🔥 Les essentiels de cette actualité
- La Guinée équatoriale porte plainte contre la France à la CIJ pour récupérer un hôtel particulier de 100 millions d’euros à Paris, confisqué après la condamnation de Teodorin Obiang pour corruption.
- Malabo demande des ordonnances d’urgence pour empêcher la vente de l’immeuble, symbolisant un bras de fer diplomatique et judiciaire de longue date entre les deux nations.
- La Guinée équatoriale revendique l’immunité diplomatique du bâtiment, tandis que la France le considère comme une résidence privée sans fonction diplomatique.
- Cette affaire dépasse l’immobilier, touchant à la souveraineté et aux relations postcoloniales, avec des enjeux géopolitiques entre l’Europe et l’Afrique.
La Guinée équatoriale a déposé vendredi une plainte contre la France devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour un hôtel particulier parisien à plus de 100 millions d’euros.
Ce palace, que Malabo veut récupérer, a été saisi par les autorités françaises après la condamnation pour corruption du vice-président Teodorin Obiang.
Situé avenue Foch, à deux pas de l’Arc de Triomphe, ce bien est au cœur d’un bras de fer diplomatico-judiciaire qui sent la poudre.
La plainte, déposée le 3 juillet 2025 et rendue publique vendredi, montre que la Guinée équatoriale n’a pas l’intention de se laisser faire par Paris.
Un conflit diplomatique et judiciaire
Malabo a exigé de la CIJ des ordonnances d’urgence pour bloquer la vente de cet hôtel particulier, un bijou immobilier avec cinéma privé, hammam et robinetterie en marbre et or.
La France justifie la saisie par sa loi sur les « biens mal acquis », visant les fortunes douteuses des dirigeants étrangers. En 2021, Teodorin Obiang, fils aîné du président Teodoro Obiang, a écopé de trois ans de prison avec sursis et d’une amende de 30 millions d’euros pour corruption. Le verdict a ouvert la voie à la confiscation de l’immeuble par Paris, devenu l’emblème des excès du vice-président, surnommé le « playboy ».
La Guinée équatoriale crie au scandale, affirmant que le bâtiment servait d’ambassade, protégée par la Convention de Vienne. Paris rétorque que c’était juste le pied-à-terre luxueux de Teodorin, sans aucun rôle diplomatique.
La CIJ a déjà donné raison à la France en 2016, notant que Malabo a tenté de faire passer l’immeuble pour une ambassade seulement après le début de l’enquête, et qu’une vraie ambassade existe déjà à Paris. Mais la Guinée équatoriale ne lâche rien et remet le couvert.
Une bataille juridique au-delà de l’immobilier
Ce n’est pas la première fois que Malabo traîne Paris devant la CIJ. En 2016, le pays avait déjà tenté, sans succès, de faire valoir l’immunité diplomatique de l’immeuble.
Dans sa plainte du 3 juillet, Malabo accuse la police française d’avoir forcé l’entrée en juin, changeant les serrures comme si elle était chez elle. La Guinée équatoriale exige un « accès immédiat, complet et sans entrave » au bâtiment, dénonçant un affront à sa souveraineté. Et ce n’est pas tout : des voitures de luxe de Teodorin, saisies et vendues aux enchères en Suisse, alimentent le sentiment que la France cible les avoirs équato-guinéens sans vergogne.
La France brandit l’étendard de la lutte contre la corruption, mais Malabo y voit une justice à deux vitesses, où les nations africaines sont des proies faciles. L’hypocrisie française, qui tape fort sur les dirigeants africains tout en fermant les yeux sur ses propres élites, commence à lasser.
Les limites de la justice internationale
La CIJ, prétendue « plus haute juridiction » de l’ONU, croule sous les dossiers.
Entre l’affaire explosive Afrique du Sud contre Israël sur le génocide à Gaza et une décision à venir sur le climat, elle a du pain sur la planche.
Les ordonnances d’urgence réclamées par Malabo passent en priorité, mais les décisions de la CIJ, même contraignantes, sont souvent du vent. Exemple : l’ordre donné à la Russie d’arrêter son invasion de l’Ukraine n’a rien changé. Poutine s’en fiche, et la France pourrait bien faire pareil si la CIJ lui donne tort.
Perspectives et enjeux géopolitiques
La Guinée équatoriale accuse Paris de piétiner sa souveraineté sous couvert de morale anti-corruption, un refrain bien connu sur le continent. La France, elle, campe sur ses positions, affirmant que personne n’échappe à sa justice, même pas un vice-président africain.
Mais cette posture sonne creux quand on sait que la CIJ a déjà tranché en 2016 : l’immeuble n’a jamais été une ambassade, et Malabo joue la carte diplomatique pour esquiver.
Les observateurs guettent l’issue, car cette affaire pourrait faire tache d’huile. Si la France peut saisir des biens africains sans ciller, qu’est-ce qui empêche d’autres puissances de faire pareil ? La justice internationale, censée arbitrer, ressemble à un théâtre où les grandes nations dictent les règles.
La Guinée équatoriale tente de tenir tête, mais la partie est inégale. Paris, avec sa rhétorique anti-corruption, risque de passer pour un donneur de leçons qui choisit ses cibles selon ses intérêts.
IMPORTANT - À lire
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