Bayrou : un parcours semé d’interventions judiciaires douteuses

François Bayrou propose un référendum sur les finances publiques : une initiative choc qui divise et agite la scène politique française. François Bayrou propose un référendum sur les finances publiques : une initiative choc qui divise et agite la scène politique française.

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • François Bayrou, impliqué dans plusieurs affaires judiciaires douteuses, dont l’appel à une juge en 2017.
  • Interventions directes pour protéger un prêtre pédophile et pressions sur des magistrats révélées.
  • Des preuves accablantes montrent des contacts personnels avec une juge, soulevant des questions sur l’influence politique.
  • Bayrou, relaxé en première instance, mais son parcours judiciaire loin d’être terminé avec un procès en appel à venir.

Après Bétharram, on découvre que le premier ministre avait aussi appelé en 2017 la juge qui enquêtait sur le scandale des assistants MoDem – affaire dans laquelle il était directement impliqué! La magistrate, prudente, a consigné cet appel dans le dossier d’instruction. Une pratique pour le moins douteuse qui soulève des questions sur l’influence du pouvoir dans les affaires judiciaires.

« Jamais, pas une seule fois de ma vie, de toute ma vie politique, je ne suis intervenu dans une affaire judiciaire. » C’est ce qu’a déclaré François Bayrou lors de son passage à Coulommiers pour l’inauguration de la Foire aux fromages et aux vins le vendredi 11 avril. Une affirmation qui fait doucement sourire quand on connaît les coulisses du pouvoir…

Le premier ministre, tout occupé à couper des rubans entre deux dégustations de brie, s’est fendu d’une défense un peu trop véhémente pour être honnête. On le sent nerveux, presque agacé par les questions qui fâchent.

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« Les juges et les gendarmes, vous savez, ça se trompe comme les autres », a-t-il lâché dans la foulée. Une petite phrase qui en dit long sur sa vision de la justice. Comme si notre premier ministre cherchait déjà à préparer le terrain pour de futures « erreurs judiciaires » qui pourraient toucher ses proches – ou lui-même.

Entre deux verres de vin et quelques sourires forcés devant les caméras, Bayrou nous ressert donc la vieille rengaine de l’indépendance totale entre pouvoir exécutif et judiciaire. Mais qui peut encore croire à cette fable dans la France de 2024 ? Certainement pas les Français ordinaires qui, eux, ne bénéficient pas des mêmes égards quand ils se retrouvent face à la justice.

François Bayrou

Les révélations sur l’affaire Notre-Dame-de-Bétharram

L’affaire Notre-Dame-de-Bétharram refait surface. Quelques jours avant d’être nommé Premier ministre, François Bayrou a été nommément mis en cause dans une sombre histoire de protection d’un prêtre pédophile. Le juge Christian Mirande a révélé sans détour que Bayrou s’était pointé à son domicile personnel, alors qu’il cumulait les fonctions de député et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques.

C’est devant la commission d’enquête sur les violences scolaires que la bombe a explosé. Le juge et le gendarme Alain Hontangs ont juré sur l’honneur que Bayrou avait tenté d’influencer la procédure contre le père Carricart, accusé de viols sur des élèves en 1998. Ce directeur de Notre-Dame-de-Bétharram aurait bénéficié d’une intervention directe de Bayrou.

Le témoignage du gendarme est accablant : selon lui, Bayrou aurait contacté le procureur général pour retarder la présentation du prêtre au juge. Encore un exemple d’ingérence politique dans une affaire judiciaire ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le nouveau Premier ministre devra s’expliquer le 14 mai face à cette même commission.

Difficile de ne pas voir dans cet épisode un nouveau chapitre de la protection des élites entre elles. Une chose est sûre : nos dirigeants politiques sont prompts à défendre les leurs, moins à protéger nos enfants. Le timing de ces révélations, juste avant la nomination de Bayrou à Matignon, laisse songeur sur la façon dont nos institutions fonctionnent vraiment.

Les pressions sur la justice

Ces infos qui nous viennent sur François Bayrou font froid dans le dos. Le patron du MoDem aurait fait pression sur des magistrats alors même qu’une affaire judiciaire était en cours. Pas étonnant quand on connaît les antécédents du bonhomme !

Le même Bayrou est empêtré depuis des années dans un autre scandale, celui des assistants parlementaires européens de son parti. Une histoire d’emplois fictifs qui pue à plein nez. Ce parti qu’il a créé et dirige d’une main de fer depuis 2007.

On s’étonne encore que nos élites se croient au-dessus des lois qu’ils nous imposent. Comme d’habitude, deux poids, deux mesures : nous devons obéir au doigt et à l’œil, tandis que ces messieurs-dames se permettent d’appeler les juges quand ils sont dans la panade.

Je vous le dis franchement, entre les pressions présumées sur la justice et les soupçons d’emplois fictifs, ça commence à faire beaucoup pour celui qui nous jouait la partition du « Monsieur Propre » de la politique française. Mais bon, les Français ont l’habitude maintenant : nos politiciens nous prennent vraiment pour des idiots.

La vraie question qu’on devrait se poser : combien de temps Bayrou va-t-il encore s’en tirer sans réelles conséquences ? La justice à deux vitesses, on connaît le refrain par cœur.

Corruption

Les preuves des interférences

Des documents dévoilés par Le Monde prouvent que François Bayrou a bel et bien téléphoné directement à Charlotte Bilger, juge d’instruction chargée de l’affaire des assistants parlementaires du MoDem. L’appel, passé sur le portable personnel de la magistrate le 18 octobre 2017, survenait après une perquisition au siège du parti qui avait fait l’objet d’articles dans la presse.

Visiblement agacé par ces fuites médiatiques, le patron du MoDem n’en est pas resté là. Dès le lendemain matin, il envoyait un SMS à la juge – toujours sur son téléphone personnel – pour réclamer qu’un « témoin accrédité » (son informaticien) assiste à l’ouverture des scellés informatiques.

Cette manœuvre, sans être techniquement illégale, a suffisamment interpellé la magistrate pour qu’elle verse au dossier d’instruction des documents relatant ces échanges inhabituels. C’est pas tous les jours qu’un politique de premier plan contacte directement un juge sur son téléphone perso !

Le Monde confirme ainsi les révélations du Canard enchaîné qui avait évoqué ces faits dès 2019. À croire que nos élites s’imaginent au-dessus des procédures judiciaires standard… Contacté à ce sujet, l’entourage de François Bayrou n’a pas daigné répondre aux questions des journalistes.

Le numéro de la juge dans la poche de Bayrou : encore un passe-droit pour nos élites ?

C’est une histoire qui en dit long sur les petits arrangements entre amis au sommet de l’État. François Bayrou a réussi à obtenir le numéro personnel de la juge pendant sa propre perquisition ! Et qui le lui a filé ? Un ponte de l’Office central de lutte contre la corruption. Rien que ça.

Quand la magistrate a découvert le pot aux roses, elle a exigé des explications. Le haut gradé n’a pu que s’écraser dans un mail plein de remords, aujourd’hui versé au dossier : « J’y ai repensé tardivement dans la nuit (…), je suis vraiment confus, je me suis laissé happer par le personnage. »

Les Français ordinaires doivent se plier aux règles, mais nos politiciens, eux, semblent toujours bénéficier d’un traitement de faveur. Ce flic anticorruption qui craque devant Bayrou comme un fan devant une célébrité… franchement, on croit rêver ! Pendant qu’on nous bassine avec la séparation des pouvoirs et l’égalité devant la loi, nos élites continuent leurs magouilles en coulisses.

Combien d’affaires de ce genre restent dans l’ombre ? Ce n’est sans doute que la partie émergée de l’iceberg des passe-droits dont profitent nos dirigeants, tous bords confondus.

🚨🇫🇷 RÉCAP | Les affaires/accusations judiciaires du nouveau gouvernement Bayrou : – François Bayrou : jugé en appel pour détournement de fonds 🇪🇺 (relaxé en 1ère, parti condamné). – Rachida Dati : procès requis pour corruption et trafic d’influence au Parlement 🇪🇺 – Aurore

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Bayrou face à la justice

L’affaire du MoDem révèle encore la conception toute personnelle que Bayrou se fait de la justice. Dans un interrogatoire que Le Monde a pu consulter, le chef centriste ne cache pas sa frustration. Lorsqu’il comparaît pour sa mise en examen le 6 décembre 2019, Bayrou se plaint ouvertement aux magistrats. Il trouve inadmissible d’avoir découvert dans les journaux l’enquête préliminaire sur les assistants des eurodéputés de son parti, alors qu’il occupait déjà le poste de garde des Sceaux depuis près de trois semaines.

« La vérité, [c’est que] j’aurais dû en être informé avant (…). La règle d’usage est que le nouveau garde des sceaux soit informé, même sous la forme la plus succincte, de procédures de cet ordre, » ose-t-il déclarer sans ciller.

Voilà qui rappelle furieusement ces élites qui s’imaginent au-dessus des lois qu’ils imposent pourtant au reste des Français.

marteau de juge

La justice à deux vitesses

Ces mêmes politiciens qui nous font la morale sur le respect des institutions n’hésiteraient pas une seconde à les saboter pour sauver leurs peaux. Combien d’autres enquêtes ont-elles été compromises par ce genre de comportement?

Bayrou a été relaxé en première instance en février dernier, mais ses ennuis judiciaires sont loin d’être terminés. Si le premier ministre a échappé aux sanctions, son entourage n’a pas eu cette chance : la majorité des autres accusés ont écopé de condamnations, tout comme les partis qu’il dirigeait – l’UDF et le MoDem.

Et qu’on ne s’y trompe pas : notre nouveau chef du gouvernement n’en a pas fini avec cette histoire d’emplois fictifs. Il devra retourner devant les juges lors d’un procès en appel, dont la date reste mystérieusement indéterminée. Encore un politique qui va s’en tirer à bon compte, pendant que le français moyen croule sous les amendes pour un simple excès de vitesse?

Une justice à deux vitesses qui semble toujours protéger les mêmes… À croire que certains dossiers judiciaires avancent au rythme qui arrange le mieux nos dirigeants. Pratique, quand on vient d’être nommé à Matignon.

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