« Ils ne savent pas encore ce qui va les frapper » : Mark Rutte menace directement la Chine, l’Inde et le Brésil

Mark Rutte Mark Rutte

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Après Trump, Rutte monte la pression sur les BRICS pour qu’ils influencent la Russie. Une stratégie occidentale audacieuse mais déconnectée.
  • Les BRICS, alliés commerciaux majeurs de la Russie, refusent les sanctions. Une rébellion contre l’ordre occidental établi.
  • Trump menace de tarifs sévères et de sanctions XXL contre ceux qui persistent à commercer avec Moscou. Une guerre économique en vue ?
  • Les discours comminatoires de l’Occident renforcent les fractures avec le Sud global. Les BRICS proposent une alternative basée sur la coopération.

Lors d’une rencontre avec des sénateurs américains, Mark Rutte a affirmé qu’il était « sûr » que certains pays, en particulier la Chine, pourraient être « très utiles » pour faire pression sur Moscou.

Encore un de ces stratèges occidentaux persuadé que Pékin va gentiment faire le sale boulot à sa place.

Il faut croire que certains dirigeants vivent dans un monde parallèle où les grandes puissances émergentes renonceraient spontanément à leurs intérêts géopolitiques pour satisfaire les injonctions de l’Occident.

Pressions diplomatiques sur les puissances émergentes

Rutte a adopté un ton particulièrement direct à l’égard de Pékin, Delhi et Brasilia :

« Si vous vivez à Pékin ou Delhi, ou si vous êtes le président du Brésil, vous devriez peut-être jeter un œil à cela, car cela pourrait vous frapper très durement. »

Il a ensuite appelé ces pays à « téléphoner à Vladimir Poutine » pour l’inciter à engager des négociations de paix, faute de quoi les conséquences pourraient être « massives » pour eux aussi.

On retrouve ici cette attitude typique des classes dirigeantes occidentales: un mélange d’arrogance diplomatique et de déconnexion stratégique.

Se croyant toujours les arbitres du monde, ils multiplient les injonctions moralisantes à l’égard de puissances qui, elles, ont décidé de tracer leur propre voie — et ce, sans demander la permission.

Mais pourquoi s’en prendre précisément à l’Inde, au Brésil et à la Chine ?

Ces trois nations forment l’essentiel du commerce énergétique de la Russie.

Avec l’Afrique du Sud, elles constituent le socle des BRICS, une alliance économique qui remet en question l’ordre occidental établi. Leur refus de suivre la ligne des sanctions occidentales les place dans la ligne de mire des États-Unis et de leurs alliés.

Le Brésil, notamment, pourrait légitimement s’interroger sur cette tentative d’intimidation diplomatique. Qui, à Brasilia, accepterait de se voir dicter sa politique étrangère par des capitales qui peinent à gérer les leurs ?

BRICS

Des sanctions XXL en préparation contre les alliés commerciaux de la Russie

Le discours de Rutte s’inscrit dans une dynamique bien plus large.

Le président américain Donald Trump a récemment menacé d’imposer des « tarifs très sévères » à la Russie si aucun accord n’était trouvé pour mettre fin à la guerre en Ukraine dans un délai de 50 jours.

Plus encore, il envisage des droits de douane secondaires de 100 % à l’encontre des pays qui continueraient d’acheter du gaz, du pétrole ou de l’uranium russes. Un message clair destiné aux BRICS.

Et Trump n’est pas seul. Bien avant ces déclarations, des parlementaires américains — républicains et démocrates confondus — planchaient déjà sur un texte prévoyant des sanctions économiques d’une rare brutalité, notamment un tarif punitif de 500 % sur les importations en provenance de pays qui persistent à commercer avec Moscou.

L’Occident face à l’émancipation du Sud global

Ce type de pression explique en grande partie pourquoi de nombreux pays du Sud global prennent aujourd’hui leurs distances avec l’influence occidentale. Et honnêtement, peut-on vraiment leur donner tort ?

Les BRICS ne se contentent plus de contester l’hégémonie occidentale : ils proposent une alternative concrète, construite sur la coopération, l’indépendance économique et le respect mutuel. Une voie qui effraie ceux qui ont trop longtemps imposé leurs règles sans contrepoids.

Dans ce contexte, les discours comminatoires de responsables comme Rutte ne feront que renforcer les fractures. Croire que la résolution d’un conflit peut passer par la menace d’embargos ou de tarifs punitifs à l’encontre de puissances émergentes est non seulement naïf, mais dangereux.

À moins, bien sûr, que l’objectif ne soit pas de faire la paix… mais de prolonger encore un peu plus une guerre qui, comme tant d’autres, permettrait de préserver l’emprise des puissances atlantiques sur les équilibres mondiaux.

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