Congés contre salaire : la ministre du travail Astrid Panosyan-Bouvet veut monétiser la cinquième semaine dès 2026

Astrid Panosyan‑Bouvet, ministre du Travail, a évoqué, la piste de la monétisation de la 5ᵉ semaine du CP. Astrid Panosyan‑Bouvet, ministre du Travail, a évoqué, la piste de la monétisation de la 5ᵉ semaine du CP.

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Astrid Panosyan-Bouvet propose de monétiser la 5e semaine de congés payés en 2026, suscitant la colère des syndicats.
  • La ministre insiste sur un « nouveau droit » pour les salariés, mais les critiques dénoncent une pression économique déguisée.
  • Le patronat voit une opportunité, tandis que les travailleurs craignent une obligation déguisée en choix.

Mardi, lors de la présentation du budget 2026, après plus d’une heure et demie de conférence et un discours de François Bayrou, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a glissé une idée « explosive ».

Elle propose de permettre aux salariés de monétiser leur cinquième semaine de congés payés, instaurée par Pierre Mauroy sous François Mitterrand dans les années 80.

Ce n’est pas une suppression, jure-t-elle, mais une « discussion » avec les partenaires sociaux pour offrir un « nouveau droit » : troquer ces congés contre un supplément de salaire, comme pour les RTT. L’annonce a mis les syndicats en ébullition.

Les réactions face à la proposition gouvernementale

La gauche et les syndicats, déjà remontés contre la suppression des jours fériés, ont vivement rejeté cette proposition.

Face à la colère, Panosyan-Bouvet a clarifié le 17 juillet sur X : pas question de supprimer la cinquième semaine, mais de permettre à un salarié, « de son plein gré », de la « revendre » à son entreprise, comme pour les RTT, souvent rachetées avec une majoration de 25 %. « Un droit nouveau », insiste-t-elle, « qui resterait à la main de chaque salarié ».

Les salariés, surtout les plus précaires, savent que ce « choix » risque de devenir une obligation sous la pression économique ou hiérarchique.

Astrid Panosyan‑Bouvet

La monétisation des congés : une option vraiment libre ?

La ministre assure qu’il n’y a « pas de remise en cause des droits actuels ». Pourtant, l’idée de monétiser les congés payés rappelle le rachat des RTT, où les entreprises paient une majoration, généralement de 25 %, pour que les salariés renoncent à leur repos.

Contrairement à la suppression des jours fériés, une mesure assumée, celle-ci est présentée comme une simple « discussion » avec les partenaires sociaux, sans « paramètres fixés à l’avance ».

« Si cela correspond aux envies du salarié d’avoir davantage de rémunérations, je ne vois pas où est le problème », déclare le vice-président de la CGPME. Une ouverture surprenante de la part d’un syndicat patronal souvent réticent à augmenter les salaires.

Remettre en cause les congés payés : le gouvernement joue avec le feu

Toucher aux congés payés, acquis social emblématique de 1982, c’est s’attaquer à un pilier du modèle social français.

Les syndicats montent au créneau, et pour cause. « Ça vient percuter un progrès social qui est arrivé en 1982 », s’indigne Benoît Martin, secrétaire général de la CGT Paris, sur BFMTV.

Selon lui, cette mesure ne répond pas au vrai problème – le pouvoir d’achat – et risque de pousser les petits salaires, déjà en précarité, à sacrifier leurs congés.

« C’est dramatique, ça ne va pas du tout dans le sens de l’histoire et du progrès social », ajoute-t-il.

Marylise Léon, leader de la CFDT, est tout aussi cinglante. Sur France Inter, elle qualifie l’idée de « musée des horreurs ».

« Le sujet numéro un, c’est le pouvoir d’achat, mais ce n’est pas aux salariés de rogner sur leurs congés pour boucler les fins de mois », lance-t-elle.

Les syndicats exigent une vraie revalorisation des salaires, pas des primes ou des combines qui tirent les revenus vers le bas.

Les travailleurs face à une équation impossible

Les salariés se retrouvent piégés : sacrifier leur repos, essentiel à leur équilibre, pour un supplément de salaire qui ne compense pas l’inflation.

La CFTC met les choses au clair :

« Avant de vouloir faire travailler plus les gens qui travaillent déjà, le sujet est de d’abord donner du travail à ceux qui n’en ont pas », insiste Cyril Chabanier, président du syndicat.

Une priorité évidente, mais que le gouvernement semble ignorer, préférant des mesures qui masquent les vrais enjeux : le chômage et la précarité.

Alors que les Français peinent à remplir leur frigo, cette « option » ressemble à une soupape pour calmer les tensions sans toucher aux salaires.

Les syndicats y voient une nouvelle entaille dans les droits sociaux, après les réformes des retraites et de l’assurance chômage. Et si la ministre promet un « dialogue » avec les partenaires sociaux, l’histoire montre que ces discussions aboutissent souvent à des décisions imposées.

IMPORTANT - À lire

Cette proposition de monétiser les congés payés soulève de vives réactions. Derrière les arguments de "pouvoir d'achat", se cache une remise en cause des droits sociaux. Pour aller plus loin dans l'analyse de ce sujet brûlant et de ses enjeux, découvrez notre revue papier mensuelle, qui décrypte l'actualité en profondeur.

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