Macron remet le couvert avec un nouveau conseil de défense consacré aux Frères musulmans

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🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Macron convoque un nouveau Conseil de défense pour relancer une offensive politique sous couvert de sécurité. Un cadre exceptionnel réutilisé pour des fins controversées.
  • Une nouvelle loi attendue fin été, avec adoption express d’ici fin d’année. Durcissement inédit de l’arsenal administratif et financier.
  • Le Conseil élargit les dissolutions aux fonds de dotation et crée un régime coercitif pour liquider les biens. Un pouvoir inédit de démantèlement matériel.
  • Derrière ces mesures, une tentative d’étendre la répression à toute forme de dissidence. Des outils conçus pour viser bien au-delà de l’islam politique.

Lundi matin, Emmanuel Macron a de nouveau convoqué un Conseil de défense, cette fois encore autour du rapport controversé commandé par le ministère de l’Intérieur sur « l’entrisme des Frères musulmans ».

Un cadre exceptionnel, normalement réservé aux questions militaires et stratégiques, réutilisé pour relancer une offensive politique sous couvert de sécurité intérieure. Rien que ça.

Aux côtés du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, d’Élisabeth Borne (Éducation) et de Marie Barsacq (Sports), Macron a annoncé une nouvelle loi, attendue pour la fin de l’été, avec une adoption express d’ici la fin de l’année.

Palais de l'Élysée - Conseil de défense,  entrisme islamique

Un durcissement inédit de l’arsenal administratif et financier

Cette session a acté un renforcement net des moyens administratifs et financiers, calqués sur les outils antiterroristes.

Le président confirme la création d’un mécanisme inédit de gel des apports monétaires, étendu au-delà des seuls cas liés au terrorisme. La subtilité, c’est fini.

Le champ des dissolutions administratives s’élargit : désormais, ce ne sont plus uniquement les associations mais aussi leurs fonds de dotation qui pourront être visés.

Objectif : tarir les sources de financement des structures jugées « problématiques ».

Autre nouveauté majeure : un « régime coercitif de dissolution des biens ». Concrètement, l’administration pourra saisir un tribunal pour désigner un curateur chargé de liquider les actifs des organisations dissoutes. Un pouvoir inédit de démantèlement matériel.

https://twitter.com/CerfiaFR/status/1925151974565073197

Le Conseil durcit aussi les sanctions financières : les associations ne respectant pas le fameux « contrat d’engagement républicain » pourront être soumises à des astreintes journalières, une pression financière lourde qui menace toute structure indépendante ou critique.

Parallèlement, l’État allonge les délais de prescription concernant l’interdiction des « ouvrages illicites » et renforce la lutte contre la provocation à la discrimination ou à la violence.

Dernier coup de pression : un encadrement renforcé de la formation des imams, avec l’objectif déclaré de « sortir d’une trop grande dépendance aux pays d’origine ». Contrôle religieux à la sauce gouvernementale.

Un texte de loi est donc attendu pour la fin de l’été, avec une adoption prévue en fin d’année.

Macron lui-même le dit : il faut « remettre en perspective un sujet important », sur fond de ce rapport de mai évoquant une « menace pour la cohésion nationale » portée par un islamisme diffus, « par le bas ».

https://twitter.com/NaemBestandji/status/1942271682791784539

Vigilance face à l’instrumentalisation

Derrière ces mesures, difficile de ne pas percevoir une tentative d’expérimentation pour étendre la répression à toute forme de dissidence.

L’élargissement du champ des dissolutions aux fonds de dotation, la création du régime coercitif pour liquider les biens, les astreintes financières : voilà un arsenal inédit, calibré pour viser bien au-delà de l’islam politique.

Ces outils, conçus initialement pour un ennemi précis, peuvent très rapidement s’appliquer à n’importe quel groupe, mouvement ou association qui dérange le pouvoir.

La multiplication des contrôles financiers, la mise sous tutelle des ressources, confèrent à ces mesures une souplesse inquiétante, prête à broyer toute opposition.

Au fond, il ne s’agit pas seulement d’éradiquer une menace spécifique, mais d’installer un cadre juridique adaptable pour museler toute contestation.

Reconnaître la menace sans se laisser manipuler

Nier la menace islamiste serait une erreur. Le radicalisme violent existe, il est bien réel et sévit dans certains milieux.

La sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme sont des enjeux légitimes.

Mais le vrai sujet, celui qu’on évite soigneusement, c’est la manière dont l’État instrumentalise cette peur.

Une fois de plus, la crainte de l’« entrisme » sert de prétexte pour légiférer bien au-delà du domaine sécuritaire, installant une répression généralisée qui impacte toute la société.

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