Encore un grand nom du business qui tombe… ou plutôt, qui chute sans jamais vraiment toucher le fond. Le magnat bordelais Michel Ohayon, longtemps encensé comme un redresseur d’enseignes en difficulté comme Go Sport, Gap ou Camaïeu, se retrouve aujourd’hui mis en examen pour une liste noire d’infractions qui en dit long sur les dérives du capitalisme français : banqueroute, abus de biens sociaux, escroqueries en bande organisée, abus de confiance et blanchiment aggravé.
Pendant des années, cet homme d’affaires a bâti un empire sur les ruines du commerce français. Camaïeu, Go Sport, Gap France… Autant de noms connus du grand public, rachetés à prix cassés, avec des promesses de redressement pleines de beaux discours. Résultat ? Des milliers de salariés laissés sur le carreau, pendant que les caisses, elles, se vidaient discrètement.
L’arrogance tranquille des puissants
Ohayon n’est pas n’importe qui. C’est un habitué des salons feutrés et des deals en coulisses. Alors évidemment, quand la justice commence à s’intéresser d’un peu trop près à ses comptes, le système tousse.
Mais cette fois, la machine judiciaire semble bien décidée à creuser. Il lui est désormais interdit de diriger ou gérer une entreprise, et il a dû verser 500 000 euros de caution. Une somme qui ferait suffoquer un petit artisan… mais probablement l’équivalent d’un pourboire pour un homme qui jongle avec des millions. Un symbole, certes. Mais un symbole qui arrive bien tard.
Une histoire de famille
Comme dans tout bon thriller économique, il y a un volet familial. Son épouse est également mise en examen. Les magouilles ne se limitent pas aux salles de conseil d’administration : elles s’étendent jusqu’à la sphère privée. Une affaire qui sent bon le clan, les arrangements en famille et les tiroirs-caisse partagés.
Le parquet est clair : Ohayon aurait orchestré des prélèvements massifs dans les différentes structures qu’il possédait, sans aucune justification valable, alors même que ces entreprises étaient en difficulté. Des mouvements de fonds qui allaient clairement à l’encontre de l’intérêt social. Traduction : pendant que les employés se battaient pour sauver leur emploi, lui se servait.
Des pratiques dissimulées… mais bien huilées
On ne parle pas ici de mauvaise gestion, mais bien de mécanismes financiers sophistiqués pour détourner des fonds. Le parquet évoque des opérations juridiques fictives, des dissimulations comptables, et un but clair : faire disparaître l’origine des fonds pour mieux les planquer. Le tout, pour un montant estimé à plus de 50 millions d’euros.
50 millions ! Imagine ce que ces sommes auraient pu permettre : maintenir des magasins à flot, sauver des emplois, préserver un savoir-faire local. Mais non, elles ont fondu dans les méandres opaques de holdings bien rodées.
La chute d’un empire
Camaïeu a été la première pierre à tomber, en septembre 2022. Liquidation sèche, 2 600 salariés sur le carreau. Ensuite ? Gap France et Go Sport. Même scénario. Redressement judiciaire, cession, silence radio.
Et au sommet de la pyramide ? La FIB, la holding mère, s’est elle aussi effondrée, avec un passif vertigineux de 500 millions d’euros. Un gouffre abyssal, laissé derrière un dirigeant qui a toujours su se présenter comme un sauveur… mais qui n’aura été, finalement, qu’un démolisseur en costume-cravate.
Une faillite organisée ?
On connaît le scénario par cœur : rachat opportuniste, promesses de relance, puis faillite programmée. On pompe tout ce qu’on peut, on dissimule les traces, et on laisse le contribuable ramasser la facture. Et pendant que les chômeurs s’accumulent, l’élite se planque derrière ses avocats et ses privilèges.
Michel Ohayon se tait. Son avocat aussi. Pas un mot pour les milliers de vies brisées. Pas un mot sur la débâcle sociale qu’il laisse derrière lui. Juste un silence gêné, celui de ceux qui savent qu’ils s’en tireront probablement mieux que la plupart.
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