🔥 Les essentiels de cette actualité
- Le Japon qualifie ses relations avec les États-Unis de Trump de « catastrophiques », Ishiba annule sa participation au sommet de l’OTAN.
- Les taxes douanières de Trump sur les importations japonaises provoquent une chute des ventes d’automobiles de 25 %.
- Tokyo résiste aux pressions américaines sur la défense et adopte une position ambiguë face aux opérations militaires au Moyen-Orient.
- Le Japon maintient des liens privilégiés avec l’Iran, jouant un rôle d’intermédiaire discret avec l’Occident.
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a envoyé un message clair en annulant sa participation au sommet de l’OTAN à La Haye. L’absence inattendue du Premier ministre japonais traduit la fragilité des relations entre Tokyo et l’administration Trump.
Ishiba avait initialement prévu d’assister au sommet, mais il s’est retiré à la dernière minute. Il a rejoint deux autres dirigeants indo-pacifiques, le Premier ministre australien Anthony Albanese et le président sud-coréen Lee Jae-myung, qui ont également manqué l’événement.
Selon les médias japonais, Ishiba a renoncé au voyage faute de perspective d’une rencontre bilatérale avec Donald Trump ou d’une réunion des quatre partenaires indo-pacifiques de l’OTAN (IP4 : Australie, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Japon).
Le Japon reste représenté par son ministre des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, signé d’une volonté de maintenir des liens avec l’Alliance atlantique.
Les taxes douanières de Trump, un obstacle majeur
Les droits de douane imposés par Trump pèsent lourdement sur les relations entre les deux pays. Ishiba, en poste depuis septembre 2024, a tenté de nouer des liens avec l’administration Trump. Il fut le deuxième dirigeant à visiter Trump à la Maison Blanche, après le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 7 février 2025.
Pourtant, les « tarifs de libération » de Trump, avec 25 % sur les voitures japonaises et 24 % sur les autres importations, frappent durement l’économie nippone.
Les exportations automobiles vers les États-Unis ont chuté de 25 % en mai 2025 par rapport à l’année précédente, selon l’Associated Press. Six cycles de négociations n’ont abouti à aucun progrès, Tokyo réclamant des exemptions totales.
Washington exerce également des pressions pour que le Japon augmente ses dépenses de défense. Selon le Financial Times , Tokyo a annulé un sommet ministériel avec les États-Unis à cause de cette demande, bien qu’un responsable japonais ait démenti l’information.
La position ambiguë du Japon face aux opérations militaires
Le Japon adopte une posture prudente face aux récentes frappes américaines sur les installations nucléaires iraniennes. Le ministre des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, a déclaré que Tokyo « comprend » la volonté des États-Unis d’empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, sans pour autant apporter un soutien clair.
Tokyo a souvent joué les intermédiaires entre l’Iran et l’Occident. En 2019, l’ancien Premier ministre Shinzo Abe s’était rendu à Téhéran pour rencontrer le président Hassan Rohani.
Le Japon, dépendant du pétrole moyen-oriental, craint les conséquences d’un blocage du détroit d’Ormuz, menacé par l’Iran en cas d’escalade.
Contrairement au Royaume-Uni et à l’Australie, qui ont soutenu les frappes américaines, Ishiba privilégie le respect du droit international et un ordre mondial basé sur des règles. Cette position vise également à contrer les ambitions de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord, qui pourraient exploiter tout l’ensemble des normes internationales.
Une diplomatie japonaise basée sur le respect des règles internationales
En refusant de s’aligner pleinement sur Washington, le Japon cherche à préserver une cohérence diplomatique. Tokyo met sur le droit international pour stabiliser son environnement géopolitique, face aux tensions régionales avec Pékin et Pyongyang.
Le Japon diversifie aussi ses partenariats sécuritaires. Des exercices conjoints entre les garde-côtes japonais, américains et philippins ont eu lieu récemment dans les eaux japonaises. Les États-Unis pourraient également contribuer au développement des missiles de contre-attaque nippons.
Parallèlement, Tokyo renforce ses liens avec l’OTAN, l’Union européenne, l’Inde, les Philippines, le Vietnam et les membres de l’ASEAN, tout en consolidant son rapprochement avec la Corée du Sud.
Canberra envisage d’acquérir des frégates japonaises de classe Mogami pour renforcer sa marine. En cas d’échec de l’accord AUKUS avec les États-Unis et le Royaume-Uni, les sous-marins japonais pourraient offrir une alternative crédible.
Les défis de l’alliance militaire entre le Japon et les États-Unis
L’administration Trump, avec sa doctrine « America first », rend l’alliance nippo-américaine incertaine.
En début d’année, Trump a qualifié cet accord de « unilatéral », critiquant l’absence d’obligation pour le Japon de défendre les États-Unis en cas d’attaque. À Tokyo, ces déclarations ont suscité une certaine inquiétude, car le pays compte traditionnellement sur la protection américaine.
Le Japon doit désormais naviguer entre son alliance historique et la nécessité de diversifier ses partenaires.
Ishiba sous pression politique intérieure
À l’intérieur, Ishiba fait face à des défis croissants. Après avoir succédé à Fumio Kishida à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD) en septembre 2024, il a perdu la majorité à la chambre basse lors des élections anticipées. Le PLD dépend désormais des petits partis pour gouverner. Les sondages sont défavorables, alimentés par l’inflation, le coût de la vie, la stagnation des salaires et les scandales du PLD.
Dimanche, le parti a subi un revers historique à l’Assemblée métropolitaine de Tokyo, obtenant son plus faible nombre de sièges. Les élections du 20 juillet 2025 pour la chambre haute du Parlement s’annoncent cruciales. Ishiba s’est engagé à maintenir la majorité avec son allié, le Komeito. Une perte de contrôle des deux chambres pourrait le contraindre à démissionner.
L’opinion publique japonaise, majoritairement hostile à Trump, accentue la pression sur Ishiba. Ce dernier doit jongler entre les exigences américaines et les attentes domestiques, dans un climat d’incertitude géopolitique.
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