La Garde nationale entre en action sur la frontière américaine

Il y a trois semaines, les responsables du DHS (Département de la Sécurité Intérieure) ont demandé l’envoi de 20 000 soldats de la Garde Nationale pour renforcer les contrôles migratoires.

Un mémo daté du 9 mai et signé par Andrew Whitaker, secrétaire exécutif du DHS, détaille ce déploiement massif. Selon ce document consulté, jusqu’à 3 500 membres de la Garde seront affectés à une mission baptisée « Recherche de fugitifs » on imagine aisément qu’il s’agit de traquer les clandestins ayant échappé aux autorités.

En parallèle, 2 500 autres soldats seraient mobilisés pour soutenir les centres de détention déjà surpeuplés. Cette militarisation de la frontière marque une nouvelle étape dans la gestion de l’immigration par l’administration américaine.

La question de l’efficacité des mesures

D’après la note interne, l’armée américaine prévoit de mobiliser jusqu’à 10 000 soldats pour gérer le transport des détenus et des enfants migrants non accompagnés entre les États et à l’intérieur même des États.

Parallèlement, 1 000 militaires supplémentaires seront dédiés à des missions administratives telles que la traduction de documents et l’assistance aux interrogatoires, portant ainsi à 11 000 le nombre total de militaires mobilisés.

Des questions sur la légalité et les intentions du gouvernement

Le secrétaire de l’armée Dan Driscoll a déclaré devant la commission que, bien que l’armée se prépare à fournir des forces, il n’avait aucun détail sur ce que feraient ces troupes.

Il a fermement affirmé qu’il ne déploierait pas la Garde nationale « à des fins illégales ».

Les hauts fonctionnaires restent dans le flou sur plusieurs points cruciaux, notamment sur la légalité d’envoyer des troupes d’un État à un autre.

Coordination entre Washington et les États républicains pour le déploiement militaire

Selon plusieurs sources au sein de l’administration américaine, le Pentagone finalise les discussions avec les gouverneurs pour déterminer quels États fourniront des troupes.

Il est attendu que la majorité des soldats mobilisés proviennent d’États dirigés par des républicains. Le déploiement pourrait commencer dès le mois prochain.

Les États dirigés par des républicains ont déjà pris des mesures indépendamment de Washington, comme le Texas, où le gouverneur Abbott a mis en place des barrières et renforcé la police frontalière depuis plusieurs mois.

Les villes sanctuaires dans le collimateur

Le 2 juin 2025, le Département de la Sécurité Intérieure (DHS) a publié une liste de « juridictions sanctuaires » accusées d’entraver les efforts fédéraux pour appliquer les lois migratoires, selon une source anonyme. Cette liste ciblait des villes refusant de collaborer avec les autorités fédérales, comme New York ou Chicago, dans le cadre des opérations de contrôle migratoire.

Face aux protestations des responsables locaux et de l’Association Nationale des Shérifs, dénonçant un manque de concertation, le DHS a retiré la liste. Cet incident révèle les tensions entre le pouvoir fédéral et les collectivités locales, exacerbées par le déploiement de la Garde Nationale pour renforcer les contrôles migratoires.

La mobilisation interagences

Depuis plusieurs mois, le DHS renforce massivement ses effectifs chargés de faire appliquer les lois fédérales sur l’immigration. Le FBI, le Trésor, le Bureau des alcools, tabacs et armes à feu ainsi que l’Agence anti-drogue ont détaché des milliers d’agents pour épauler l’ICE dans sa mission de contrôle migratoire sur le territoire.

La Maison Blanche a critiqué l’agence au début de l’année pour sa lenteur à arrêter les immigrés sans-papiers. Ces mesures témoignent d’une mobilisation accrue des forces fédérales, mais soulèvent aussi des questions sur l’efficacité et la coordination des différents services impliqués.

Contraste entre les approches américaine et européenne

Cette approche musclée du problème de l’immigration illégale aux États-Unis contraste fortement avec le laxisme européen.

Pédophiles, meurtriers et membres de gangs sont clairement désignés comme cibles prioritaires – pas d’ambiguïté ni de langue de bois dans ce message.

Pour la première fois, la Garde nationale pourrait être mobilisée à l’intérieur même des États-Unis pour faire respecter la loi sur l’immigration.

C’est ce qu’a affirmé jeudi le sénateur Jack Reed, principal démocrate de la Commission des forces armées du Sénat, lors d’une audition avec des responsables de l’armée.

Les records d’arrestations

Cette semaine, le DHS a battu ses records d’arrestations quotidiennes, avec 2 368 interpellations mardi et 2 267 mercredi. Cette hausse est attribuée aux « opérations renforcées » mises en place ainsi qu’à une collaboration accrue avec les forces de l’ordre locales.

Cette intensification des opérations traduit la volonté de l’administration de répondre à la pression croissante sur les frontières, mais révèle aussi les limites des dispositifs actuels face à l’ampleur du phénomène migratoire.