🔥 Les essentiels de cette actualité
- Après une attaque à la grenade blessant deux humanitaires américains à Gaza, Netanyahou accuse le Hamas et qualifie l’incident de « terroriste ».
- Le Global Humanitarian Fund (GHF), soutenu par les États-Unis et Israël, distribue de l’aide alimentaire sous haute sécurité, écartant les acteurs neutres.
- Plus de 500 morts près des sites de distribution du GHF à Rafah, une stratégie de Netanyahou pour saboter le cessez-le-feu ?
Samedi dernier, après qu’une attaque à la grenade a blessé deux travailleurs humanitaires américains dans le sud de Gaza, Netanyahou s’est empressé de qualifier cette attaque de « terroriste », imputant la responsabilité au Hamas.
Les deux victimes, employées par le Global Humanitarian Fund (GHF) — une organisation soutenue par les États-Unis et Israël — distribuaient de l’aide alimentaire au moment de l’explosion.
Le GHF a rapporté que les grenades utilisées étaient équipées de roulements à billes, un dispositif conçu pour infliger un maximum de dégâts humains.
L’exploitation politique
Le Premier ministre israélien n’a pas raté l’occasion.
Dans un communiqué, il a lancé un appel solennel à la communauté internationale :
« Le monde entier doit se lever et condamner ce grave incident, qui révèle une fois de plus la brutalité du Hamas. Les Nations Unies doivent cesser de s’opposer aux activités de la fondation et travailler en partenariat avec elle pour garantir qu’elle puisse poursuivre sa mission en toute sécurité au bénéfice des habitants de Gaza. »
Il a ensuite souhaité un prompt rétablissement au personnel de la fondation et a félicité les équipes du GHF, affirmant qu’elles « faisaient un travail important », avant de remercier Donald Trump pour son soutien.
Un message calibré, qui mêle condamnation morale, pression diplomatique et glorification d’une organisation alliée — sans qu’aucune preuve formelle n’ait encore été rendue publique.
Une rhétorique bien rodée
Côté américain, la réaction a été tout aussi directe : la porte-parole du Département d’État, Tammy Bruce, a dénoncé un acte qui, selon elle, « met à nu la dépravation » du Hamas.
Sur les réseaux sociaux, elle a salué le travail du GHF, évoquant les « 62 millions de repas distribués » et assurant que « rien n’arrêtera ces courageux travailleurs humanitaires ».
De son côté, l’armée israélienne a déclaré que des « groupes terroristes de Gaza » avaient attaqué un site de distribution à Rafah, sans nommer explicitement le Hamas, tout en condamnant un acte mettant en danger des civils encore présents sur place.
Le GHF, dans un communiqué, a décrit l’attaque comme une « action hostile du Hamas » et affirmé qu’elle avait eu lieu à l’issue d’une distribution « réussie » ayant permis de fournir de la nourriture à des milliers de Gazaouis.
Le GHF, une ONG pas comme les autres
Sous ses airs d’organisation humanitaire, le Global Humanitarian Fund opère selon des méthodes très éloignées des standards habituels.
Dès ses débuts à Gaza, l’organisation a préféré s’affranchir des canaux traditionnels d’aide : sécurité privée, logistique militarisée et sous-traitants américains armés pour sécuriser les distributions.
Le message est clair : le GHF avance seul, avec le soutien explicite de Washington et de Tel-Aviv.
Si officiellement, il s’agit de garantir l’efficacité, officieusement, c’est une manière de reprendre le contrôle de l’aide humanitaire en écartant les acteurs jugés « trop neutres » ou critiques de la politique israélienne.
L’organisation affirme avoir livré de l’aide à des millions de Gazaouis là où d’autres ONG ont vu leurs convois pillés ou bloqués. Une réussite logistique, peut-être. Mais à quel prix ?
Rafah : l’enfer au nom de l’aide
Depuis mai, les livraisons du GHF sont devenues un point chaud dans la bande de Gaza.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme affirme que plus de 500 personnes ont été tuées dans les zones proches des sites de distribution du GHF — un chiffre que personne n’assume pleinement.
Israël accuse le Hamas d’avoir ciblé des civils ou manipulé les bilans.
L’armée israélienne, de son côté, a fini par reconnaître que plusieurs Palestiniens avaient été tués près des centres de distribution… tout en assurant avoir tiré des « leçons » et modifié ses ordres.
Une manœuvre pour faire échouer le cessez-le-feu ?
Connaissant la stratégie habituelle de Netanyahou, il ne serait pas surprenant que cette attaque serve de prétexte pour faire échouer les discussions déjà en cours sur un cessez-le-feu.
Alors que le Hamas a clairement annoncé vendredi soir, sous la médiation de l’Égypte et du Qatar, sa volonté d’engager immédiatement des négociations, le silence persistant de Netanyahou interpelle.
Plutôt que de saisir cette opportunité pour avancer vers une désescalade, il choisit de mettre en avant cet incident pour justifier la poursuite des opérations militaires.
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