🔥 Les essentiels de cette actualité
- Emmanuel Macron propose une interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, visant à réduire la violence juvénile après un drame à Nogent.
- Les réseaux sociaux sont accusés de banaliser la violence et de faire perdre leurs repères aux jeunes, mais leur rôle direct est nuancé par certains experts.
- Les algorithmes des plateformes peuvent enfermer les adolescents dans des flux de contenus extrêmes, selon le psychologue Michaël Stora.
- La mesure de Macron soulève des questions sur les causes sous-jacentes de la délinquance et la vérification de l’âge des utilisateurs.
Emmanuel Macron, en direct sur France 2 depuis Nice, le 10 juin 2025, a lâché une bombe en proposant l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, une mesure choc visant à endiguer la violence chez les jeunes.
Cette déclaration intervient dans le sillage du drame survenu le même jour à Nogent, en Haute-Marne, où une assistante d’éducation a été poignardée à mort par un adolescent à l’entrée d’un collège.
Ce fait divers tragique a relancé le débat sur l’influence des réseaux sociaux, accusés par certains d’encourager les comportements violents.
Le président et la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, ont défendu cette proposition, arguant que ces plateformes « banalisent la violence » et font « perdre leurs repères » à la jeunesse.
Pourtant, le procureur en charge de l’affaire a révélé que le suspect utilisait peu les réseaux sociaux, nuançant ainsi leur rôle dans ce cas précis.
Une tragédie et des accusations récurrentes
Les réseaux sociaux sont régulièrement pointés du doigt comme catalyseurs de la violence.
En juillet 2023, après les émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk, le gouvernement avait déjà exigé des grandes plateformes qu’elles suppriment rapidement les contenus violents, jugés responsables d’attiser les tensions.
Selon Anne Cordier, professeure en sciences de l’information à l’université de Lorraine, les réseaux sociaux facilitent l’organisation d’actions collectives, comme observé lors des Printemps arabes ou des émeutes de 2023.
Par exemple, une fonctionnalité de Snapchat permet de géolocaliser des vidéos, incitant potentiellement à rejoindre des lieux de violence.
De plus, les algorithmes, conçus pour maximiser l’engagement, créent des « bulles algorithmiques » qui exposent les utilisateurs à des contenus amplifiant leurs centres d’intérêt, y compris violents.
Michaël Stora, psychologue et auteur de Réseaux (a)sociaux ! (éditions Larousse), note que des plateformes comme TikTok peuvent enfermer des adolescents fragiles dans des flux de contenus extrêmes, comme ceux promouvant la haine ou la maigreur excessive.
Les experts relativisent l’impact direct des réseaux sociaux
Un rapport sénatorial de 2022 indique que ces plateformes jouent davantage un rôle de facilitateur (organisation d’affrontements, chantage via images intimes) qu’un rôle déclencheur de violence.
Une étude de l’Unesco de 2018 corrobore cette analyse, soulignant l’absence de lien causal prouvé entre l’exposition à des contenus extrémistes en ligne et le passage à l’acte violent.
D’autres facteurs explicatifs prédominent : selon une étude de la revue Dalloz (mai 2025), 93 % des mineurs impliqués dans des homicides entre 2019 et 2022 étaient des garçons, souvent exposés à la violence dans leur environnement familial ou de quartier, et présentaient des difficultés cognitives, comme des problèmes de gestion de la colère ou un déficit d’empathie.
Une diversion face aux véritables enjeux ?
En désignant les réseaux sociaux comme principaux responsables de la violence juvénile, l’État semble privilégier une solution simpliste qui détourne l’attention des problèmes structurels profonds.
L’interdiction proposée par Macron pour les moins de 15 ans élude les causes sous-jacentes de la délinquance, telles que le manque d’accès à des services de santé mentale, les inégalités socio-économiques ou l’exposition précoce à des environnements violents.
Cette mesure soulève aussi des questions pratiques : comment vérifier l’âge des utilisateurs sans porter atteinte aux libertés numériques ?
Les algorithmes, bien que problématiques, ne sont qu’un symptôme d’une société où la violence est alimentée par des dynamiques bien plus complexes, comme la précarité ou l’échec des politiques éducatives et sociales.
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