🔥 Les essentiels de cette actualité
- STMicroelectronics annonce un « remodelage industriel » avec 2.800 suppressions de postes d’ici 2027. Un plan social déguisé ?
- Le site de Tours menacé : production limitée aux plaquettes de silicium, le reste transféré à Singapour. Quel avenir pour les ouvriers français ?
- La France perd ses compétences stratégiques au profit de l’Asie. La réindustrialisation selon Macron est-elle un leurre ?
STMicroelectronics a fait une annonce choc mardi après-midi, parlant d’un énième « remodelage industriel » qui cache mal ses vraies intentions. Le groupe franco-italien de composants électroniques prévoit de se débarrasser de 2.800 salariés dans le monde d’ici 2027.
Cette annonce s’inscrit dans un contexte plus large de désindustrialisation en France, où les fermetures de sites et transferts d’activité se multiplient.
Un plan social qui ne dit pas son nom, enrobé dans la novlangue habituelle des multinationales qui nous expliquent vouloir « redimensionner leur base de coûts globale ». Comprendre : réduire les effectifs pour faire plus de profits.
Le communiqué précise que ces départs se feront « sur la base du volontariat » sur trois ans, en plus de « l’attrition naturelle » – un terme bien pratique pour parler des départs non remplacés.
C’est toujours la même histoire : nos fleurons industriels sacrifient leurs salariés sur l’autel de la rentabilité, pendant que nos dirigeants continuent de verser des milliards d’aides publiques à ces mêmes entreprises sans garantie de maintien de l’emploi en France.
Pourquoi l’État apporte 2,9 milliards d’aide à STMicroelectronics ? Qui détient le chéquier ? J’ai posé la question à Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie et des Finances. @montebourg @TV5MONDE #France
Conséquences pour les salariés
Et pendant ce temps-là, qui s’inquiète vraiment du sort des ouvriers français ? Ce sont les sites de production hexagonaux qui vont trinquer, tandis que l’activité se déplacera discrètement vers l’Asie.
Stéphane Moreau, délégué syndical CGT à Tours, ne cache pas son inquiétude face à d’éventuelles suppressions de postes. Le site tourangeau est directement menacé, malgré les propos rassurants de la direction.
Dans son communiqué, la direction prétend vouloir « tirer parti de tous nos sites existants », notamment celui de Tours… mais avec des « missions redéfinies ». Quand les multinationales « redéfinissent », c’est rarement pour créer des emplois.
Quel avenir pour le site STMicroelectronics ?
Pour Tours, le verdict est tombé : le site devra se concentrer uniquement sur la production de plaquettes de silicium en 200 mm pour des « technologies spécifiques ». Tout le reste sera transféré à Singapour.
La France perd ses compétences industrielles stratégiques au profit de pays étrangers. Les ouvriers français, formés à ces techniques, se retrouvent sur la sellette pendant que les actionnaires se frottent les mains.
Pendant ce temps, nos élites parlent de « souveraineté industrielle » et de « réindustrialisation ». La réalité est différente : nos usines se vident, tandis que l’Asie prospère avec notre savoir-faire.
« Vous êtes agressif » a lancé le PDG de STMicroelectronics lorsque le rapporteur communiste a rappelé que l’entreprise payé 0 impôt..tout en rappelant les 487 millions d’aides publiques touchées. Puis à retiré ses propos… publicsenat.fr/actualites/eco…
L’avenir du site tourangeau suscitait déjà de vives inquiétudes chez les employés fin 2024, quand les premières rumeurs de délocalisation ont commencé à circuler.
Le discours de la direction se veut rassurant, mais entre les lignes, on sent bien la manœuvre. Ils affirment maintenir « un centre de compétences pour le GaN » à Tours, essentiellement pour l’épitaxie.
Ils nous vendent l’arrivée d’une « nouvelle activité de panel-level-packaging », une technique d’emballage des puces pour le développement des chiplets. Une formule pour masquer un déménagement progressif vers l’Asie.
Les promesses de STMicroelectronics
Cette technologie de « chiplets » pour applications complexes serait, selon leurs dires, « clé pour l’avenir de ST ». Mais l’avenir de qui, exactement ? Des actionnaires ou des ouvriers français qui voient leur savoir-faire partir à l’autre bout du monde ?
Derrière ces termes techniques se cache une réalité : nos fleurons industriels se délestent de leurs activités productives sur le sol national pendant que nos dirigeants applaudissent, subventions à l’appui.
Les syndicats sonnent l’alarme sur l’avenir des emplois chez STMicroelectronics. La direction reste floue sur Tours, affirmant qu’il n’y aura « aucun départ contraint ni site fermé. Ces départs se feront sur la base du volontariat, des mobilités interne et externe sont aussi prévues. Les 2.800 postes, ce sont des estimations et ce projet fait l’objet d’un dialogue social avec les partenaires syndicaux. »
Désindustrialisation en France : l’exemple de STMicroelectronics
Mais personne n’est dupe. Derrière les belles paroles se profile la réalité : l’entreprise va s’orienter vers des activités nécessitant moins de main-d’œuvre. C’est ce que redoutent les syndicats qui voient venir la casse sociale déguisée en « transformation stratégique ».
La France industrielle se meurt à petit feu, et cette fois c’est au tour des semi-conducteurs – secteur dit « stratégique » par nos élites. Pendant que l’État déverse des millions dans des plans de relance, les multinationales continuent leur stratégie mondiale au détriment de nos bassins d’emploi.
Pour les ouvriers de Tours et d’ailleurs, l’avenir s’assombrit. Les nouvelles technologies comme le GaN ou les chiplets ne remplaceront jamais les postes supprimés. Moins de production locale signifie moins d’emplois pour nos territoires.
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