🔥 Les essentiels de cette actualité
- L’UE tente de séduire l’Inde malgré ses liens avec la Russie, mais New Delhi résiste.
- Les manœuvres militaires russes inquiètent l’Europe, qui craint une alliance indo-russe renforcée.
- Washington menace de sanctions, tandis que Bruxelles joue un double jeu pour un accord commercial.
- L’Inde privilégie ses intérêts économiques et consolide sa coopération avec Moscou.
La haute diplomate de l’UE, Kaja Kallas, et le négociateur en chef sur le commerce, Maroš Šefčovič, ont présenté mercredi 17 septembre une stratégie UE-Inde dans le cadre de la volonté de l’Europe de bâtir de nouvelles alliances dans un monde secoué par les défis de Donald Trump à l’ordre d’après-guerre.
Personne ne se voile la face sur les désaccords avec New Delhi. Cette semaine, les Indiens ont envoyé leurs troupes participer aux manœuvres russes « Zapad » en Biélorussie. Ces exercices militaires, orchestrés par Moscou, simulent ouvertement un conflit armé contre l’OTAN.
Venue d’Estonie, un petit État balte en première ligne face au géant russe, Kallas n’a pas mâché ses mots :
« C’est une grande préoccupation pour nos pays. Si vous souhaitez resserrer vos liens avec nous, pourquoi participer à des exercices qui représentent une menace existentielle pour nous ? »
Et d’ajouter :
« Il y a des domaines de désaccord clairs qui empêchent une coopération plus poussée. »
Pourtant, malgré ces critiques, Bruxelles prend soin de ne pas aller trop loin : officiellement, l’Europe ne voudrait pas pousser l’Inde dans « le coin de la Russie ». Hypocrisie évidente : Bruxelles sait que l’Inde a déjà choisi sa voie.
Pétrole russe : l’Inde assume, Bruxelles s’agace
Sur le sujet des importations indiennes de pétrole russe, Kallas a reconnu :
« Nous soulèverons toujours ces questions. Mais pour l’instant, on n’arrive pas à se comprendre là-dessus. »
Tout est dit. Fidèle à son arrogance, l’UE s’agace qu’un pays souverain décide librement avec qui commercer. Mais l’Inde ne cède pas : elle privilégie ses propres intérêts économiques, quitte à froisser Bruxelles.
D’ailleurs, la coopération indo-russe se consolide. L’annonce de l’accord commercial entre Moscou et New Delhi a précédé de peu un appel entre Vladimir Poutine et Narendra Modi.
Les deux dirigeants ont préparé la venue du président russe en Inde en décembre, un déplacement qui va bien au-delà d’une simple visite de courtoisie.
Washington agit, Bruxelles tergiverse
Face à la montée des échanges entre l’Inde et la Russie, les États-Unis veulent imposer leur logique de confrontation. Trump menace d’appliquer jusqu’à 100 % de droits de douane à l’Inde et à la Chine, deux pays qui continuent de commercer librement avec Moscou.
Une stratégie de sanctions à outrance qui cherche à étrangler la Russie, sans se soucier des conséquences économiques mondiales.
Washington exige que l’UE s’aligne, mais Bruxelles joue double jeu. Nos dirigeants refusent officiellement d’adopter de telles taxes, uniquement parce qu’ils espèrent décrocher un accord commercial avec l’Inde avant la fin de l’année.
Interrogé sur ce point, Šefčovič a éludé, assurant que l’Union disposait déjà de « mesures fortes » contre le contournement des sanctions.
Il a ajouté :
« Nous travaillons bien sûr en étroite collaboration avec les États-Unis, mais aussi avec d’autres partenaires du G7, car nous pensons que si le G7 agit de la même manière, l’impact sera bien sûr beaucoup plus fort. »
Une déclaration qui démontre surtout une chose : Bruxelles reste prisonnière de la logique américaine, sans jamais défendre une véritable voie autonome ni reconnaître la souveraineté des autres puissances comme l’Inde.
Bruxelles joue en coulisses, l’Inde avance
Questionnée sur l’impact des relations indo-russes dans les négociations commerciales, Kallas a botté en touche. Elle a affirmé que l’UE devait tenir compte de ses intérêts, de ses préoccupations et de ses « points problématiques ».
« Des négociations sont des négociations et tant que nous ne sommes pas d’accord sur tout, rien n’est conclu », a-t-elle déclaré.
Dans le même temps, Šefčovič s’est vanté que l’UE était devenue le premier partenaire commercial de l’Inde, surpassant même les États-Unis et la Chine. Selon lui, les échanges ont bondi de 90 % en dix ans, faisant de l’Union l’un des principaux investisseurs en Inde.
Et comme toujours, les technocrates européens en veulent encore plus :
« Et pourtant, je suis absolument convaincu que nous n’avons fait qu’effleurer la surface », a-t-il déclaré avec son enthousiasme habituel.
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