JD Vance au Groenland : Washington veut (vraiment) reprendre la main sur l’Arctique

JD Vance accuse le Danemark de négliger le Groenland, déclenchant une crise entre Washington et Copenhague sur fond d’enjeux stratégiques dans l’Arctique. JD Vance accuse le Danemark de négliger le Groenland, déclenchant une crise entre Washington et Copenhague sur fond d’enjeux stratégiques dans l’Arctique.

La visite de JD Vance au Groenland a déclenché une crise diplomatique ouverte entre Washington et Copenhague. Alors que les États-Unis affirment vouloir renforcer leur présence dans l’Arctique, leur vice-président a choisi une stratégie frontale : critiquer publiquement le Danemark pour sa négligence envers ce territoire stratégique. Une posture qui a suscité l’indignation à la fois à Copenhague, à Nuuk, et dans la rue.

Des accusations violentes contre le Danemark

Accompagné de son épouse Usha Vance, du conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, du secrétaire à l’Énergie Chris Wright et du sénateur de l’Utah Mike Lee, JD Vance s’est rendu le 28 mars à la base spatiale de Pituffik, seule implantation militaire américaine encore active au Groenland. Dans une déclaration incendiaire, il a accusé le Danemark d’avoir abandonné ses responsabilités envers le territoire arctique. « Vous avez sous-investi dans le peuple groenlandais et dans l’architecture de sécurité de cette terre incroyable. Cela doit changer. » Vance a justifié cette critique au nom de la politique du président Trump, qui place le Groenland au cœur de sa vision stratégique. La charge est claire : selon Washington, le Danemark est un allié défaillant sur un territoire jugé crucial pour la sécurité nationale américaine.

Réaction danoise immédiate et ferme

Le Danemark n’a pas tardé à réagir. Le ministre des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen a publié une vidéo dès le lendemain, dénonçant le ton agressif de l’administration Trump. « Nous sommes ouverts à la critique. Mais soyons honnêtes : nous n’apprécions pas le ton employé. Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à des alliés proches. » Un rappel appuyé à la nature historique du partenariat entre les deux pays, notamment encadré par l’accord de défense de 1951, qui autorise la présence militaire américaine sur le sol groenlandais. Le ministre a précisé que cet accord reste en vigueur et peut être renforcé, mais seulement sur la base du dialogue et du respect mutuel.

La Première ministre Mette Frederiksen a, elle aussi, rejeté les critiques américaines, rappelant les engagements militaires du Danemark aux côtés des États-Unis, de l’Irak à l’Afghanistan. Elle a qualifié son pays d’« allié bon et solide », réaffirmant que le Danemark assumait pleinement ses responsabilités dans l’Arctique.

Le Groenland ne veut ni tutelle ni domination

Côté groenlandais, la réaction n’est pas moins tranchée. La ministre des Affaires étrangères Vivian Motzfeldt a rappelé que son peuple attend de ses partenaires une coopération équitable, non une prise de contrôle. « Vous ne vous imposez pas. Vous discutez. C’est tout le principe de la politique. » Une déclaration limpide face aux tentations d’annexion ou de domination qui ressurgissent régulièrement à Washington. Un sondage récent montre d’ailleurs que 85 % des Groenlandais refusent toute appartenance aux États-Unis.

Le roi Frederik X, symbole de l’unité du royaume danois, est lui aussi monté au créneau, affirmant : « Il ne doit y avoir aucun doute sur mon amour pour le Groenland et mon attachement à son peuple. » Un message chargé de gravité dans un contexte de tensions inédites.

Des investissements danois bien réels dans l’Arctique

Pour couper court aux accusations de négligence, Copenhague met en avant ses engagements concrets. En janvier 2025, le gouvernement a annoncé un plan de 14,6 milliards de couronnes danoises (soit 2,1 milliards de dollars) pour renforcer sa présence militaire dans l’Arctique. Ce programme ambitieux comprend la construction de trois nouveaux navires adaptés aux conditions polaires, le déploiement de drones longue portée, ainsi que le lancement de satellites de surveillance. Des investissements majeurs qui visent autant à répondre aux défis géopolitiques qu’à respecter les attentes des populations locales en matière de sécurité.

Une visite sous haute tension

Initialement, le déplacement de Usha Vance au Groenland devait être purement culturel. Mais la décision de son mari de transformer ce voyage en opération politique a bouleversé l’équilibre diplomatique. Le vice-président a écourté son passage sur l’île, probablement sous la pression des protestations. À Copenhague, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade américaine. Les slogans – « Yankee, go home » – résument le sentiment général : le Groenland ne doit pas devenir un pion dans les ambitions stratégiques américaines.

Vers une désescalade ou une confrontation ?

Malgré les tensions, le ministre Løkke Rasmussen a tendu la main à Washington, affirmant que le cadre de 1951 permet une coopération militaire élargie, mais sur des bases claires. Il appelle à un dialogue constructif pour éviter que les désaccords actuels ne débouchent sur une rupture. Une ligne partagée par la majorité des responsables danois et groenlandais, qui veulent préserver l’alliance transatlantique tout en affirmant leur souveraineté.

Le Groenland, enjeu stratégique mondial

Sous la glace du Groenland se joue une nouvelle guerre froide, entre ambitions militaires, convoitises économiques et revendications identitaires. Les États-Unis voient l’île comme une pièce maîtresse du contrôle de l’Arctique, notamment face à la Russie et à la Chine. Mais pour les Groenlandais comme pour les Danois, l’enjeu est tout autre : il s’agit de protéger leur autonomie, leur territoire et leur mode de vie. Et cela passe d’abord par le respect.

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