🔥 Les essentiels de cette actualité
- Macron rompt le silence sur l’affaire Bétharram à Lourdes, mais trop tard selon les victimes. Découvrez son discours et les réactions.
- François Bayrou accusé de complicité par omission dans les abus à Bétharram. Les détails troublants de son inaction.
- Le plan « Avenir Lourdes » dévoilé avec 97 millions d’euros, mais seulement 30% de l’État. Analyse des promesses et des financements.
- Macron évoque les victimes avec des mots calibrés, mais la justice reste en retard. Les défis et les espoirs des victimes.
Jusqu’à tout récemment, Emmanuel Macron avait soigneusement évité de s’exprimer publiquement sur l’affaire Bétharram.
Ce n’est que le 16 juillet, lors d’un déplacement à Lourdes, qu’il a daigné s’exprimer, et encore, dans un cadre bien choisi : un entretien avec la presse régionale, sollicité par Sud Ouest.
Pourtant, le scandale ne date pas d’hier. Depuis février 2025, plus de 200 victimes ont livré des témoignages glaçants sur des viols, des agressions sexuelles et physiques perpétrés au sein de l’institution catholique de Lestelle-Bétharram.
Ces récits ont été rendus publics grâce au travail de fond d’un collectif de survivants, qui ont rassemblé les plaintes, accompagné les victimes, et surtout, mis fin à des décennies de silence.
Pendant ce temps, le président se faisait remarquer par son absence. Un silence assourdissant, dénoncé par les victimes elles-mêmes, comme une forme de trahison.
Macron, si prompt à donner des leçons de morale quand ça l’arrange, a cette fois perdu sa voix.
Bayrou, complice par omission ?
L’affaire prend une tournure encore plus sulfureuse lorsqu’on y ajoute le nom de François Bayrou.
Le Premier ministre est accusé d’avoir été informé, dès la fin des années 90, des abus qui se déroulaient à Bétharram. Et pourtant, aucune mesure, aucun signalement, aucune protection mise en place.
Les faits sont graves : des enfants abusés en toute impunité, et une classe politique qui regarde ailleurs. À ce stade, ce n’est plus de la négligence, c’est de la complicité passive. Mais fallait-il s’attendre à autre chose de ceux qui se protègent entre eux depuis toujours ?
Lourdes : opération vérité ou mise en scène ?
Ce déplacement présidentiel à Lourdes aurait pu être l’occasion d’une véritable prise de position forte. Ce ne fut qu’une opération de communication de plus.
Le plan « Avenir Lourdes » était au programme, avec ses 97 millions d’euros de promesses, dont seulement 30% proviennent de l’État. Le reste ? Pioché ailleurs, dans nos poches.
Macron a pris soin d’apparaître au côté du maire Thierry Lavit, ravi de l’aubaine : « Quatre ans après, sur un plan de 97 millions d’euros, on en a réalisé 87 ».
Une compassion à géométrie variable
Au lieu de parler sécurité, pouvoir d’achat ou justice sociale, le président a décidé de se concentrer sur des promesses floues et un calendrier incertain.
Et lorsqu’il évoque enfin l’affaire Bétharram, c’est avec des mots calibrés, léchés, comme à son habitude :
« Face aux victimes et à leurs familles, je veux dire que nous pensons à ceux qui ont été marqués par ces violences et ce silence étouffant. On parle de traumatismes, parfois de vies brisées, pas juste de statistiques. La parole qui se libère est essentielle. »
Derrière ces belles phrases se cache une cruelle réalité : la plupart des victimes se battent seules, face à une justice qui traîne, une administration qui les écrase, et un pouvoir qui fait mine d’écouter sans jamais vraiment agir.
La justice, encore et toujours en retard
« Il faut accompagner les victimes et leurs familles et que partout où la justice puisse passer, elle passe. Durant le premier quinquennat, nous avons fait évoluer le droit, les délais de prescription… »
Combien de fois avons-nous entendu ça ? Des discours pleins de volonté, mais une justice exsangue.
Trop peu de moyens, trop de dossiers, trop de lenteur. La réalité, c’est que beaucoup de victimes doivent attendre des années pour obtenir une réponse, quand elles n’abandonnent pas tout simplement.
Et là encore, Macron botte en touche sur la question de l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs :
« Ça n’est pas à moi de le dire comme ça. Je pense que ce qu’on a fait permet déjà d’aller assez loin. Je ne veux pas l’exclure, mais je ne pense pas que le caractère imprescriptible soit une solution, que ce soit la bonne voie, parce qu’après on n’arrive pas à retrouver les choses. En revanche je pense que le travail doit être conduit. »
Traduction : pas de changement en vue. Pendant que les victimes rament pour faire valoir leurs droits, les agresseurs peuvent dormir tranquilles.
Et pendant ce temps-là…
Pendant que Macron déroule son discours bien ficelé, d’autres problèmes passent à la trappe : l’abandon des petits commerces, le pouvoir d’achat en chute libre, les écoles et les hôpitaux qui crèvent à petit feu. Mais Lourdes, elle, a eu droit à sa dose d’attention.
« L’aéroport de Tarbes va devenir le cœur du transport de pèlerins et de l’attraction touristique. »
Encore un miracle politique pour les amis du pouvoir. Les territoires amis du pouvoir sont soignés, les autres peuvent attendre.
La mise en scène finale
À Lourdes, fidèle à sa méthode, le président a choisi un cadre bien balisé pour s’exprimer : un moment feutré avec la presse régionale, loin du tumulte médiatique national.
Pourquoi ce sujet crucial n’est-il pas abordé devant tous les Français ? Pourquoi cette prudence, ce dosage, cette retenue ?
Ce déplacement ressemble à tant d’autres : une chorégraphie bien huilée, un plan présenté à grand renfort de promesses, et quelques phrases convenues pour calmer la tempête.
Ce qui se joue ici dépasse largement la simple communication politique. Il s’agit d’un déni institutionnel de la gravité du scandale et de la souffrance des victimes.
IMPORTANT - À lire
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