🔥 Les essentiels de cette actualité
- François Bayrou annonce des économies de 43,8 milliards d’euros pour 2026, avec des coupes dans les services publics. Comment cela va-t-il affecter les Français ?
- Le Premier ministre justifie ses mesures d’austérité en citant l’exemple grec. Quels sont les risques pour la France ?
- Les dépenses de l’État gelées en 2026, une année noire pour les budgets sociaux. Quelles seront les conséquences pour les citoyens ?
- La santé et les jours fériés dans le viseur : moins de remboursements et deux jours supprimés. Qui va payer le prix de ces réformes ?
François Bayrou a annoncé le 15 juillet ses décisions budgétaires pour 2026.
Le Premier ministre, fidèle à sa réputation de « grand argentier », compte bien faire des économies de plusieurs milliards d’euros. Encore des coupes dans les services publics en perspective ?
La date était cochée depuis belle lurette dans son agenda. Comme par hasard, c’est au beau milieu de l’été, quand les Français pensent plus à leurs vacances qu’à leurs portefeuilles, que Bayrou choisit de dévoiler ses « arbitrages » — un joli mot pour masquer de nouvelles ponctions.
« Il est des moments dans l’histoire des peuples où ils ont rendez‑vous avec eux‑mêmes. »
Visage crispé, l’air grave, Bayrou assure que la dette publique est « un danger mortel ». Le déficit devrait dépasser 5 % du PIB en 2025 :
« Être obligé de s’endetter tous les mois, c’est une malédiction qui n’a pas d’issue. Chaque seconde qui passe, la dette de la France augmente de 5 000 euros. »
Et pour illustrer le précipice qu’il redoute, il brandit l’exemple grec du début des années 2010 :
« N’oublions jamais cet exemple. C’est exactement ce que nous ne voulons pas. »
Année blanche, ambitions noires
43,8 milliards d’euros d’économies : c’est la somme que François Bayrou promet d’extirper du budget public.
À peine nommé, le Premier ministre avait fixé la barre à 40 milliards. Mais entre-temps, la Défense a demandé son dû — +3,5 milliards d’euros — et l’État a plié. Le budget des canons est monté d’un cran, pendant que celui des béquilles, lui, est raboté.
L’obsession du déficit sert de boussole :
« La promesse, c’est d’arrêter l’augmentation de la dette en quatre ans. Nous réaliserons un déficit de 5,4 % en 2025, 4,6 % en 2026, puis 4,1 % en 2027, 2,8 % en 2029. »
Un calendrier digne d’un horoscope budgétaire, qui repose sur une croissance idéale et des Français dociles. Tout accroc — économique, social ou politique — pourrait faire dérailler le plan.
Pour atteindre ces objectifs, la méthode est simple : geler. Tout. En 2026, les dépenses de l’État resteront bloquées au niveau de 2025. Ce que Bayrou appelle fièrement une « année blanche » est en réalité une année noire pour les budgets sociaux.
« Toutes les catégories de Français sont concernées. »
Les pensions ne seront pas revalorisées, les allocations non plus. Le barème de l’impôt sur le revenu ? Inchangé. Les salaires des fonctionnaires ? Figés. Rien ne bouge, sauf les prix à la caisse.
Et pour « montrer l’exemple », l’État ne remplacera pas un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Résultat : 3 000 postes envolés, et avec eux, un peu plus de présence humaine dans des services déjà exsangues.
Santé rabotée, jours fériés rayés, riches effleurés
La santé, elle, est clairement dans le viseur. Plutôt que d’investir, on responsabilise. Fini le remboursement intégral de certains traitements longue durée, des fauteuils roulants à recycler, des arrêts maladie à fliquer.
« Si nous ne faisons rien, les dépenses sociales vont augmenter de 10 milliards d’euros l’an prochain. Je demande que la hausse soit limitée à 5 milliards. »
Bayrou s’inquiète que « la santé ne soit pas un marché où les consommateurs sont sans limites ». On parle aussi de prévention, notamment via la vaccination, mais avec quels moyens ? Mystère.
Deux jours fériés vont aussi passer à la trappe : le lundi de Pâques, « sans signification religieuse », et le 8 mai. Officiellement, c’est pour « relancer la productivité ». Officieusement, c’est un moyen de gratter quelques milliards sans augmenter les impôts.
« Cette modification de notre calendrier va rapporter plusieurs milliards. »
Côté justice fiscale, quelques phrases bien senties sur « les plus fortunés » et les niches inefficaces. On promet un effort, mais sans calendrier, sans liste, sans chiffres.
Enfin, pour relancer l’économie, Bayrou exhume l’argument éternel du « choc de simplification ». Les lourdeurs administratives seront allégées, dit-il, pour permettre à chacun de produire plus. Un mantra entendu mille fois, rarement suivi d’effet.
« Nous devons augmenter la part de nos concitoyens qui travaillent, faire en sorte que ceux qui veulent travailler davantage puissent le faire. »
L’addition, maintenant
Les services publics, déjà à bout de souffle, s’apprêtent à encaisser une nouvelle cure d’amaigrissement. Moins de soignants, moins d’enseignants, moins de policiers ; des infrastructures vieillissantes et des files d’attente qui s’allongent.
Le gel des prestations et des retraites signifie que des millions de foyers devront absorber l’inflation sans aucun ajustement — le prix réel de l’« année blanche ».
Dans la santé, la responsabilisation promise se traduira surtout par un portefeuille davantage sollicité : participation accrue aux soins, remboursements limités, contrôles renforcés des arrêts maladie.
Quant aux deux jours fériés supprimés, ils offriront un joli cadeau de productivité… mais à qui exactement ?
Gouverner, c’est punir ?
L’histoire bégaie : austérité pour le commun, indulgence pour certains budgets stratégiques. Bayrou prétend « montrer l’exemple » en gelant les dépenses, mais la Défense reste sanctuarisée et les niches vraiment sensibles attendent toujours leur tour.
« Dans ce plan, il n’y a que des risques pour le gouvernement », concède‑t‑il, se disant « à la merci des oppositions et aux doutes de ses alliés ».
Le voilà donc qui qualifie son propre programme de « perfectible » : un pare‑feu rhétorique avant même l’incendie législatif.
Les promesses de réduction du déficit fleurissent chaque été ; les factures, elles, arrivent toujours en plein hiver.
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François Bayrou brandit l'exemple grec pour justifier ses mesures d'austérité. Mais quelles seront les conséquences réelles pour les Français ? Gel des prestations, inflation non compensée, réduction des services publics... Notre revue approfondit chaque mois l'actualité et la géopolitique pour vous aider à décrypter les enjeux.
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