🔥 Les essentiels de cette actualité
- Mahdieh Esfandiari, Iranienne de 35 ans, arrêtée à Lyon pour apologie du terrorisme. Enseignante et militante propalestinienne, elle est accusée de messages justifiant les attentats d’octobre 2023.
- Le silence des autorités françaises contraste avec la réaction diplomatique de Téhéran. Aucune communication officielle depuis son arrestation le 28 février 2025.
- L’arrestation d’Esfandiari s’inscrit dans un contexte tendu entre Paris et Téhéran, évoquant un bras de fer diplomatique. Une justice sélective qui pose question.
Mahdieh Esfandiari : une ressortissante iranienne arrêtée à Lyon dans l’indifférence générale.
Le 28 février 2025, Mahdieh Esfandiari, Iranienne de 35 ans, enseignante à l’université Lumière Lyon 2 et militante propalestinienne, a été arrêtée à Lyon. Depuis, aucune communication officielle des autorités françaises n’a été diffusée. Sa famille, sans nouvelle, s’est tournée début mars vers les autorités iraniennes, déclenchant une réaction diplomatique de Téhéran.
Arrestation de Mahdieh Esfandiari : les chefs d’inculpation révélés
Le parquet de Paris a confirmé le 12 avril que Mahdieh Esfandiari avait été mise en examen pour « apologie du terrorisme » et placée en détention provisoire. Selon le ministère public, elle est également poursuivie pour « provocation en ligne au terrorisme », « injures liées à l’origine ou à la religion » et pour avoir refusé de remettre aux enquêteurs les codes de déverrouillage de ses comptes X et Telegram.
L’affaire a débuté par un signalement du ministère de l’Intérieur concernant un compte Telegram accusé d’avoir relayé des messages justifiant les attentats du 7 octobre 2023 en Israël et diffusant des propos injurieux envers la communauté juive. Le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a ouvert une information judiciaire le 7 novembre 2024. Deux membres du collectif visé ont été arrêtés le 28 février 2025, dont Mahdieh Esfandiari.
Une diplomatie à deux vitesses
Alors que la diplomatie française s’active lorsqu’il s’agit de faire libérer des Français détenus à l’étranger, l’affaire Esfandiari semble s’enliser dans un flou entretenu. La République islamique d’Iran a demandé à Paris de clarifier les motifs de l’arrestation, par la voix de son porte-parole Esmaeil Baghaei, sans obtenir à ce jour de réponse publique.
Ce silence contraste avec le traitement réservé aux cas similaires à l’étranger. Cécile Kohler et Jacques Paris, deux ressortissants français arrêtés en Iran en 2022 pour « espionnage », sont détenus depuis plus de 1000 jours dans la prison d’Evin dans des conditions dénoncées par le Quai d’Orsay comme relevant de la torture. Le 2 avril, le ministre Jean-Noël Barrot a annoncé que la France allait porter plainte devant la Cour internationale de justice, évoquant des « violations inacceptables » de leurs droits.
Un précédent : l’affaire Bashir Biazar
L’arrestation controversée de Mahdieh Esfandiari fait écho à un précédent récent. En juin 2024, Bashir Biazar, ressortissant iranien de 42 ans soupçonné d’être un « agent d’influence » au service de Téhéran, avait été placé en détention administrative à Metz avant d’être expulsé. Le ministère de l’Intérieur justifiait cette décision en s’appuyant sur ses prises de position pro-Gaza publiées sur les réseaux sociaux. Là encore, la ligne entre opinion militante et menace à l’ordre public s’était montrée particulièrement poreuse.
Téhéran avait dénoncé une affaire politique visant à exercer une pression indirecte pour négocier la libération des Français détenus en Iran. Dans le cas de Mahdieh Esfandiari, le silence des deux parties – Paris comme Téhéran – renforce le sentiment que l’on se trouve dans une zone grise diplomatique où règne la négociation discrète plutôt que le droit.
L’Iranienne Mahdieh Esfandiari est bien emprisonnée en France Cette traductrice, qui avait disparu à #Lyon le 28 février, est détenue à la prison de #Fresnes. Par @arminarefi ⤵️ l.lepoint.fr/UE8
Une justice sélective
L’emballement judiciaire dans cette affaire pose question. Lorsqu’il s’agit de sujets sensibles comme le conflit israélo-palestinien, certaines opinions deviennent rapidement des délits. Tandis que des discours haineux avérés circulent impunément, d’autres sont immédiatement qualifiés d’apologie du terrorisme.
Ce ciblage sélectif montre une justice instrumentalisée, prompte à frapper fort sur certains profils, tout en laissant passer sous silence d’autres violations.
Arrestation de Mahdieh Esfandiari : un enjeu dans le bras de fer France-Iran
L’arrestation d’Esfandiari s’inscrit dans un contexte tendu entre Paris et Téhéran. L’Iran détient aujourd’hui une vingtaine de ressortissants occidentaux ou binationaux. Les ONG et chancelleries accusent la République islamique d’en faire des pions dans un bras de fer diplomatique. Officiellement, la France affirme ne céder à aucune contrepartie. Officieusement, les tractations existent.
Aucune preuve ne permet de relier directement le cas Esfandiari à celui de Kohler et Paris. Mais le parallèle saute aux yeux. Surtout depuis que des démarches ont été entreprises par Mahdieh Esfandiari pour obtenir un accès consulaire, démarche qui pourrait ouvrir la voie à une régularisation diplomatique plus large. Un éventuel « geste de bonne volonté » de Paris envers Téhéran ? L’avenir le dira.
L’affaire Mahdieh Esfandiari, au croisement du militantisme, de la justice et de la diplomatie, révèle les tensions croissantes entre liberté d’expression et sécurité nationale. Son arrestation à Lyon pourrait bien devenir un symbole de la manière dont la France traite certains discours critiques dans un climat international de plus en plus tendu.
IMPORTANT - À lire
Pour aller plus loin sur l'affaire Mahdieh Esfandiari et ses implications géopolitiques, découvrez notre revue mensuelle. Chaque mois, nous analysons en profondeur les tensions entre liberté d'expression et sécurité nationale dans un monde de plus en plus polarisé.
Notre équipe d'experts décrypte pour vous les enjeux diplomatiques complexes qui se cachent derrière les arrestations controversées comme celle d'Esfandiari. Plongez au cœur des relations France-Iran et des négociations discrètes qui façonnent l'actualité internationale, grâce à notre revue papier exclusive.