🔥 Les essentiels de cette actualité
- L’ambassadeur iranien défend le droit à l’enrichissement nucléaire pour des fins pacifiques, malgré les pressions américaines.
- L’Iran prêt à négocier, mais refuse la capitulation inconditionnelle exigée par les États-Unis.
- Les inspecteurs de l’AIEA accusés de partialité, leur accès aux sites nucléaires suspendu.
- Donald Trump affirme avoir détruit les installations iraniennes, mais les dégâts seraient moindres selon l’AIEA et des interceptions américaines.
Alors que les États-Unis continuent de jouer les shérifs atomiques, Amir-Saeid Iravani, ambassadeur iranien à l’ONU, a envoyé un message clair : l’Iran ne renoncera pas à son programme nucléaire.
Lors d’un entretien explosif accordé à CBS News dimanche 29 juin 2025, il a déclaré que l’enrichissement nucléaire de la République islamique « ne cessera jamais », car il est autorisé à des fins « énergétiques pacifiques » en vertu du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
« L’enrichissement est notre droit, un droit inaliénable, et nous voulons le mettre en œuvre. »
Voilà qui change du discours formaté qu’on nous sert à longueur d’année.
Non, Téhéran ne claque pas la porte aux négociations, mais il refuse de courber l’échine : « Une reddition sans condition n’est pas une négociation. »
L’ambassadeur a aussi expliqué que l’Iran est prêt à négocier, mais que les conditions ne sont pas réunies pour un nouveau cycle de négociations, car la proposition américaine n’est rien d’autre qu’une « capitulation inconditionnelle », un diktat.
AIEA : gendarme ou outil politique ?
Iravani a mis les pieds dans le plat : les inspecteurs de l’AIEA sont bien en Iran, mais leur accès aux sites nucléaires est suspendu.
Pourquoi ? Parce que selon Téhéran, l’agence n’agit plus de manière neutre, et aurait perdu toute crédibilité. Les inspecteurs sont notamment accusés par certains responsables iraniens d’aider Israël à justifier ses attaques.
Pressé par Margaret Brennan de condamner les appels à l’exécution du chef de l’AIEA relayés par un journal iranien proche du pouvoir, Iravani a répondu clairement : oui, il condamne.
Mais ça, nos médias préfèrent ne pas trop insister. Ça casse le récit « Iran = menace irrationnelle ».
Diplomatie façon bulldozer
Encore une fois : l’Iran n’a jamais fermé la porte à la diplomatie. Il a même proposé de transférer ses stocks d’uranium enrichi à 20 % et 60 % vers un pays tiers, ou de les maintenir sous surveillance de l’AIEA.
Ce transfert ne serait pas une ligne rouge, a précisé Iravani.
Mais ce que les États-Unis veulent, ce n’est pas une discussion, c’est une reddition.
« S’ils sont prêts à négocier, ils verront que nous le sommes aussi. Mais s’ils cherchent à nous dicter leur politique, toute négociation devient impossible », a averti l’ambassadeur.
Trump, la fanfaronnade et la réalité
Donald Trump a affirmé que les frappes sur les installations iraniennes ont tout détruit.
Sauf que même Rafael Grossi, directeur de l’AIEA, interrogé lui aussi par CBS, parle seulement de « dommages sérieux ». Rien n’a été « anéanti ».
Grossi a expliqué que l’Iran pourrait reprendre l’enrichissement en quelques mois grâce à ses centrifugeuses intactes.
Trump a aussi démenti que l’Iran ait déplacé 400 kg d’uranium enrichi à 60 % avant les frappes sur Fordow, centre du programme d’enrichissement, qualifiant d’« absurde » l’idée que les Iraniens auraient eu le temps de cacher quoi que ce soit.
Pour lui, les véhicules aperçus étaient probablement des maçons venus sceller des tunnels, et « tout l’endroit a été détruit ».
Mais le Washington Post révèle que les États-Unis ont intercepté des communications iraniennes indiquant que les dégâts étaient bien moindres que prévu.
« Le week-end dernier, les États-Unis ont mené avec succès une frappe de précision massive contre les installations d’enrichissement nucléaire iraniennes, une frappe extrêmement efficace. Elle a été baptisée « OBLITERATION ». Cet incroyable exercice de force américain a ouvert la voie à la paix, avec un accord de cessez-le-feu historique… »
Israël hors contrôle
Pendant qu’on surveille chaque centrifugeuse iranienne, Israël continue de stocker des armes nucléaires dans l’indifférence générale. Pas de traité, pas d’inspection.
Quand l’Iran répond à une agression, il est automatiquement diabolisé.
Le chef d’état-major iranien, Abdolrahim Mousavi, a prévenu lors d’un appel au ministre saoudien de la Défense que le cessez-le-feu avec Israël ne signifie rien s’il n’est pas respecté.
Contrairement à ce qu’on entend, l’Iran n’a pas cherché la guerre. Il a répondu à une attaque.
« Comme nous doutons totalement que l’ennemi honore ses engagements, y compris le cessez-le-feu, nous sommes prêts à lui donner une réponse ferme en cas de récidive. » – Abdolrahim Mousavi.
Qui décide de qui a le droit d’être souverain ?
Ce qui se joue ici, ce n’est pas juste un bras de fer autour de quelques kilos d’uranium. C’est la tentative d’un pays de conserver sa souveraineté technologique face à des puissances qui n’acceptent que des États clients.
L’hypocrisie est flagrante : ceux qui disposent d’arsenaux nucléaires imposent leurs conditions à ceux qui n’en ont pas. Ceux qui refusent les inspections dictent les règles à ceux qui y sont soumis. Et ceux qui mènent des frappes se présentent comme les garants de la paix.
La réalité, c’est que dans cet ordre international bancal, la légitimité ne repose pas sur les faits, mais sur le camp auquel on appartient. Voilà le vrai danger.
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