🔥 Les essentiels de cette actualité
- François Bayrou face à une nouvelle motion de censure de toute la gauche, fragilisant son gouvernement déjà impopulaire et accusé d’immobilisme.
- Le Parti socialiste et le Nouveau Front populaire ressuscitent spectaculairement pour profiter de l’échec des négociations sur les retraites.
- La survie de Bayrou dépend du RN, arbitre inattendu de la situation politique, ajoutant une ironie à cette crise.
- Le gouvernement navigue à vue, avec une alliance Macron-LR en décomposition, tandis que les jours de Bayrou semblent comptés.
L’ambiance est tendue à l’Assemblée nationale. « On savait que la fin du conclave serait risquée », confie Pieyre-Alexandre Anglade, député EPR, résumant l’état d’esprit des macronistes.
Le dépôt d’une motion de censure, ce mardi, n’a surpris personne dans les couloirs du Palais Bourbon.
Initiée par le Parti socialiste (PS), la motion réunit les signatures du Nouveau Front populaire (NFP), que beaucoup croyaient moribonds après les législatives. L’échec du conclave sur la réforme des retraites, censé apaiser les tensions, a relancé l’opposition. Incapable de trouver un accord, le gouvernement Bayrou se retrouve fragilisé.
La gauche ressuscite face à un gouvernement affaibli
Le timing est difficile pour la macronie, déjà impopulaire et parlée pour son immobilisme.
La motion de censure, portée par le NFP, unité socialistes, France insoumise, communistes et écologistes. Elle a mis en lumière les difficultés du Premier ministre, accusé de ne pas tenir ses engagements pris en début d’année. Boris Vallaud, président des députés PS, a déclaré : « Le respect de la parole donnée est le socle de notre démocratie », pointant les promesses non tenues.
Les socialistes, qui avaient évité de censurer Bayrou en février lors du vote du budget, refusaient désormais de jouer les soutiens. Ils cherchent à réaffirmer une ligne d’opposition claire, après avoir longtemps temporisé.
À l’annonce de la motion, la plupart des députés NFP ont applaudi, mais certains, comme François Hollande, député de Corrèze, sont restés assis, réticents à une stratégie qui pourrait renforcer le Rassemblement national (RN).
Le RN, arbitre de la survie de Bayrou
Le sort de Bayrou dépend désormais d’un camp qu’il a toujours combattu : le RN. Si les députés de Marine Le Pen votent la censure, Bayrou tombera. S’ils s’abstiennent, il restera à Matignon.
« Si le RN devient l’allié du gouvernement, qu’il en soit ainsi », a ironisé Arthur Delaporte, député PS du Calvados.
La motion a peu de chances d’aboutir, le RN ne semble pas prêt à la soutenir. Mais elle accentue la fragilité d’un exécutif en sursis.
Un conseiller proche du pouvoir résume : « Bayrou gagne du temps, mais son vrai défi, ce n’est pas les retraites, c’est le budget. » La prochaine bataille autour du budget, prévue pour octobre, pourrait s’avérer décisive.
En attendant, le Premier ministre navigue sans majorité stable, entre une opposition offensive et des alliés incertains.
Le socle commun en péril
« Bayrou dirige un gouvernement répondu sur un bloc central minoritaire. Il mise sur l’inaction, mais il risque de tomber d’ici octobre », analyse Harold Huwart, député d’Eure-et-Loir et porte-parole du groupe Liot. L’alliance dite « socle commun », réunissant macronistes (EPR, MoDem, Horizons) et droite républicaine (LR), se fissure.
Au gouvernement, des personnalités LR collaborent encore avec les macronistes. Mais à l’Assemblée, le groupe Droite républicaine, mené par Laurent Wauquiez, vote souvent avec le RN, comme sur la loi Gremillet, et s’attaque aux acquis du premier quinquennat Macron, notamment écologiques.
L’exécutif, déjà impopulaire, encaisse un nouveau coup avec ces divisions. Les Français, confrontés à l’inflation et à des incertitudes économiques, reprochent au gouvernement son manque d’action concrète. Les lois adoptées, hormis le budget, proviennent surtout d’initiatives parlementaires, renforçant les accusations d’immobilisme.
Macron joue avec le feu : dissolution imminente ?
« Dans tout autre pays, un gouvernement d’union nationale proposerait un programme minimal. Pas en France », déplore Harold Huwart, pointant la paralysie politique. À deux ans de la présidentielle de 2027, le gouvernement stagne. Les réformes promettent peinent à voir le jour, et les tensions internes au camp présidentiel s’intensifient.
« Bayrou ne finira pas l’année, et Macron devra se dissocier à nouveau », confie un ancien député prêt à reprendre le combat électoral.
« Avec les crises internationales, personne n’a intérêt à déstabiliser le pays », tempère un député macroniste, soulignant le besoin de stabilité.
Bayrou, dont l’impopularité atteint des records, s’accroche à ce besoin de permanence. La peur d’un chaos politique reste son principal atout, même si la menace d’une censure plane est constante.
Entre les passes d’armes au Parlement et les tractations en coulisses, le gouvernement navigue à vue, tandis que l’opposition attend le moment opportun pour frapper.
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François Bayrou sous la menace d'une motion de censure, la gauche ressuscitée, le RN en arbitre... La politique française est en ébullition et les jeux de pouvoir s'intensifient. Pour comprendre les enjeux et les coulisses de cette crise, notre revue papier vous offre chaque mois des analyses approfondies.
Impopularité record, immobilisme, alliances en décomposition... Le gouvernement Bayrou semble au bord du gouffre. Mais quelles sont les vraies raisons de cet enlisement ? Notre revue décrypte pour vous les rouages complexes de la géopolitique française et internationale, pour voir plus loin que l'actualité immédiate.