🔥 Les essentiels de cette actualité
- Le scandale « Hermosilla » ébranle le Chili depuis 2023, révélant une collusion entre élites et corruption institutionnelle.
- Un enregistrement audio compromettant dévoile des paiements illégaux pour manipuler la justice, impliquant avocats et hommes d’affaires.
- Sergio Muñoz, ancien chef de la police, condamné mais épargné par la prison, symbolise une justice à deux vitesses.
- Le « cas Hermosilla » n’est que la pointe de l’iceberg d’un système corrompu, laissant présager d’autres révélations.
Depuis la fin de l’année 2023, le Chili est secoué par une affaire de corruption d’une ampleur inédite : le scandale « Hermosilla ». Du nom de l’avocat influent Luis Hermosilla, ce dossier a révélé un vaste réseau de collusion entre avocats, hommes d’affaires, hauts fonctionnaires et responsables de l’État.
Un enregistrement révélateur
Tout a commencé avec la diffusion dans la presse d’un enregistrement audio compromettant, capté par l’avocate Leonarda Villalobos. Dans cet enregistrement, on entend Luis Hermosilla évoquer, sans détour, des paiements illégaux destinés à soudoyer des agents du fisc et des magistrats. Le but ? Faire disparaître ou manipuler des procédures judiciaires en faveur de ses clients fortunés. L’un des noms cités est celui de l’homme d’affaires Daniel Sauer, impliqué dans plusieurs affaires sensibles.
Ce fichier audio a agi comme une détonation dans l’espace public chilien, révélant au grand jour ce que beaucoup soupçonnaient depuis longtemps : l’existence d’un système parallèle de corruption enraciné dans les institutions.
Une élite compromise
L’affaire a rapidement pris une ampleur nationale. Des enquêtes se sont succédé, mettant à nu un réseau tentaculaire où les élites se couvrent mutuellement. Un ancien chef de la police chilienne s’est retrouvé sur le banc des accusés, devenant ainsi le premier haut responsable directement impliqué dans ce scandale qui n’en finit pas de faire tomber les masques.
Considéré comme le plus grand scandale de corruption depuis la transition démocratique du Chili il y a plus de trente ans, le « cas Hermosilla » ébranle jusqu’aux fondations de l’appareil d’État. Dans ce pays d’Amérique latine longtemps vanté pour sa stabilité institutionnelle relative, le choc est profond.
Les puissants tombent un à un, pendant que les citoyens ordinaires observent, amers, comment ceux qui étaient censés faire respecter la loi l’ont en réalité bafouée avec une impunité insupportable.
La pointe de l’iceberg
Mais ce que l’on voit aujourd’hui pourrait bien n’être que la partie émergée de l’iceberg. Comme c’est souvent le cas dans ce genre d’affaire, la première vague de condamnations pourrait ne représenter qu’un début. Derrière les noms déjà exposés, combien d’autres complices, intermédiaires ou bénéficiaires restent encore dans l’ombre ? Combien sont toujours protégés par leurs relations, leurs réseaux, ou leur position sociale ?
Le peuple chilien regarde ce déballage avec un mélange de colère et de résignation. Si l’enquête actuelle semble marquer une prise de conscience judiciaire, beaucoup doutent que la machine judiciaire aille jusqu’au bout. Car pour démanteler un système enraciné, il faut bien plus que des discours et des jugements symboliques.
Sergio Muñoz : une condamnation sans prison
L’un des épisodes les plus révélateurs de cette affaire est la condamnation, en mai 2025, de Sergio Muñoz, l’ancien directeur de la Police d’investigation du Chili. Celui-ci a été reconnu coupable de violation répétée du secret professionnel. Il avait transmis des informations confidentielles à Luis Hermosilla, concernant notamment des dossiers sensibles comme le projet minier Dominga, impliquant l’ancien président Sebastián Piñera.
La sentence est tombée : trois ans et un jour de prison. Mais comme souvent dans les affaires impliquant des personnalités de haut rang, cette peine ne sera pas purgée derrière les barreaux. Muñoz bénéficiera d’un régime de liberté surveillée, évitant ainsi l’incarcération.
Cette clémence judiciaire a immédiatement suscité l’indignation. Car même lorsque les faits sont reconnus, même lorsque les aveux sont publics, même lorsqu’il s’agit d’une des plus hautes autorités policières du pays, la justice semble encore épargner les puissants. Une situation qui renforce l’image d’une justice à deux vitesses, très dure pour les petits, étrangement indulgente pour les élites.
Un système corrompu jusqu’à la moelle
Ce que révèle le scandale Hermosilla, au-delà des noms et des procédures, c’est une réalité bien plus sombre : celle d’un État gangrené par la corruption à tous les étages. Quand les avocats sont complices, quand les magistrats sont achetés, quand les chefs de la police vendent des informations sensibles, comment parler encore d’un État de droit ?
Le Chili, comme d’autres pays du monde occidental, fait face à une crise institutionnelle profonde. Une crise de confiance, mais aussi une crise morale. Et cette affaire risque de ne pas être la dernière. Derrière Hermosilla, derrière Muñoz, il y a tout un système à démasquer.
Au Chili comme ailleurs, les puissants se protègent entre eux, pendant que le peuple trinque. Mais l’éveil de la population face à cette mascarade pourrait bien être le début d’un renversement plus large.
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