🔥 Les essentiels de cette actualité
- Reza Pahlavi, fils du Shah déchu, s’adresse aux députés britanniques pour exposer son plan de démocratie laïque en Iran. Une visite qui soulève des questions sur les intentions de Londres.
- Le Royaume-Uni cherche à influencer l’avenir de l’Iran en accueillant Pahlavi, malgré son héritage controversé et ses liens avec l’Occident.
- Pahlavi promet de renverser le régime des mollahs, mais les Iraniens subissent les sanctions et réclament une véritable liberté. Pourquoi donner la parole à un exilé plutôt qu’aux acteurs du changement sur le terrain ?
Le fils du shah déchu d’Iran, Reza Pahlavi, s’est exprimé lundi dernier devant les députés britanniques, selon des sources au Parlement et au Parti travailliste.
Cette visite, loin d’être un simple échange diplomatique, intervient alors que l’Iran, de plus en plus isolé, défie l’ordre occidental en se rapprochant de la Russie. Londres semble vouloir reprendre la main sur ce dossier brûlant, quitte à ressusciter une figure du passé controversée.
Ce rapprochement avec la famille royale déchue n’est pas anodin. Les autorités britanniques, toujours à l’affût de leurs intérêts au Moyen-Orient, cherchent à garder un pied dans toutes les portes iraniennes possibles.
En accueillant Pahlavi, qui a récemment pris la parole à la bibliothèque présidentielle Richard Nixon en Californie le 22 octobre 2024, le Royaume-Uni envoie un signal clair : il veut peser sur l’avenir de l’Iran, indépendamment des diktats américains.
La réception de Pahlavi au Parlement britannique
D’après l’invitation consultée, Pahlavi a exposé aux parlementaires sa vision pour faire tomber le régime des mollahs et instaurer une “démocratie laïque”.
L’événement, programmé à 17h dans une salle de commission, est organisé par le député travailliste Luke Akehurst et la conservatrice Aphra Brandreth.
Akehurst a déclaré : “C’est au peuple iranien de décider quel type de gouvernement il souhaite, mais les députés s’intéresseront à ce que les voix de l’opposition ont à dire sur l’avenir d’un pays aussi important.” Brandreth, contactée, n’a pas encore répondu.
Ali Milani, président du Labour Muslim Network, a qualifié cet événement de “gifle” pour les Iraniens luttant pour la liberté. Selon lui, Pahlavi n’a jamais condamné les exactions du régime oppressif de son père, responsable de disparitions, tortures et assassinats par sa police secrète.
“Le leadership doit venir des Iraniens sur place, qui méritent une véritable liberté”, a-t-il ajouté.
L’héritage controversé de la dynastie Pahlavi
Reza Pahlavi, 64 ans, surnommé “roi en exil” par ses partisans, est le fils de Mohammad Reza Pahlavi, renversé lors de la révolution de 1977-1979. Ce soulèvement, qui a donné naissance à la République islamique, a marqué un tournant géopolitique, transformant un allié occidental en adversaire.
Le régime du Shah, souvent glorifié pour sa “modernité”, était aussi synonyme de répression brutale, une réalité que Pahlavi esquive dans son discours.
Les Iraniens n’ont pas oublié les méthodes de la police secrète du Shah. Pourtant, Pahlavi se présente comme le sauveur d’un Iran moderne, ignorant les aspirations d’un peuple qui rejette aussi bien les mollahs que les ingérences étrangères.
La stratégie de Pahlavi et les réactions internationales
Fervent défenseur d’une monarchie soutenue jadis par Washington, Pahlavi multiplie les visites en Israël, posant avec Benjamin Netanyahu pour se positionner comme l’alternative au régime actuel.
Le 16 juin, en plein conflit israélo-iranien, il a déclaré :
“La cause profonde du problème est le régime et sa nature. La seule solution est qu’il disparaisse.”
Ces propos ont suscité une réponse cinglante du ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, qui l’a traité de “putain impériale parasitaire sanglante” sur X, ajoutant :
“Si le peuple iranien est aussi motivé que vous le dites, retournez les guider et renverser le régime.”
Les positions controversées de Luke Akehurst
Akehurst, élu en juillet 2024, a salué le discours de Pahlavi du 14 juin comme un “message important” pour le peuple iranien. Mais ce député est aussi connu pour ses prises de position pro-israéliennes.
En 2021, il a qualifié l’ONU d’antisémite après une résolution déclarant illégales les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. En novembre 2023, il a défendu l’annexion des “principaux blocs de colonies” et du plateau du Golan par Israël, malgré un rapport de l’ONU qualifiant ces actions de crimes de guerre.
Avant son élection, Akehurst arborait un t-shirt se décrivant comme un “Zionist shitlord”. Une telle posture, combinée à son soutien à Pahlavi, soulève des questions sur ses priorités et celles des élites britanniques.
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