🔥 Les essentiels de cette actualité
- L’attaque israélienne contre l’Iran a causé plus de 500 morts et 1 300 blessés, suscitant l’inquiétude en Turquie face à une possible escalade régionale.
- La Turquie, déjà en tension avec Israël, craint un conflit direct et renforce sa défense, tout en privilégiant la diplomatie pour éviter l’escalade.
- Les relations turco-israéliennes se sont détériorées depuis 2003, exacerbées par des incidents comme l’attaque du Mavi Marmara en 2010.
- La Turquie, puissance régionale montante, observe avec vigilance la situation au Moyen-Orient et multiplie les initiatives diplomatiques pour maintenir l’équilibre régional.
Le 17 juin, Israël a lancé une offensive contre des installations militaires et nucléaires en Iran, entraînant plus de 500 morts et 1 300 blessés, selon les rapports officiels.
L’attaque, qui a également touché des zones résidentielles et des infrastructures civiles, a suscité une vive inquiétude en Turquie.
L’opinion publique turque redoute un éventuel conflit direct avec Israël, dans un contexte de relations déjà tendues entre les deux pays. La Turquie, puissance régionale montante, observe avec vigilance l’évolution de la situation au Moyen-Orient.
Contexte des tensions turco-israéliennes
La Turquie a reconnu Israël en 1949, devenant le premier pays musulman à établir des relations diplomatiques avec l’État hébreu. Dans les années 1990, une coopération stratégique s’est développée, notamment pour contrer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2003, les relations se sont détériorées, marquées par des désaccords sur la situation des Palestiniens.
L’attaque israélienne de 2010 sur le ferry Mavi Marmara, qui a coûté la vie à dix militants turcs, a exacerbé les tensions, bien qu’une période de rapprochement ait suivi.
Fin 2023, la guerre à Gaza a conduit Ankara à suspendre ce rapprochement, qualifiant les actions israéliennes de graves violations.
Le 16 juin, à la veille de l’attaque israélienne contre l’Iran, le président argentin Javier Milei, reçu par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à la Knesset, a tenu des propos perçus comme une critique voilée de la Turquie. En évoquant l’Empire ottoman comme un refuge historique pour les Juifs, Milei a déclaré qu’un tel empire « ne sera pas rétabli de sitôt », une remarque interprétée à Ankara comme visant les ambitions régionales d’Erdogan.
Réponse turque à l’attaque israélienne
L’attaque israélienne contre l’Iran, survenue tôt le 17 juin, a été condamnée par la Turquie, qui l’a qualifiée de « non provoquée ».
Des rapports des services de renseignement américains, mentionnés par Ankara, indiquaient que l’Iran ne poursuivait pas activement un programme nucléaire. Informée à l’avance par les États-Unis, la Turquie s’attendait à une possible escalade. Dès septembre 2024, après l’assassinat par Israël du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, Ankara avait élaboré des plans d’urgence, incluant des mesures pour gérer d’éventuelles vagues de réfugiés en cas de conflit régional.
Lors de l’attaque, des radars turcs ont détecté des avions F-35 israéliens, certains ayant brièvement violé l’espace aérien turc. En réponse, l’armée turque a déployé des F-16 et des avions AWACS pour surveiller l’opération.
Un responsable proche du gouvernement a déclaré : « Ce n’est pas la guerre de la Turquie », soulignant la volonté d’Ankara d’éviter une implication directe. Pour rassurer l’opinion publique, les autorités ont partagé ces détails avec les médias, démontrant une vigilance active face aux actions israéliennes.
Initiatives diplomatiques et militaires
Pour prévenir une instrumentalisation du conflit, la Turquie a entamé en octobre 2024 des négociations avec le leader emprisonné du PKK, Abdullah Ocalan, afin d’empêcher une utilisation du groupe par des acteurs comme l’Iran ou Israël.
Par ailleurs, Ankara a engagé des discussions avec Israël, incluant des représentants syriens, pour réduire les tensions autour du contrôle de l’espace aérien syrien.
Les négociations ont freiné les plans turcs de contrôle des bases militaires en Syrie, permettant à Israël de saisir l’opportunité pour lancer son offensive contre l’Iran.
Ankara a conseillé à Israël de s’adresser directement à Damas pour les questions d’espace aérien, se dégageant d’un rôle de médiateur direct.
Le président Erdogan a multiplié les initiatives diplomatiques, contactant le président américain Donald Trump, le président iranien Massoud Pezeshkian, le président syrien Ahmed al-Sharaa et le Premier ministre irakien Mohammed Shia’ al-Sudani. Il leur a recommandé de ne pas s’impliquer dans l’escalade.
En parallèle, Erdogan a annoncé une accélération du programme de missiles balistiques turcs et un renforcement de l’industrie de défense nationale, visant à garantir l’indépendance militaire du pays.
Craintes de l’opinion publique turque
L’opinion publique turque, sensible aux questions de souveraineté, craint qu’Israël ne cible un jour la Turquie, malgré son statut de membre de l’OTAN et son intégration dans l’architecture sécuritaire occidentale.
Devlet Bahçeli, leader du Parti du mouvement nationaliste (MHP) et allié d’Erdogan, a dénoncé l’attaque israélienne comme une tentative d’« encercler l’Anatolie » et de freiner les ambitions régionales turques.
Les propos tenus ont accentué les préoccupations, nourries par le manque de preuves solides d’un programme nucléaire iranien avancé, renforçant l’idée d’une attaque israélienne injustifiée.
Les craintes sont également exacerbées par les transformations régionales, notamment la chute de la dynastie Assad en Syrie et l’affaiblissement du Hezbollah, qui ont renforcé la position d’Israël comme puissance dominante face à la Turquie.
Dynamique régionale et rôle de la Turquie
La Turquie s’est imposée comme une puissance régionale majeure depuis les soulèvements du Printemps arabe dans les années 2010. Son influence croissante lui a valu une place parmi les alliés informés à l’avance par les États-Unis de l’attaque israélienne.
Cependant, la montée en puissance d’Israël, notamment après ses campagnes contre le Hezbollah et en Syrie, place Ankara dans une position délicate. Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a souligné que la région ne devait pas être dominée par une seule puissance, y compris la Turquie, plaidant pour un équilibre régional.
Les tensions autour de la Syrie, où Israël s’oppose à l’installation de bases turques équipées de radars et de défenses aériennes, ont conduit à l’établissement d’une ligne directe entre Ankara et Tel-Aviv en avril 2025. Ces discussions, bien que progressant, n’ont pas empêché l’attaque israélienne contre l’Iran, qui a surpris de nombreux États de la région.
La Turquie, tout en renforçant sa posture militaire, continue de privilégier la diplomatie pour éviter une escalade. Erdogan a réitéré son engagement à protéger les intérêts nationaux, invoquant dans un discours publié sur X un principe ottoman :
« Pour vivre en paix, il faut toujours être prêt à la guerre. »
IMPORTANT - À lire
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