🔥 Les essentiels de cette actualité
- La ministre Elisabeth Borne contredit Philippe Baptiste sur l’« islamo-gauchisme » dans les facs. Un débat qui divise et interroge sur la réalité de ce courant.
- Borne accuse LFI de « banaliser l’islamisme radical » et de courtiser l’électorat musulman. Une attaque frontale qui vise à dénoncer l’instrumentalisation politique.
- La droite s’insurge contre le déni de Baptiste, voyant dans les universités des « champs de bataille idéologiques ». Une position ferme face à un fléau perçu.
- Pendant ce temps, les problèmes éducatifs persistent, « nos enfants désapprennent à lire et écrire ». Un contraste saisissant avec les débats identitaires au sommet de l’État.
Le 13 juillet, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a recadré son collègue de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, sur la question de l’« islamo-gauchisme ».
Ce dernier avait affirmé sur LCP que cette notion « n’existe pas » en tant que concept universitaire, ajoutant qu’elle « n’est même pas bien définie ».
Une position sèchement corrigée par Borne au micro de Radio J :
« Ce courant existe bien dans notre société, et donc forcément dans les facs », tout en reconnaissant que « ce terme n’existe même pas comme concept universitaire. »
Cette contradiction témoigne des tensions persistantes autour de ce sujet polémique, qui cristallise les divisions au sein du gouvernement et dans le débat public.n.
La technocratie face au réel
Encore un responsable politique qui refuse de nommer les choses.
Ce mépris intellectuel rappelle ces moments où nos élites nous expliquent, la bouche en cœur, que nos problèmes quotidiens seraient imaginaires.
Le discours de Baptiste illustre cette posture technocratique : tout ce qui ne passe pas par une grille académique bien proprement définie serait sans existence.
Mais sur le terrain, les témoignages se multiplient. Enseignants mis à l’écart, étudiants intimidés pour leurs opinions, censure idéologique rampante : faudrait-il que cela entre dans un manuel pour devenir réel aux yeux de certains ?
Une diversion politique bien rodée
Elisabeth Borne s’est attaquée frontalement aux « islamo-gauchistes » :
« Ces gens d’extrême gauche qui considèrent que les musulmans sont une force électorale, qu’ils courtisent en encourageant le communautarisme et en banalisant l’islamisme radical. ».
Une définition commode, calibrée pour parler à une partie de son électorat.
Mais au-delà des mots, le timing interroge. Alors que le pays est englué dans des crises économiques, sociales et éducatives, le gouvernement choisit de remettre cette question identitaire sur la table.
LFI, cible idéale
La charge de Borne ne s’arrête pas là :
« Il y a à la fois des personnalités et des partis politiques, je pense notamment à LFI, qui portent une idéologie d’extrême gauche qui instrumentalise l’islam, banalise l’islamisme radical, et encourage le communautarisme. »
On l’a bien compris : taper sur La France Insoumise est devenu une ligne de communication à part entière.
Selon la ministre, leurs militants « font des tournées dans toutes les facs » pour imposer leur vision.
Rien de surprenant pour qui connaît leurs méthodes : ils investissent les lieux où se forme la jeunesse, avec un discours radical, parfois totalement déconnecté du réel.
La droite monte au créneau
La déclaration de Baptiste a provoqué un tollé chez Les Républicains. Othman Nasrou, leur secrétaire général, n’a pas mâché ses mots :
« Nier la présence de l’islamo-gauchisme dans les universités, c’est jouer le jeu de l’entrisme à un moment où nous devons être intraitables face à ce fléau. »
Pour la droite, il ne s’agit plus d’un débat d’idées, mais d’un combat contre une idéologie infiltrée.
À leurs yeux, les universités sont devenues des champs de bataille, où certains courants militants prospèrent à l’abri du déni institutionnel.
Mémoire courte au sommet de l’État
Le plus étonnant reste ce revirement. En 2021, Frédérique Vidal avait lancé une offensive contre « l’islamo-gauchisme » à l’université, provoquant un tollé et une avalanche d’indignations.
À l’époque, cette posture avait été jugée inutile et clivante. Aujourd’hui, le discours revient, avec des visages différents mais des intentions similaires.
Nos ministres ont la mémoire courte. Un jour ils dénoncent, le lendemain ils relativisent.
À croire que leurs convictions tiennent au vent des sondages. Cette soudaine fermeté, trois ans plus tard, ressemble moins à une prise de conscience qu’à un calcul politique.
Pendant ce temps-là…
Et pendant qu’on s’écharpe sur les mots, nos enfants désapprennent à lire et écrire. Nos impôts financent des réformes éducatives sans résultats. Les écoles manquent de personnel, de matériel, d’ambition.
Mais il est toujours plus commode de dénoncer un courant idéologique mal défini que d’assumer l’échec d’un système à bout de souffle. Plus simple de désigner des coupables que de corriger ses propres erreurs.
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