Entre illusion internationale et naufrage intérieur, Netanyahou vacille

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Netanyahou brille à l’étranger mais sa popularité s’effrite en Israël, sa coalition est au bord de l’implosion.
  • Les ultra-orthodoxes, pilier de son pouvoir, échappent au service militaire, provoquant une exaspération croissante.
  • Face à un gouvernement minoritaire et paralysé, Bibi gagne du temps avant des élections cruciales en janvier.

Hors de son pays, Bibi fait illusion, mais chez lui, ça sent le roussi.

Le chef du gouvernement israélien peut bien fanfaronner après avoir frappé l’Iran le mois passé, au point que le New York Times parle de « résurrection politique » et de « retour » après une traversée du désert.

Mais il ne faut pas s’y tromper : en Israël même, l’histoire est toute autre.

Alors que le Premier ministre se pavane sur la scène internationale, recevant les louanges des médias américains, ses compatriotes ne sont pas dupes.

Ils vivent au quotidien les conséquences d’une politique qui creuse un fossé grandissant entre une image glorieuse à l’étranger et une réalité politique désastreuse sur le terrain.

Chefs de l'armée israélienne-Désaccords-Gouvernement Netanyahou

Une coalition fragile au bord de l’implosion

Après plus de deux ans à la tête d’un État toujours plus controversé, Netanyahou voit sa popularité s’effriter comme jamais. Les sondages sont sans appel : sa coalition perdrait les élections si elles avaient lieu aujourd’hui.

Cette semaine marque un tournant dramatique avec la défection de deux partis clés, le laissant minoritaire avec seulement 50 sièges sur 120 au Parlement.

Pour se maintenir, Netanyahou a dû s’allier avec deux forces aux intérêts opposés : les ultra-orthodoxes (18 sièges) et les ultranationalistes d’extrême droite (14 sièges). Une alliance contre nature, qui reflète la déliquescence du pouvoir.

Ces alliés sont désormais en conflit ouvert avec lui, rendant le gouvernement paralysé et incapable de faire passer la moindre loi.

Le pacte ultra-orthodoxe : un deal explosif

Depuis plus de dix ans, les ultra-orthodoxes constituent le pilier du pouvoir de Netanyahou. En échange de subventions généreuses, ils bénéficient d’une exemption du service militaire obligatoire, un privilège profondément contesté par la majorité des Israéliens.

Pendant que les jeunes juifs israéliens risquent leur vie sous l’uniforme, les jeunes hommes ultra-orthodoxes reçoivent une allocation de l’État pour étudier la Torah.

Ce deal, même rejeté par les électeurs de droite, passait encore en temps de paix comme une pilule amère mais nécessaire.

Depuis l’attaque du 7 octobre, la donne a changé : Israël a besoin de soldats sur plusieurs fronts, rendant impossible l’exemption de cette population en forte croissance.

L’exaspération monte, même à droite, face à cette inégalité flagrante.

Pour couronner le tout, la Cour suprême israélienne a tranché : cette exemption viole le principe d’égalité devant la loi. Elle a ordonné au Parlement de mettre en place un système plus juste.

Pertes-Tsahal-Armée israélienne-Hamas-Gaza

Le système Netanyahou à bout de souffle

L’hypocrisie du système éclate au grand jour : des privilèges pour quelques-uns, des sacrifices pour tous les autres. Le Premier ministre se trouve pris au piège.

D’un côté, le peuple gronde : pourquoi certains échappent-ils au service militaire quand leurs enfants risquent leur vie ? De l’autre, ces mêmes ultra-orthodoxes tiennent Netanyahou par la barbichette, conditionnant la survie de sa fragile coalition à leur soutien.

Sa dernière manœuvre ? Une loi supposée incorporer les ultra-orthodoxes à l’armée, mais qui en coulisses leur offrait des échappatoires sur mesure.

Un coup raté : son propre parti s’y est opposé, provoquant la défection des alliés ultra-orthodoxes.

Manifestation contre Netanyahou

Blocage politique et jeu de la montre

Bibi est désormais à la tête d’un gouvernement minoritaire, paralysé, et coincé dans un cul-de-sac politique. Ses alliés d’extrême droite, fervents partisans de la poursuite des hostilités à Gaza, refusent toute trêve.

Ces radicaux rêvent ouvertement d’un nettoyage ethnique dans l’enclave, un fantasme rejeté par la majorité des Israéliens, qui souhaitent un accord mettant fin au conflit et libérant les otages.

Pris entre la pression internationale — notamment de Washington, qui réclame la fin de la guerre — et la radicalisation de ses alliés, Netanyahou fait ce qu’il maîtrise le mieux : gagner du temps.

Les vacances parlementaires jusqu’à fin octobre bloquent toute dissolution anticipée, offrant au Premier ministre une marge de manœuvre pour négocier un cessez-le-feu sans risquer de perdre immédiatement sa coalition.

L’échéance électorale, un défi colossal

Quelles que soient les échéances — très probablement en janvier — Netanyahou fera face au plus grand défi politique de sa carrière.

Sa coalition n’a obtenu que 48,4 % des voix lors des dernières élections, une majorité artificielle due aux failles du système électoral. Depuis avril 2023, sa popularité ne cesse de chuter, malgré les opérations militaires contre le Hezbollah ou l’Iran.

Si les frappes récentes contre l’Iran ont pu lui offrir un sursis politique, elles restent insuffisantes pour redresser durablement sa position.

Après avoir aliéné ses alliés et la majorité des Israéliens, le « Bibi » d’hier semble aujourd’hui bien loin.

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