Génocide arménien : découvrez pourquoi Erdogan refuse toujours de dire la vérité

génocide arménien 1915 erdogan génocide arménien 1915 erdogan

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Le 24 avril 2025 marque les 110 ans du génocide arménien, mais la Turquie d’Erdoğan ravive les ambitions panturquistes, à l’origine des massacres de 1915.
  • Le panturquisme, idéologie dangereuse du XIXe siècle, a mené à l’extermination de 1,5 million d’Arméniens. Aujourd’hui, Erdoğan soutient l’Azerbaïdjan contre l’Arménie.
  • La Turquie nie toujours le génocide, falsifie l’histoire et persécute ceux qui osent en parler. Le silence des puissances occidentales est complice.
  • Les manifestations du 24 avril 2025 dénoncent ce déni et exigent justice. Le spectre du panturquisme menace encore l’avenir de l’Arménie.

Le 24 avril 2025 marque le 110e anniversaire du génocide arménien de 1915, un événement tragique qui a coûté la vie à environ 1,5 million d’Arméniens sous l’Empire ottoman. Alors que les commémorations se déroulent à travers le monde, la Turquie, sous la direction de Recep Tayyip Erdoğan, ravive les ambitions panturquistes, une idéologie qui avait déjà servi de justification aux massacres de 1915.​

La Turquie d’Erdoğan ravive les ambitions panturquistes, 110 ans après le génocide arménien

Le 24 avril 2025, les Arméniens du monde entier commémorent les 110 ans du génocide de 1915. Ce jour-là, en 1915, les autorités ottomanes procédaient à l’arrestation et à la déportation de centaines d’intellectuels arméniens à Constantinople — marquant le début d’un massacre systématique ayant causé la mort d’environ 1,5 million d’Arméniens. En France, une manifestation est organisée à Paris, devant la statue de Komitas, pour rappeler que la mémoire de ce crime contre l’humanité ne saurait être effacée.

Et pourtant, ce même 24 avril, alors que les Arméniens pleurent leurs morts, la Turquie actuelle semble déterminée à réactiver les logiques qui ont mené à ce drame. Le régime de Recep Tayyip Erdoğan multiplie les gestes symboliques et politiques en faveur d’un panturquisme renaissant — cette idéologie expansionniste qui vise à unifier tous les peuples turcophones d’Europe de l’Est, du Caucase et d’Asie centrale sous une même bannière culturelle et géopolitique.

Sponsorisé

Le panturquisme : retour d’une idéologie dangereuse

Le panturquisme n’est pas né avec Erdoğan. Il émerge au XIXe siècle, dans le sillage des idéologies nationalistes européennes, au sein d’un Empire ottoman en déclin. Il trouve un écho particulier dans les cercles des Jeunes-Turcs, et notamment chez Enver Pacha, figure militaire de premier plan et responsable direct des campagnes d’extermination contre les Arméniens pendant la Première Guerre mondiale.

En 1915, le panturquisme n’était pas simplement une utopie culturelle : il fut le moteur idéologique d’un nettoyage ethnique. L’Empire ottoman, craignant l’éclatement de son territoire et la trahison présumée des Arméniens chrétiens en pleine guerre contre la Russie, décide de « résoudre » la question arménienne par la violence. La déportation, les marches forcées à travers le désert, les massacres de masse — tout cela fut orchestré avec une minutie administrative glaçante.

Aujourd’hui, cette même idéologie se manifeste dans le renforcement des liens entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, le harcèlement militaire contre l’Arménie, la diffusion d’un récit nationaliste agressif et la négation toujours affichée du génocide.

L’hostilité envers l’Arménie, 110 ans plus tard

La République d’Arménie, petite démocratie enclavée dans le Caucase, est encerclée par des régimes autoritaires qui lui sont ouvertement hostiles. Depuis la guerre des 44 jours en 2020, qui s’est soldée par une lourde défaite arménienne au Haut-Karabagh, l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, intensifie sa pression. Blocus, agressions militaires sporadiques, propagande négationniste : le climat est étouffant.

La récente offensive azérie qui a vidé le Haut-Karabagh de ses 120 000 habitants arméniens en septembre 2023, avec le soutien logistique et diplomatique d’Ankara, illustre la continuité d’une stratégie d’éradication culturelle. À ce jour, aucune force internationale n’a exigé de comptes à l’Azerbaïdjan ni à la Turquie.

Et pendant ce temps, nos dirigeants occidentaux, censés défendre les droits de l’homme, gardent un silence assourdissant.

Erdogan et la politique de négation de l’État turc

À ce jour, ni la Turquie ni l’Azerbaïdjan ne reconnaissent le génocide arménien. Pire encore, ils en nient activement l’existence. Le gouvernement turc s’obstine à qualifier les massacres de « déportations regrettables », sans jamais reconnaître la planification ni l’intention d’extermination.

Ce négationnisme d’État est renforcé par une politique de falsification historique : les manuels scolaires turcs présentent une version édulcorée des événements, les mémoriaux arméniens à l’étranger sont régulièrement vandalisés, et ceux qui osent parler du génocide en Turquie — comme feu Hrant Dink, journaliste arménien assassiné en 2007 — sont souvent persécutés.

Ce déni constitue non seulement une offense à la mémoire des victimes, mais aussi un danger pour le présent : une société qui nie ses crimes est une société qui peut les répéter.

Le silence complice des puissances occidentales

Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette complaisance envers un régime qui piétine les droits humains, emprisonne ses opposants, attaque ses voisins et nie un génocide reconnu par la quasi-totalité des historiens ?

La réponse tient en un mot : intérêts. Les élites occidentales, obsédées par la gestion de la crise migratoire ou la sécurisation de leurs approvisionnements énergétiques, s’accommodent fort bien du cynisme d’Ankara. En échange d’un soutien géostratégique, elles acceptent de détourner le regard sur les crimes passés… et présents.

La France, qui fut pourtant l’un des premiers pays à reconnaître le génocide arménien en 2001, reste étrangement passive. L’Union européenne, elle, continue de financer la Turquie à coups de milliards pour « contenir » les flux migratoires, comme si l’humanisme s’arrêtait à la frontière de Schengen.

L’hypocrisie des « valeurs européennes »

Combien de fois nos élites nous ont-elles martelé l’importance des « valeurs démocratiques » ? Et pourtant, quand il s’agit de défendre une nation chrétienne, assiégée à ses portes, ces grandes consciences se font muettes. L’Arménie est abandonnée à son sort, comme si son existence même était négociable.

Cette hypocrisie est insupportable. Elle révèle que les fameuses « valeurs européennes » sont à géométrie variable. Elles s’appliquent quand cela arrange Bruxelles ou Paris — mais jamais quand il s’agit d’inquiéter un allié de l’OTAN.

Génocide arménien 1915 : défendre la mémoire

Le peuple arménien, lui, n’a pas oublié. Chaque année, il descend dans la rue pour se souvenir, pour réclamer justice. La manifestation du 24 avril 2025, à Paris et ailleurs, n’est pas seulement une cérémonie du souvenir. C’est un cri contre l’oubli, une dénonciation du déni, une affirmation du droit à l’existence.

Car il ne s’agit pas uniquement de mémoire : il s’agit aussi d’avenir. Si le monde continue à fermer les yeux sur le génocide arménien, sur ses causes et ses conséquences, alors il valide une forme de barbarie qui, tôt ou tard, ressurgira ailleurs.

110 ans après, le spectre du panturquisme plane toujours, et l’Arménie, comme en 1915, reste vulnérable face à ceux qui rêvent d’un empire turc élargi. Le silence de nos élites, leur lâcheté et leur cynisme, sont autant de trahisons vis-à-vis des victimes d’hier et des peuples menacés aujourd’hui. Commemorons les morts, oui — mais refusons aussi l’amnésie et exigeons que la justice historique devienne enfin une réalité politique.

IMPORTANT - À lire

Découvrez chaque mois dans notre revue papier des analyses approfondies sur les enjeux géopolitiques liés au panturquisme renaissant et à la négation persistante du génocide arménien par la Turquie d'Erdoğan. 110 ans après ce crime contre l'humanité, le silence complice des puissances occidentales face aux ambitions expansionnistes turques est plus que jamais d'actualité.

Pour aller plus loin que cet article et comprendre les dessous de cette hypocrisie européenne, plongez dans les dossiers exclusifs de notre revue, qui décrypte chaque mois l'actualité géopolitique avec un regard critique et engagé. Une lecture essentielle pour tous ceux qui refusent l'amnésie et exigent que la justice historique devienne enfin une réalité politique.


Participez au débat, et partagez votre opinion !

Faites avancer la discussion en donnant votre avis à la communauté.