Le coup de massue de Trump sur Shein et Temu
Le coup de massue des taxes de Donald Trump sur Shein et Temu a profondément déstabilisé le low-cost chinois qui inondait les États-Unis. En supprimant leurs avantages douaniers le 2 avril dernier, l’ancien président a frappé là où ça fait mal : au portefeuille. Pinduoduo, maison-mère de Temu, a perdu 14 % au Nasdaq, preuve que cette offensive économique porte ses fruits.
Depuis leur implantation sur le sol américain, ces géants asiatiques du e-commerce profitaient d’une faille légale baptisée « de minimis », leur permettant d’envoyer des marchandises directement depuis la Chine, sans payer un centime de droits de douane. Ce système, doublé de l’utilisation du service postal américain, leur a permis d’inonder le marché avec des produits à prix cassés, défiant toute concurrence locale.
Résultat : en 2024, selon la banque Nomura, ces deux mastodontes ont expédié pour 46 milliards de dollars de marchandises vers les États-Unis. Mais avec la mise en place de taxes de 30 %, ou de forfaits de 25 à 50 dollars par article, Trump entend stopper cette invasion commerciale et restaurer une forme de justice économique.
Une stratégie économique musclée pour contrer Pékin
Ce virage protectionniste n’est pas nouveau. Il s’inscrit dans la continuité de la guerre commerciale menée par Trump durant son premier mandat, et qu’il relance à pleine puissance en vue de sa réélection. L’objectif est clair : rééquilibrer les échanges avec la Chine et redonner un souffle aux industries américaines. Cette stratégie s’attaque aux petits colis bon marché, jusqu’ici épargnés, et impose désormais aux transporteurs de déclarer chaque envoi aux douanes.
Une étude d’impact est également prévue pour étendre ces mesures aux produits en provenance de Macao. L’enjeu dépasse le simple cadre commercial : la lutte contre le trafic de fentanyl, poison mortel introduit en contrebande dans de faux paquets, sert aussi de justification sécuritaire à cette politique de fermeté. Le camp républicain rappelle que ces pratiques ont contribué à tuer plus de 75 000 Américains par an, et accuse les élites washingtoniennes d’avoir laissé la situation se détériorer. Trump, lui, agit avec une rapidité et une efficacité qui tranchent avec la lenteur des politiques européennes.
L’Europe dépassée par l’offensive chinoise
Pendant que les États-Unis frappent, l’Europe tergiverse. Temu s’est hissé en 2024 à la 4e place des sites les plus visités en France avec 18,4 millions de visiteurs uniques par mois, suivi de près par Shein en 10e position. Pourtant, aucune réponse concrète n’est apportée par les institutions européennes ou françaises. Philippe Wahl, président de La Poste, a lui-même reconnu que Temu, Shein et AliExpress représentent aujourd’hui 22 % des 490 millions de colis traités annuellement, contre seulement 5 % il y a cinq ans.
Les commerçants locaux, étranglés par les charges, voient ces plateformes asiatiques prospérer sans la moindre régulation. Même lorsque l’UE agit, c’est souvent trop tard : une enquête a été ouverte contre Temu en octobre, et Bruxelles propose désormais des « frais de traitement » sur les colis étrangers, une mesure perçue comme une taxe déguisée. Résultat ? Ce sont encore les consommateurs qui risquent de payer la facture, pendant que nos décideurs débattent dans les couloirs bruxellois.
Une guerre commerciale aux répercussions mondiales
L’impact de cette politique ne se limite pas aux États-Unis. En ciblant frontalement Shein et Temu, Trump redéfinit les règles du commerce mondial. Sa stratégie « America First » vise à relocaliser la production et à redonner sa souveraineté économique au pays. Cette offensive douanière pourrait précipiter la fin de l’exemption actuelle sur les colis de moins de 150 euros, prévue pour disparaître en 2028, mais qui pourrait être avancée si Trump revient au pouvoir.
En France, les petites boutiques ferment, écrasées par des prix contre lesquels elles ne peuvent lutter. Et le paradoxe s’installe : on trouve même sur Temu des masques à l’effigie de Donald Trump, vendus pour moins de 5 euros, incarnant à la fois l’homme qui combat ce système… et l’objet produit par celui-ci. L’Europe, paralysée par les procédures et la peur de froisser Pékin, semble incapable de réagir efficacement. Il faudra peut-être, pour certains, un choc à la Trump pour enfin sortir de l’inaction.
IMPORTANT - À lire
Vous voulez aller plus loin que cet article et comprendre les enjeux géopolitiques et économiques qui se cachent derrière la guerre commerciale lancée par Trump contre la Chine ? Notre revue papier mensuelle vous propose des analyses approfondies sur les stratégies des grandes puissances et leurs répercussions mondiales.
Abonnez-vous dès maintenant pour recevoir chaque mois votre dose d'informations exclusives et de décryptages percutants sur l'actualité internationale. Grâce à notre revue, vous aurez toujours une longueur d'avance pour anticiper les bouleversements géopolitiques de demain.