Budget 2026 : Macron et son gouvernement veulent faire passer en secret un plan pour faire payer davantage les assurés sociaux avant le vote de confiance

Sans attendre le vote de confiance des députés, le gouvernement veut imposer ses mesures austéritaires dans le dos du Parlement et s’apprête à alourdir le reste à charge des assurés pour faire des économies sur l’assurance-maladie Sans attendre le vote de confiance des députés, le gouvernement veut imposer ses mesures austéritaires dans le dos du Parlement et s’apprête à alourdir le reste à charge des assurés pour faire des économies sur l’assurance-maladie

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Le gouvernement Macron accélère en secret des décrets pour doubler le reste à charge des franchise médicales, impactant les plus fragiles. Découvrez les détails choquants.
  • Les projets de budget prévoient des coupes massives de 5,5 milliards d’euros dans la Sécu d’ici 2026, incluant la fin de la prise en charge à 100 % des affections longue durée. En savoir plus.
  • Les syndicats dénoncent le mépris macronien et appellent à une mobilisation le 18 septembre contre ces mesures d’austérité. Lisez leurs réactions.

Le petit jeu malsain des mandarins de Bercy s’accélère. En catimini, l’équipe de Macron a convoqué en catastrophe le conseil de la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) le jeudi 4 septembre.

Sans broncher, ces hauts fonctionnaires vont devoir avaler trois projets de décret préparés dans l’ombre que le gouvernement veut faire passer avant le vote de confiance le 8 septembre.

Pourquoi tant de précipitation ? Tout simplement parce que ces textes cachent un nouveau prélèvement pour les Français : le doublement pur et simple du reste à charge sur les franchises médicales.

Cette nouvelle ponction sur la santé montre que les dirigeants puisent dans la poche des plus fragiles plutôt que de remettre en question leurs privilèges.

Le mépris macronien

C’est une nouvelle démonstration du mépris macronien. La patronne de la CGT, Sophie Binet, n’a pas mâché ses mots dans les colonnes de l’Humanité :

« C’est une provocation. La seule stratégie d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements, c’est le passage en force. Que l’exécutif arrête de nous parler de démocratie et d’un prétendu dialogue social, tout en agissant de la sorte. »

On reconnaît là les méthodes d’un pouvoir qui, depuis sept ans, impose ses réformes à coups de 49.3 et autres artifices constitutionnels. Quand l’Élysée parle de « concertation », les syndicats et le peuple traduisent par « on fera comme on a décidé ».

Le « dialogue social » vanté par Macron est présenté comme une façade, un rideau de fumée pour dissimuler une politique menée au bénéfice des plus fortunés.

Sophie Binet

Les coupes dans la Sécu

Dans les projets de budgets concoctés par le Haut-Commissaire au Plan, les coupes sont massives : 5,5 milliards d’euros vont disparaître des caisses de la Sécurité sociale d’ici 2026. Parmi les mesures les plus inquiétantes figure la fin de la prise en charge à 100 % des soins pour les affections longue durée.

L’Humanité s’est procuré trois projets de décret qui confirment cette logique d’austérité brutale.

Pendant que le Parlement débat encore du sort politique de Bayrou, l’exécutif avance discrètement. Ces textes prévoient de doubler le reste à charge minimum sur chaque consultation ou acte médical, qui passerait de 2 à 4 euros. Le plafond grimperait lui de 3 à 5 euros.

Une hausse qui peut sembler modeste pour certains, mais qui touchera les plus fragiles.

Après nous avoir expliqué qu’il fallait « se serrer la ceinture », voilà comment le pouvoir compte équilibrer ses comptes.

Les nouvelles ponctions sur les soins

Un second décret envisage de doubler le nombre maximum de participations forfaitaires par assuré, passant de 25 à 50 par an, et le montant maximum de 50 à 100 euros. Le plafond annuel va donc augmenter.

En parallèle, le dernier texte concocté dans les bureaux feutrés de l’exécutif prévoit de multiplier par deux les franchises médicales : de 1 à 2 euros pour chaque boîte de médicaments achetée, de 1 à 2 euros pour les actes paramédicaux (avec une limite journalière de 8 euros), et de 4 à 8 euros pour les transports sanitaires.

Ces mesures toucheront particulièrement les malades chroniques et les personnes les plus fragiles.

« Les deux premières dispositions seraient applicables deux mois après la parution du décret, la troisième au 1er janvier 2026 », alerte Denis Gavrouil de la CGT.

En 2024, la participation forfaitaire pour une simple visite chez le médecin avait été multipliée par deux. Sans oublier les franchises sur les médicaments, passées de 50 centimes à 1 euro.

La pression politique de Bayrou

Le 15 juillet, François Bayrou avait affirmé :

« La santé ne peut pas être un marché sur lequel les consommateurs peuvent être sans frein. »

Au lendemain de l’annonce du vote de confiance des députés – le Premier ministre a parlé de « changement de cap » devant la CFDT. Il a même regretté que « le fonctionnement des régimes sociaux ait été en partie étatisé », comme si l’État n’était pas responsable de cette mainmise.

Bayrou a également déclaré que « les Français influenceront leurs représentants pour savoir s’ils se placent du côté du chaos ou de la responsabilité ».

Dans le même temps, l’exécutif prépare ses décisions dans l’ombre de Bercy, alors qu’une partie des Français renonce aujourd’hui à des soins ou équipements médicaux, souvent pour des raisons financières (37 % selon l’IFOP).

La ministre Vautrin a exprimé sa position sur le financement du système en déclarant :

« Il faut arrêter avec cette idée que l’assurance-maladie, c’est gratuit, j’y ai droit. »

Ce système solidaire, pilier du modèle social, a été construit sur les sacrifices de générations entières. Pour les ministres, les droits sociaux peuvent être perçus comme des privilèges accordés par l’État.

Mme Vautrin a présenté publiquement la stratégie du gouvernement : préparer psychologiquement à de nouvelles restrictions d’accès aux soins.

Catherine Vautrin

Les positions syndicales

Les syndicats ont exprimé leur opposition à ces mesures et ont demandé le report de l’examen des décrets après le vote de confiance du 8 septembre. Mais le gouvernement est décidé à faire passer les textes avant que sa légitimité ne soit questionnée.

Denis Gavrouil le confirme :

« D’abord, le plan du gouvernement était de glisser ces mesures en douce pendant les vacances, le 26 août. Puis changement de programme : réunion exceptionnelle le 4 septembre, mais en visio seulement. Pourtant, une vraie rencontre avec Yannick Neuder, le ministre de la Santé, était déjà calée pour le 11 septembre. »

Par ailleurs, Fabrice Gombert, président de la Cnam, a envoyé le 29 août un courrier à Catherine Vautrin pour demander que l’examen des textes soit reporté :

« Je souhaiterais que sur un sujet aussi sensible politiquement et structurant pour l’accès aux soins, l’examen de ces textes puisse être reporté, et ce d’autant plus que le Conseil considère que ces sujets auraient dû, dès le départ, être intégrés au débat parlementaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. »

Le gouvernement dispose toutefois de la possibilité de doubler les franchises médicales sans consulter les députés ni la Cnam.

La centrale syndicale et plusieurs organisations (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) ont annoncé une mobilisation le 18 septembre contre les mesures prévues pour 2026.

Sophie Binet a déclaré :

« Il faudra s’attendre à une mobilisation dans la durée. »

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