🔥 Les essentiels de cette actualité
- Macron reconnaît la rançon coloniale de 1825 imposée à Haïti, mais les Haïtiens exigent des dédommagements concrets pour la double dette.
- La France a forcé Haïti à payer 150 millions de francs-or, entraînant une dette écrasante et des emprunts auprès des banques françaises.
- Les Haïtiens réclament plus que des excuses, ils veulent une véritable réparation financière et une restitution des sommes injustement perçues.
Macron reconnaît la rançon coloniale imposée à Haïti en 1825, mais les Haïtiens réclament des dédommagements concrets.
À Port-au-Prince, les mots d’Emmanuel Macron sur la rançon coloniale imposée à Haïti font remonter le passé à la surface. Deux siècles après, voilà que notre président reconnaît l’injustice de cette dette forcée sur la première république noire. Une somme colossale arrachée en 1825 à un pays qui avait osé se libérer de ses chaînes.
« Un pas dans la bonne direction », murmurent certains Haïtiens, avec cette prudence qu’ont les peuples habitués aux belles paroles sans lendemain. D’autres rejettent ces mots qu’ils jugent creux et réclament des dédommagements concrets.
Comprendre la « double dette » d’Haïti
En 1825, sous la menace d’une flotte de guerre, la France impose à Haïti une indemnité de 150 millions de francs-or en échange de la reconnaissance de son indépendance. Incapable de payer une telle somme, équivalente à plusieurs années de revenus nationaux, Haïti contracte un emprunt auprès de banques françaises, notamment le Crédit Industriel et Commercial (CIC). Ce mécanisme crée une « double dette » : Haïti doit rembourser à la fois l’indemnité à la France et les intérêts des emprunts aux banques françaises. Cette situation financière accable le pays pendant plus d’un siècle, entravant son développement économique et social.
Entre ces deux réactions, un gouffre qui rappelle celui entre les beaux discours de l’Élysée et la réalité des Français qui triment. Pendant que nos politiques font leur mea culpa sur les crimes d’un autre siècle, les vrais problèmes d’aujourd’hui attendent.
Reste à voir si cette reconnaissance française dépassera le stade des paroles. L’histoire nous a appris que les grandes puissances savent s’excuser sans jamais ouvrir leur portefeuille.
Les attentes des Haïtiens face aux excuses de Macron
Pour Roobens Isma, étudiant à l’uni d’Haïti, fini le temps des excuses creuses. « Je pense qu’aujourd’hui, il faut qu’on aille au-delà d’une simple question de reconnaissance, cela doit prendre la forme d’un dédommagement, explique-t-il. Cette soi-disant dette a plombé notre économie. Je pense que le seul mot qu’on aimerait entendre aujourd’hui, c’est le mot restitution. »
Ces mots résonnent avec force dans un pays ravagé par des décennies de pillage financier. Une dette imposée qui a servi d’outil d’asservissement économique, pendant que nos élites françaises jouaient les grands seigneurs.
Je vous laisse deviner où est passé cet argent extorqué aux Haïtiens… Certainement pas dans les poches du peuple français. Le système continue de fonctionner ainsi : toujours prendre aux plus démunis pour enrichir quelques privilégiés bien placés.
La méfiance face aux discours de contrition
Jhonn Mary, un jeune activiste du mouvement, n’est pas dupe. Pour lui, le discours de contrition d’Emmanuel Macron n’est qu’un écran de fumée. Certes, le discours marque un tournant sur le papier, mais concrètement ? Deux siècles d’injustice ne s’effacent pas avec quelques belles paroles présidentielles.
« Il ne peut y avoir de réconciliation durable sans réparation. La France doit aller au-delà du discours. Elle doit assumer ses responsabilités historiques en engageant un véritable processus de réparation, qu’il soit financier, symbolique ou structurel. Cela passe notamment par la restitution des sommes perçues injustement », précise Jhonn Mary.
Le comité haïtien face à la double dette imposée par la France
Le comité national haïtien des réparations et restitutions de l’Université d’État d’Haïti a réagi avec tiédeur à l’intervention de Macron. Dans une note datée du 17 avril, ils jugent que le président français a avancé dans la bonne direction, mais d’un pas ridiculement petit. Pas l’ombre d’une intention d’aborder frontalement la question des restitutions.
La déclaration est un coup d’épée dans l’eau ! D’un côté, l’État reconnaît cette dette et nomme une historienne haïtienne pour co-présider une commission mixte. Mais de l’autre, pas un mot sur d’éventuelles réparations ou restitutions.
Comme d’habitude, nos dirigeants font semblant d’agir, mais évitent de s’engager sur le fond. Cette commission risque fort de n’être qu’une façade pour enterrer le problème.
Les réactions politiques face à l’annonce présidentielle
Même les élus français en ont ras-le-bol de cette présidence molle. Le maire écolo de Bordeaux, Pierre Hurmic, s’est joint à ses homologues de Nantes et La Rochelle pour signer une tribune exigeant que Macron sorte de sa léthargie.
Pour l’élu écologiste, le mandat limité à un « simple travail historique » ne suffit pas. « Ce communiqué est une avancée, j’en conviens. Mais on ne peut pas s’arrêter là », affirme-t-il. « Il faut absolument que les approches économiques, sociales, juridiques, culturelles et écologiques soient aussi prises en compte pour montrer vraiment les cicatrices profondes d’Haïti aujourd’hui. »
Les critiques sur l’efficacité des commissions
Une fois de plus, nos politiques font semblant d’agir. Ils lancent une commission, cochent la case « devoir accompli » et passent à autre chose, pendant que le peuple haïtien continue de souffrir.
Face à cette demi-mesure, Gabrielle Cathala ne cache pas sa déception. La députée Insoumise, qui préside le groupe d’amitié France-Haïti à l’Assemblée nationale, s’attaque directement aux propos du président.
Les haïtiens attendaient depuis 200 ans. Difficile de faire plus décevant. Cette initiative floue d’un President en fin de mandat n’est pas à la hauteur de l’Histoire, du préjudice subi, ni des circonstances qui appelaient une décision plus forte.
Les accusations de dilution des responsabilités
« Ça saute aux yeux dès le premier paragraphe, où il raconte qu’Haïti aurait été soumise aux forces de l’histoire, comme si tout ça était tombé du ciel ! », s’indigne-t-elle. « C’est quand même pas compliqué de nommer les vrais responsables : la France monarchique puis impériale qui a pillé Haïti sans vergogne. »
Pour cette élue, les mots choisis par l’Élysée participent d’une stratégie qui consiste à diluer les responsabilités historiques dans un flou artistique.
Cette façon d’esquiver les vraies questions rappelle comment nos dirigeants refusent d’affronter les conséquences de leurs actes. Hier comme aujourd’hui, la méthode reste la même : noyer le poisson dans un océan de rhétorique creuse.
Les interrogations sur l’implication haïtienne
La députée s’oppose aux réparations financières et soulève des questions sur l’implication d’Haïti dans ce projet. Gabrielle Cathala ne cache pas son agacement : « Je me demande si l’État haïtien a été associé à cette annonce. Haïti avait déjà une commission indépendante qui a mis en place des recommandations, qui vont même jusqu’au remboursement. »
C’est un exemple typique de grandes décisions prises sans concertation avec les principaux intéressés. Les États occidentaux adorent créer des commissions qui font doublon avec l’existant, sans doute pour mieux contrôler les conclusions et les implications financières.
Comme d’habitude, nos politiciens semblent plus préoccupés par l’affichage que par l’efficacité. Si une commission haïtienne a déjà formulé des recommandations, pourquoi en créer une nouvelle ? La réponse est évidente : quand on crée soi-même la commission, on peut en orienter les conclusions et limiter les dégâts pour le contribuable français.
Méfiance face aux annonces creuses de Macron, qui n’a précisé ni date butoir ni engagement ferme pour suivre les conclusions de sa commission. On connaît la chanson : beaucoup de belles paroles, mais aucune garantie d’action concrète. Encore un écran de fumée présidentiel typique du personnage…
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