🔥 Les essentiels de cette actualité
- Karim Bouamrane impose un couvre-feu aux mineurs de Saint-Ouen jusqu’au 31 octobre 2025 pour lutter contre la délinquance.
- Les familles impactées, surtout celles avec des parents travaillant de nuit, risquent des amendes et des poursuites.
- Le plan « Été Sécurité et Civisme » inclut des interdictions de trottinettes et de barbecues, resserrant l’étau sur les habitants.
- Le maire défend sa méthode S.A.F.E., mais les mesures sont critiquées pour leur manque de prévention sociale.
Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, martèle sa « méthode » S.A.F.E. : une ville « sûre, apaisée, fraternelle et écologique ».
Pour tenir parole, il sort l’artillerie lourde. Depuis le 16 juillet, un arrêté municipal interdit aux moins de 16 ans de circuler seuls dans les rues de 23h30 à 6h, sauf accompagnés d’un adulte.
Valable jusqu’au 31 octobre, cette mesure fait de Saint-Ouen la première ville de cette taille en Seine-Saint-Denis à imposer un couvre-feu. Une réponse musclée à un problème complexe, qui interroge sur son efficacité.
Les raisons d’un couvre-feu
L’arrêté s’appuie sur des chiffres préoccupants : une hausse de 8 % de la délinquance des mineurs entre 2024 et 2025, des groupes délinquants mobiles d’un quartier à l’autre, et un taux de délits violents de 19 pour 1 000 habitants, contre 6 au niveau national en 2024.
Saint-Ouen se retrouve avec une criminalité trois fois plus élevée que la moyenne française.
Face à ce constat, la mairie opte pour une restriction stricte, ciblant les jeunes pour endiguer les troubles.
Un poids sur les familles
Ce couvre-feu complique la vie des familles, surtout dans une ville ouvrière comme Saint-Ouen.
Les parents travaillant de nuit, nombreux dans ce coin, voient leur quotidien bouleversé : leurs ados, parfois obligés de se déplacer seuls, sont désormais cloués à la maison après 23h30.
En cas de non-respect, la police municipale ou nationale peut reconduire les mineurs chez eux ou au commissariat.
Les parents risquent une amende de 35 euros (contravention de 2e classe) et, dans certains cas, des poursuites pénales. « La police municipale sera dans une logique de prévention, de médiation », promet le cabinet du maire. Mais si les infractions se répètent, les sanctions tomberont.
Un plan sécuritaire plus large
Le couvre-feu s’intègre au plan « Été Sécurité et Civisme », visant à « protéger les jeunes et prévenir les troubles ».
Bouamrane y ajoute deux arrêtés : interdiction des trottinettes électriques sur les trottoirs dans toute la ville et des barbecues ou planchas dans l’espace public, sauf dans trois zones autorisées. Fin des moments conviviaux improvisés, sauf autorisation explicite de la mairie.
En pratique, la marge de liberté se réduit considérablement pour les habitants, contraints de composer avec un cadre sécuritaire de plus en plus strict.
Le maire de Saint-Ouen défend sa position
Pour Bouamrane, cette décision s’inscrit dans une volonté de « réinstaurer le civisme », présenté comme une « valeur de gauche ». Une rhétorique surprenante pour une mesure souvent vue dans des villes de droite, comme Compiègne, Béziers ou Nice, où des couvre-feux existent déjà.
À Triel-sur-Seine, le maire exige même une autorisation parentale pour les sorties nocturnes.
Pour étayer son propos, Bouamrane cite Do the Right Thing de Spike Lee, qui dépeint une émeute dans un quartier new-yorkais en été. « C’est souvent durant cette période que s’exacerbent les tensions à cause de la chaleur, de l’ennui de ne pas partir en vacances », analyse-t-il.
Sa ligne : « marcher sur deux jambes » offrir un maximum d’activités estivales tout en veillant à ce qu’elles se déroulent dans de bonnes conditions.
Il rejette l’idée d’une « logique coercitive » :
« Le rôle de la puissance publique n’est pas de stigmatiser les adolescents ni d’être dans l’angélisme mais de donner un cadre. Quand vous avez moins de 16 ans, après 23h30, c’est maison ! On voit les tensions qui peuvent exister dans cette tranche d’âge partout en France, dans les Yvelines comme dans la Creuse. »
Ces activités estivales, comme des ateliers ou des événements culturels, visent à occuper les jeunes pour limiter les débordements. Mais sans investissements massifs dans l’éducation ou l’emploi, cette stratégie risque de rester un pansement sur une plaie béante.
Une première controversée en Seine-Saint-Denis
Saint-Ouen devient un pionnier en Seine-Saint-Denis avec ce couvre-feu, une première pour une ville de cette envergure. Relayée dès le 17 juillet 2025, la décision rompt avec la gestion habituelle des tensions urbaines.
La police municipale, chargée de faire respecter l’arrêté, patrouille pour identifier les mineurs en infraction, avec un accent mis sur la médiation avant la répression.
Mais cette mesure divise : si elle peut calmer les troubles à court terme, elle ne règle ni le chômage, ni les écoles défaillantes, ni le manque d’espaces pour les jeunes.
IMPORTANT - À lire
Vous voulez aller plus loin que les analyses superficielles des médias mainstream sur les problèmes d'insécurité et de délinquance dans nos banlieues ? Chaque mois, notre revue papier approfondit ces sujets cruciaux et décortique les vraies causes derrière les mesures sécuritaires comme le couvre-feu imposé par le maire de Saint-Ouen.
De la critique des politiques d'intégration ratées à l'étude des conséquences des restrictions de liberté sur le quotidien des habitants, nos dossiers vous donnent les clés pour comprendre les enjeux de fond qui façonnent nos villes. Fini les articles qui effleurent à peine la surface, place à l'analyse pointue et engagée !