévorer les récoltes.

Ces actes, rapportés par l’Agence catholique de presse, s’inscrivent dans une campagne systématique de dépossession. Un avant-poste, établie sur les ruines d’une ferme abandonnée par des chrétiens ayant fui il y a un an, sert à revendiquer toujours plus de terres palestiniennes.

L’inaction des forces israéliennes est révoltante. Censées maintenir l’ordre, elles tolèrent les provocations des colons et n’interviennent que pour réprimer les Palestiniens qui se défendent.

Chrétiens et musulmans subissent les mêmes injustices en tant que non-juifs en Cisjordanie, un apartheid de fait que les médias internationaux occultent trop souvent.

Les forces israéliennes font exploser et incendient des maisons dans les villes d'Aita al-Shaab, Markaba, Kfar Kila et Taybeh, au sud du Liban.

Une communauté chrétienne abandonnée

Taybeh incarne le genre des Palestiniens dépossédés de leurs terres et de leur dignité. L’indifférence des gouvernements occidentaux aggrave cette tragédie.

En France, sous Macron, le discours sur les droits humains sonne creux face au silence sur les chrétiens de Terre sainte, chassés par la violence coloniale. Une hypocrisie qui alimente un exode forcé, où des familles abandonnent leur patrimoine pour survivre, un drame migratoire que l’Occident refuse de voir.

En 2014, le sénateur américain Ted Cruz, fervent soutien d’Israël, fut hué lors d’un gala d’In Defence of Christians pour avoir nié la souffrance des chrétiens palestiniens. « Ceux qui haïssent Israël haïssent l’Amérique », avait-il déclaré, provoquant la colère de l’audience.

Les groupes comme Christians United for Israel, qui ignorent la réalité des chrétiens de Taybeh, trahissent les valeurs qu’ils prétendent défendre.

https://twitter.com/OeuvredOrient/status/1938254323672027644

Un patrimoine en péril

Taybeh, avec ses oliviers centenaires et son héritage biblique, risque de perdre son statut de destination spirituelle.

Les colons, en s’appropriant les terres agricoles, ne volent pas seulement des ressources : ils effacent une histoire millénaire. Combien de temps les églises de Taybeh résisteront-elles à cette pression ?

Alors que les tensions régionales s’intensifient, cette communauté chrétienne, laissée à l’abandon, symbolise le genre des minorités prises dans l’étau des conflits géopolitiques.

Les Palestiniens de Taybeh, chrétiens comme musulmans, méritent que leur voix soit entendue. Sans une prise de conscience internationale, ce pan de l’histoire sainte risque de disparaître dans l’indifférence, au profit d’une colonisation rampante qui ne connaît ni foi ni justice.

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