🔥 Les essentiels de cette actualité
- Deux ans après le scandale, aucune sanction n’a été prononcée pour le Fonds Marianne. L’argent public s’est volatilisé dans un système clientéliste.
- Marlène Schiappa, initiatrice du fonds, a été décorée de la Légion d’honneur, malgré les dysfonctionnements graves révélés par des enquêtes.
- Le Fonds Marianne, destiné à lutter contre la radicalisation, a financé des associations proches du pouvoir et des fact-checkeurs.
- La justice reste muette, tandis que la transparence démocratique est bafouée. Un scandale qui trahit la mémoire de Samuel Paty.
Deux ans après l’éclatement du scandale du Fonds Marianne, la justice reste aux abonnés absents.
Le 23 juin 2025, Marlène Schiappa, ex-secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté et initiatrice de ce fonds public, a été décorée de la Légion d’honneur dans les salons de l’hôtel de Lassay par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.
Cette récompense déroutante revient à celle qui a piloté un fonds de 2,5 millions d’euros, supposé lutter contre la radicalisation. Mais ce dispositif s’est rapidement transformé en distributeur automatique d’argent public, au profit des amis du pouvoir, d’associations fantômes, d’influenceurs du politiquement correct et… de fact-checkeurs bien installés.
Pendant ce temps, le Parquet national financier, qui a ouvert une information judiciaire en mars 2024, n’a toujours produit aucune ordonnance.
L’argent du contribuable s’est évaporé dans un brouillard d’opacité. La presse a détourné le regard, tandis que les véritables responsables ont été décorés au lieu d’être inquiétés.
Un fonds « républicain » détourné au service des réseaux d’influence
Le Fonds Marianne a été lancé à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, professeur décapité en octobre 2020 par un islamiste tchétchène pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors d’un cours.
Présenté comme un outil de lutte contre les discours séparatistes et en défense des valeurs républicaines, ce fonds devait financer des initiatives locales et associatives visant à combattre la radicalisation, le complotisme et les discours de haine.
Mais très vite, des enquêtes de Marianne et de France 2 ont révélé de graves dysfonctionnements : un appel à projets précipité, des critères opaques, et une répartition des subventions gardée secrète.
Quand l’argent public nourrit les réseaux du pouvoir
Le Fonds a distribué ses 2,5 millions d’euros à seulement dix-sept associations. Mais lesquelles précisément ?
Interrogés, le ministère de l’Intérieur a botté en touche en répondant sèchement : « Cela ne vous regarde pas. »
Cette réponse est une violation flagrante des règles de transparence, révélatrice de ce qu’il y avait à dissimuler.
Pire encore, le délai pour déposer les candidatures était limité à trois semaines, un temps dérisoire pour monter un dossier solide. Ce procédé écartait de fait toute organisation n’ayant pas été prévenue à l’avance.
En clair, seuls ceux déjà dans les petits papiers du pouvoir pouvaient prétendre à une subvention.
Parmi les bénéficiaires, l’USEPPM (Union Sportive, Éducative et Pédagogique de la Police Municipale) a reçu près de 340 000 euros pour des activités aux contours flous.
Fact-checkeurs : chasseurs de vérité ou gardiens du narratif officiel ?
Le site Conspiracy Watch, dirigé par Rudy Reichstadt et spécialisé dans la lutte contre les théories du complot, a perçu 60 000 euros du Fonds Marianne pour actualiser ses fiches en ligne.
Ce chiffre a été révélé par CheckNews, le service de vérification de Libération, qui a publié la liste complète des dix-sept bénéficiaires du fonds, jusqu’alors tenue secrète.
Cette révélation a déclenché une polémique sur les réseaux sociaux, où plusieurs commentateurs ont jugé ce financement disproportionné ou mal justifié, au regard de l’objectif officiel du fonds : la lutte contre le séparatisme.
Face à la controverse, Libération a rappelé que le lien entre l’activité de Conspiracy Watch et la lutte contre le séparatisme islamiste semble ténu.
Rudy Reichstadt, tout en rejetant ses détracteurs comme complotistes, défend la légitimité de ce financement :
« Nous, on conçoit la radicalisation sous toutes ses formes. Il est très clair pour le CIPDR (Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation), dans les échanges qu’on a eus, que ce sont tous les séparatismes qui sont concernés. Le terrorisme, c’est l’islamisme, mais aussi l’ultra droite ! »
Il a ajouté :
« Le conspirationnisme est l’un des dénominateurs communs à toutes les sphères extrémistes. Son rôle de passerelle dans le processus de radicalisation et de séparatisme est bien documenté. »
Pourtant, comme l’a souligné Libération, malgré cette subvention, le contenu de Conspiracy Watch n’a guère évolué : 81 notices produites, 142 mises à jour, dont une large part consacrée à la pandémie de Covid-19.
Autre point troublant : Conspiracy Watch n’indique pas ce financement sur sa page dédiée aux partenaires, pourtant mise à jour en septembre 2022. Y figurent bien la DILCRAH et la Fondation pour la mémoire de la Shoah, mais ni le Fonds Marianne ni le CIPDR.
Reichstadt est également intervenu dans d’autres projets financés par le Fonds Marianne, comme ceux de la LICRA, qui a reçu 95 000 euros pour produire du contenu pédagogique diffusé notamment sur la chaîne parlementaire LCP.
Un réseau d’associations « amies » bien loties
Outre Conspiracy Watch et la LICRA, qui a touché 95 000 euros pour développer un campus numérique et produire du contenu pédagogique, plusieurs autres structures ont bénéficié de subventions conséquentes dans le cadre du Fonds Marianne.
Civic Fab, deuxième plus gros bénéficiaire avec 335 000 euros, a mis en place plusieurs projets axés sur la promotion de l’esprit critique et la lutte contre les discours de manipulation.
L’Institute of Strategic Dialogue a reçu 80 000 euros pour cartographier les réseaux de désinformation et mener des recherches sur les mobilisations de l’extrême droite sur les réseaux sociaux.
La plateforme Spicee, fondée par Thomas Huchon, a touché 60 000 euros pour produire des contenus pédagogiques destinés aux établissements scolaires.
L’association Lumières sur l’info a perçu 50 000 euros pour réaliser une série de vidéos sur la vérification des informations et des sources. Génération numérique, financée à hauteur de 25 000 euros, a produit une série portant sur la désinformation.
Enfin, l’association La Chance pour la diversité dans les médias a reçu 20 000 euros pour poursuivre son programme habituel d’éducation aux médias, sans innovation particulière ni lien évident avec la lutte contre le séparatisme.
Toutes ces initiatives s’inscrivent dans un discours consensuel autour de l’esprit critique et de la désinformation, sans jamais s’attaquer frontalement aux racines idéologiques de l’assassinat de Samuel Paty : l’islamisme radical.
Une dérive justifiée par un flou lexical organisé
Christian Gravel, directeur du CIPDR, a tenté de justifier cette dérive en élargissant la définition du « séparatisme » :
« Le concept de séparatisme se définit par la volonté d’un groupe d’individus d’engager un processus de rupture, voire de sécession, sur le plan territorial, en opposition aux institutions et aux valeurs républicaines. »
Cette extension sémantique a permis de financer des projets très éloignés de la mission initiale.
Le délai ultra-court de candidature, conjugué à l’opacité du processus, a favorisé un système de copinage manifeste et le recyclage de subventions sous un nouveau label.
Deux ans de silence judiciaire, un pouvoir qui célèbre ses complices
Près de deux ans après le scandale, aucune sanction n’a été prononcée.
L’argent public s’est volatilisé dans un système clientéliste, trahissant à la fois la mémoire de Samuel Paty et la confiance des citoyens.
À la place, Marlène Schiappa s’est vue décerner la Légion d’honneur dans les salons de l’hôtel de Lassay, sous les applaudissements de la présidente de l’Assemblée nationale. Une décoration qui sonne comme une insulte à ceux qui réclament justice.
Le Fonds Marianne, censé lutter contre la radicalisation islamiste, est devenu un outil pour financer un progressisme verrouillé, relayé par des fact-checkeurs complices et des associations alignées, incapables — ou refusant — d’attaquer les vrais problèmes.
IMPORTANT - À lire
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