Gaza : 34 civils tués en quête de nourriture, les centres d’aide deviennent des zones de mort

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🔥 Les essentiels de cette actualité

  • 34 Palestiniens tués par des tirs près des centres alimentaires à Gaza, la journée la plus meurtrière depuis leur ouverture. Des civils désespérés cherchant de la nourriture pris pour cible.
  • Les centres de distribution, soutenus par Israël et les États-Unis, deviennent des zones de mort. Les Palestiniens risquent leur vie pour se nourrir.
  • La crise humanitaire s’aggrave avec une pénurie alimentaire critique et des hôpitaux débordés. Le dilemme cruel : mourir de faim ou être tué en cherchant de l’aide.

Lundi, 34 Palestiniens ont perdu la vie dans des tirs imputés aux forces israéliennes près des centres de distribution alimentaire à Rafah et dans le centre de Gaza, selon le ministère de la Santé local.

Ce bilan marque la journée la plus meurtrière depuis l’ouverture de ces centres, soutenus par Israël et les États-Unis, il y a un mois. Ces tirs délibérés sur des civils désespérés cherchant simplement à se nourrir soulèvent de graves questions sur les méthodes employées par Tsahal dans ce territoire assiégé où la famine guette.

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Contexte des incidents

Vers 4 heures du matin, des tirs ont éclaté au rond-point du Drapeau, à quelques centaines de mètres du centre de distribution alimentaire de Rafah, alors que des milliers de Palestiniens s’étaient rassemblés avant l’ouverture prévue.

Heba Jouda, présente sur place, rapporte que les tirs semblaient provenir de plusieurs directions, obligeant la foule à se disperser pour se mettre à l’abri. Mohamed Abed, un autre témoin, décrit une scène de panique où les gens tentaient d’échapper aux balles.

L’hôpital de campagne de la Croix-Rouge, situé à proximité, a reçu environ 200 blessés, un record selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). La veille, 170 personnes, principalement touchées par des tirs, avaient été admises dans cet établissement.

Le ministère de la Santé, contrôlé par le Hamas, précise que 33 victimes ont été tuées près du centre de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) à Rafah, et une autre en se rendant à un centre dans le centre de Gaza. Quatre personnes supplémentaires, sans lien direct avec les centres, ont également été tuées ailleurs dans l’enclave.

Les centres de distribution, gérés par la GHF, une organisation privée soutenue par les États-Unis, visent à fournir de l’aide alimentaire à une population confrontée à une pénurie critique. Cependant, l’accès à ces centres reste dangereux, les Palestiniens devant traverser des zones sous contrôle militaire israélien.

Le rond-point du Drapeau, point de passage clé vers le centre de Rafah, est souvent le théâtre de tirs, selon des témoignages. Les autorités sanitaires rapportent que la situation s’aggrave, les blessés affluant dans des hôpitaux déjà débordés par le manque de ressources médicales.

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Réactions et déclarations

L’armée israélienne n’a pas fourni de commentaire immédiat sur les tirs de lundi. Dans des incidents similaires, elle a indiqué que ses forces effectuaient des tirs de semonce contre des individus s’approchant de leurs positions, sans préciser si ces tirs avaient causé des victimes.

Un porte-parole de la GHF a déclaré à l’Associated Press que les incidents se produisent en dehors des heures d’ouverture officielles ou lorsque des individus tentent d’emprunter des raccourcis pour atteindre les centres.

Pour répondre à ces problèmes, l’organisation a ajusté ses horaires, passant des distributions nocturnes à des créneaux diurnes afin de renforcer la sécurité. Cependant, ces mesures n’ont pas empêché de nouveaux incidents, selon les rapports locaux.

Le ministère de la Santé de Gaza attribue la responsabilité des violences aux forces israéliennes, accusées de tirer sur des civils cherchant à accéder à l’aide. Les témoignages de survivants, comme celui de Jouda, qui a effectué plusieurs trajets pour nourrir sa famille, soulignent l’intensité des tirs et l’absence de zones sûres.

Le CICR, de son côté, appelle à une meilleure protection des civils et à un accès sécurisé à l’aide humanitaire, mettant en garde contre l’impact des violences sur les infrastructures médicales.

drapeau israel palestine

Crise humanitaire à Gaza

La population de Gaza fait face à une pénurie alimentaire critique après deux mois et demi de blocus total imposé par Israël, partiellement levé depuis un mois pour permettre l’entrée d’une aide limitée.

Les réserves alimentaires se sont épuisées, forçant les habitants à risquer leur vie pour atteindre les centres de distribution. Selon le ministère de la Santé, des centaines de personnes ont été tuées ou blessées dans ces tentatives depuis l’ouverture des centres. Les ONG, dont le CICR, signalent une hausse des cas de malnutrition, particulièrement chez les enfants, en raison des restrictions sur l’aide.

Les Palestiniens décrivent un dilemme cruel : mourir de faim ou s’exposer aux tirs pour obtenir de la nourriture. Les centres de la GHF, bien que destinés à soulager la crise, sont devenus des zones à haut risque.

Les routes menant à ces points, comme le rond-point du Drapeau, sont sous contrôle militaire, rendant l’accès périlleux. Les hôpitaux, déjà à court de médicaments et de personnel, peinent à traiter les blessés, aggravant la crise sanitaire.

Depuis le début de l’année, la situation alimentaire s’est détériorée, les denrées de base étant presque introuvables. Les restrictions israéliennes sur les importations ont vidé les marchés, obligeant les familles à dépendre entièrement de l’aide humanitaire. Malgré l’assouplissement récent du blocus, le volume d’aide autorisé reste insuffisant face aux besoins de plus de deux millions d’habitants, selon les agences humanitaires.

Controverse autour du système d’aide et contexte général

Le système de distribution de la GHF, mis en place par Israël et les États-Unis, vise à remplacer l’opération humanitaire de l’ONU, accusée par Israël de permettre le détournement d’aide par le Hamas. Ce nouveau mécanisme, géré par une entité privée, est censé garantir une distribution plus contrôlée.

Cependant, les agences de l’ONU et des ONG, dont Médecins Sans Frontières (MSF), critiquent son inefficacité. Anna Halford, coordinatrice de MSF, a qualifié le système de « chaos mortel » devant la commission des affaires étrangères britannique, dénonçant son incapacité à répondre aux besoins de la population.

Les ONG rejettent les accusations de détournement massif par le Hamas, qualifiées de « spéculatives » par MSF. Elles estiment que le système GHF sert des objectifs militaires, notamment le déplacement de plus de deux millions de Palestiniens vers le sud de Gaza. Les experts humanitaires alertent sur un risque imminent de famine, exacerbé par les restrictions sur l’aide et les combats en cours.

La campagne militaire israélienne, lancée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a tué environ 1 200 personnes et pris 251 otages, a causé la mort de plus de 55 300 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza. Ce décompte inclut civils et combattants, sans distinction. Actuellement, 53 otages restent détenus, dont moins de la moitié seraient en vie. Les combats, combinés aux restrictions sur l’aide, aggravent la crise humanitaire, laissant la population dans une situation de précarité extrême.

IMPORTANT - À lire

Cette tragédie humanitaire à Gaza soulève des questions cruciales sur la gestion de l'aide et la protection des civils. Notre revue papier approfondit chaque mois ces enjeux géopolitiques complexes, en analysant les causes profondes des crises et en donnant la parole à des experts et témoins de terrain.

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