Jean-Noël Barrot annonce que la France « soutient Harvard » et tente (en anglais) de faire la morale à Trump

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🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Le ministre français critique Trump pour les restrictions à Harvard, mais oublie le sous-financement des facs françaises. Pourquoi cette priorité?
  • À HEC, Barrot promet refuge aux étudiants américains, mais nos campus manquent de moyens. Quelle ironie!
  • La France et l’Europe veulent attirer les cerveaux US, mais nos universités souffrent. Comment résoudre ce paradoxe?

Samedi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, n’a pas hésité à critiqué la décision de Trump de restreindre l’accès des étudiants étrangers à Harvard.

« Nous sommes aux côtés des universités confrontées à la menace du contrôle gouvernemental, à la restriction de leur financement, aux contraintes sur leurs programmes ou leurs projets de recherche. »

Une nouvelle démonstration d’une diplomatie française prompte à voler au secours d’institutions d’élite outre-Atlantique… mais incapable de régler les problèmes chez elle.

Plutôt que de dénoncer le sous-financement chronique des facs françaises, nos ministres préfèrent se faire applaudir par une poignée de privilégiés.

Pas de surprise : briller à l’international passe toujours avant soigner ses propres failles.

HEC : la tribune idéale pour un discours creux

Pour livrer ses leçons de morale, le ministre a choisi la scène de la remise des diplômes de HEC, l’une des écoles les plus coûteuses de France.

À un auditoire qui paie plus de 15 000 euros par an, il a promis solidarité et refuge pour les étudiants américains malmenés par Trump :

« Nous sommes solidaires des professeurs et des étudiants de Harvard, confrontés à un stress et à une anxiété injustifiés en ce moment. »

« Si les tribunaux américains confirment les décisions d’interdire l’entrée des étudiants internationaux, la France leur offrira un endroit sûr pour terminer leurs études. »

La mise en scène est parfaite : on ouvre grand les bras à l’élite mondiale, on se donne l’air progressiste… mais on oublie que dans le même temps, nos propres campus manquent de moyens et d’infrastructures dignes de ce nom.

L’Europe et la France à l’affût des cerveaux américains

L’offensive américaine contre Harvard est devenue une aubaine pour Bruxelles et Paris, qui flairent le bon coup pour attirer les chercheurs déçus des États-Unis.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a récemment annoncé un programme d’incitations de 500 millions d’euros pour transformer l’Union européenne en « pôle d’attraction pour les chercheurs ».

De son côté, Emmanuel Macron a dévoilé en avril un plan de financement pour aider les universités françaises à accueillir ces scientifiques étrangers dans de bonnes conditions.

La Commission européenne débloque 500 millions d'euros pour attirer les chercheurs étrangers

Le paradoxe français : donneur de leçons, mauvais élève

Il est ironique d’entendre Jean-Noël Barrot dénoncer la « restriction de financement » pour Harvard alors qu’en France, c’est la norme imposée à nos universités publiques.

La « menace du contrôle gouvernemental » qu’il fustige à l’étranger est une réalité bien connue de nos enseignants et chercheurs, soumis à des réformes imposées sans concertation.

Quant au « stress injustifié » qu’il déplore pour les étudiants américains, il est quotidien pour des milliers d’étudiants français qui jonglent entre cours, petits boulots et logements hors de prix.

Offrir un « endroit sûr » aux étudiants étrangers ? Très bien. Mais avant de jouer les sauveurs du monde, encore faudrait-il rendre nos propres campus vivables et nos filières universitaires dignes de ce nom.

Posture internationale, abandon national

Trump joue avec Harvard pour régler ses comptes avec une élite intellectuelle qu’il méprise : c’est son problème.

Mais que la France parade pour défendre cette institution, tout en laissant se délabrer ses propres amphis, c’est un choix politique.

Nos dirigeants préfèrent sauver la réputation d’Harvard et s’afficher à HEC que résoudre la crise de l’université publique française.

Belle solidarité… mais bien mal placée.

IMPORTANT - À lire

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