L’administration Trump a exigé que la Cour suprême suspende une ordonnance permettant aux migrants de contester leur expulsion vers le Soudan du Sud. Cette requête survient quelques heures après que le juge ait insinué que l’administration Trump « fabriquait » délibérément le chaos. Il a d’ailleurs lâché qu’il espérait « que la raison puisse l’emporter sur la rhétorique ».
Le timing de cette manœuvre juridique n’est pas anodin. Alors que la Maison Blanche renforce sa position sur l’immigration, les juges semblent de plus en plus agacés par ce qu’ils perçoivent comme des stratégies politiques plutôt que juridiques. Un magistrat du dossier a même parlé de « chaos manufacturé », laissant entendre que cette urgence serait artificielle.
Derrière cette bataille judiciaire se cache une réalité bien plus sombre pour les migrants concernés. Le Soudan du Sud, pays déchiré par la guerre civile depuis son indépendance en 2011, offre un avenir incertain à ceux qui y sont renvoyés. Pourtant, l’administration continue d’affirmer que certaines régions du pays sont suffisamment sûres pour justifier ces expulsions.
Les défenseurs des droits humains dénoncent cette politique comme une violation potentielle du principe de non-refoulement. Ce principe fondamental interdit de renvoyer des personnes vers des pays où elles risquent des persécutions. Mais le gouvernement américain semble privilégier sa ligne dure en matière d’immigration plutôt que ces considérations humanitaires.
Cette affaire révèle parfaitement la nature du bras de fer permanent entre le pouvoir exécutif et le judiciaire aux États-Unis. Dans un pays où les juges sont souvent étiquetés politiquement, cette tension n’est pas près de s’apaiser.
Une décision de justice bafouée
Le juge Brian Murphy a constaté que la Maison Blanche n’a pas respecté une décision de justice en organisant un vol d’expulsion vers cette nation africaine en plein chaos. Ce vol transportait des ressortissants d’autres pays ayant un casier judiciaire aux États-Unis. Murphy a tranché : ces immigrés doivent avoir une véritable opportunité d’exprimer leurs craintes face aux dangers potentiels qui les attendent.
Derrière cette violation flagrante d’une décision de justice se cache l’hypocrisie caractéristique d’un pouvoir qui prétend défendre les droits humains à l’international tout en bafouant ses propres lois. Un double standard que les Américains ordinaires paient au prix fort avec une insécurité croissante et des institutions qui se contredisent.
Conséquences diplomatiques et internes
Les conséquences diplomatiques pourraient être lourdes pour les États-Unis. Comment peuvent-ils prétendre donner des leçons de démocratie quand leurs propres juges doivent rappeler à l’ordre le gouvernement? C’est toute la crédibilité américaine sur la scène internationale qui s’effrite, pendant que les citoyens américains s’interrogent sur l’État de droit dans leur propre pays.
Le gouvernement fédéral américain s’est plaint que Murphy entrave ses tentatives d’expulsion des migrants qui ne peuvent pas être renvoyés dans leur pays d’origine. Trouver des pays prêts à les accueillir relève d’un « exercice diplomatique délicat », et les exigences du tribunal représentent un sérieux contretemps, a écrit le Solliciteur général D. John Sauer dans un appel d’urgence demandant à la cour de suspendre immédiatement son ordonnance.
Cette nouvelle affaire illustre parfaitement le double jeu de l’administration. D’un côté, elle se drape dans un discours humaniste, de l’autre, elle cherche à accélérer les expulsions par tous les moyens possibles. Comme si la vie de ces gens n’était qu’une simple monnaie d’échange diplomatique!
En réalité, les États-Unis tentent de refiler leurs problèmes migratoires à d’autres pays, souvent plus pauvres et moins stables. Une pratique douteuse qui rappelle celle des pays européens qui paient la Turquie ou la Libye pour retenir les migrants.
La justice face aux priorités gouvernementales
La justice, en imposant certaines exigences, ne fait que son travail : veiller au respect minimal des droits fondamentaux. Mais le gouvernement fédéral y voit un « sérieux contretemps »… Voilà qui en dit long sur ses véritables priorités! Ces gens-là préféreraient pouvoir expulser sans contrôle ni supervision judiciaire.
À la frontière sud, la crise migratoire perdure. Des milliers de personnes affluent chaque jour, tandis que l’administration actuelle tente de concilier une posture progressiste avec une politique migratoire.
Murphy, de son côté, a déclaré avoir accordé à l’administration Trump « une flexibilité remarquable avec un minimum de contrôle » dans cette affaire. Selon l’ordonnance publiée lundi soir, il a insisté sur les nombreuses occasions où il a tenté de collaborer avec le gouvernement, mais visiblement sans succès.
De son côté, Murphy n’a pas mâché ses mots. Il affirme avoir laissé « une liberté d’action exceptionnelle avec quasiment aucune surveillance » à l’équipe de Trump dans ce dossier. L’ordonnance sortie lundi soir révèle qu’il a souligné, peut-être avec une pointe d’agacement, ses multiples tentatives pour travailler main dans la main avec le gouvernement – des efforts apparemment tombés dans l’oreille d’un sourd.
Les migrants soudanais face à l’injustice
Lors d’une audience de la semaine dernière concernant l’expulsion de huit immigrants vers le Soudan du Sud, Murphy a révélé que ces hommes n’ont même pas eu la possibilité de faire valoir les dangers potentiels auxquels ils s’exposaient en étant renvoyés dans leur pays.
Au lieu d’ordonner au gouvernement de ramener les hommes aux États-Unis pour des audiences – comme le souhaitaient les plaignants – le juge Murphy a laissé une porte de sortie à l’administration. Il leur a donné l’option d’organiser ces audiences à Djibouti, où l’avion avait fait escale en route vers le Soudan du Sud. La seule condition? Que ces personnes restent sous la garde américaine.
Quelques jours plus tard, l’équipe de Trump a contre-attaqué avec une motion cinglante. Ils ont accusé Murphy de les contraindre à « détenir des criminels dangereux dans un lieu sensible ».
Murphy a affirmé que c’était le « propre choix du gouvernement » d’autoriser le traitement des demandes des hommes alors qu’ils se trouvaient encore à l’étranger. Comme par hasard, cette administration change encore les règles du jeu selon son bon vouloir, faisant fi des conséquences humaines et diplomatiques réelles.
« Il s’avère que mener des procédures d’immigration sur un autre continent est bien plus difficile et compliqué d’un point de vue logistique que ce que les défendeurs avaient prévu », a écrit Murphy, juge de Boston.
Les contradictions de la politique migratoire américaine
La diplomatie américaine joue un double jeu particulièrement cynique avec le Soudan du Sud. Ce pays, né sous parrainage américain en 2011, est aujourd’hui abandonné par Washington qui n’hésite plus à y renvoyer des réfugiés malgré les atrocités qui s’y déroulent. Les intérêts pétroliers valent plus que quelques vies humaines…
Pendant ce temps, nos dirigeants européens s’alignent docilement sur cette politique migratoire hypocrite. Et qui paie l’addition ? Nos économies fragilisées par l’inflation et nos systèmes sociaux déjà surchargés. À quand une vraie politique migratoire qui défende d’abord les intérêts des citoyens ?
Les conséquences diplomatiques et économiques des expulsions
« Les stratégies dilatoires des tribunaux ne servent à rien, sauf à retarder l’inévitable. Si certains migrants tirent profit de ces délais interminables, notre pays, lui, en paie le prix fort », a déclaré Sauer sans détour. Les autorités américaines ont également reconnu que le maintien prolongé de ces migrants à Djibouti a sérieusement détérioré les relations diplomatiques avec ce petit pays stratégique de la Corne de l’Afrique.
L’imbroglio juridico-diplomatique de Djibouti n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de cette politique migratoire incohérente. D’un côté, Washington prétend contrôler ses frontières ; de l’autre, elle laisse ses tribunaux paralyser toute action concrète. Nos relations avec Djibouti, partenaire essentiel dans une région déjà instable, se dégradent à vue d’œil à cause de ces tergiversations.
Entre les déclarations vertueuses des élites progressistes et la réalité du terrain, le fossé se creuse. Les populations locales djiboutiennes supportent le poids de décisions prises à des milliers de kilomètres par des juges qui ne mettront jamais les pieds dans ces camps de migrants.
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