🔥 Les essentiels de cette actualité
- Marine Le Pen affirme son rôle dans les consultations sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, critiquant le « théâtre orchestré » de Macron.
- Elle recadre fermement Jordan Bardella, soulignant sa suprématie au sein du RN et son ambition pour 2027.
- Des tensions feutrées émergent, avec Le Pen rappelant à Bardella ses limites, malgré son ascension dans les sondages.
En Nouvelle-Calédonie, Marine Le Pen a clairement affirmé sa volonté de participer aux consultations à venir sur l’avenir institutionnel de l’archipel, consultations annoncées par Emmanuel Macron pour la mi-juin, après l’échec cuisant des dernières négociations.
« Demain, je peux être amenée, si je suis élue, si les Français me font confiance, à avoir une part active dans les décisions qui pourraient être prises. »
C’est ce qu’elle a déclaré avec une ambition à peine dissimulée.
Une fois de plus, on nous rejoue la comédie d’une démocratie locale, sous contrôle étroit de Paris.
Ces « consultations » voulues par Macron ne ressemblent-elles pas à un théâtre bien orchestré, où les conclusions sont décidées d’avance ? Que peut-on sérieusement attendre d’un président qui a si souvent démontré son mépris pour la voix populaire ?
La candidate du Rassemblement National espère visiblement se positionner comme interlocutrice de premier plan dans ce dossier explosif.
Mais combien de promesses électorales, toutes tendances confondues, ont été balayées sitôt le pouvoir conquis ?
Les habitants de l’archipel méritent mieux que ces jeux d’appareil.
Une stratégie claire : Le Pen reprend la main
Forte de son score solide de 40 % en Nouvelle-Calédonie lors de la présidentielle de 2022, Marine Le Pen revient sur l’archipel pour y affirmer son autorité politique. Elle le martèle sans détour : elle reste la candidate naturelle de son camp pour 2027.
Quand la presse a évoqué l’idée d’une visite conjointe avec Jordan Bardella, la cheffe de file du RN a immédiatement recadré les choses :
« Je ne suis pas sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problèmes de la Nouvelle-Calédonie. On partage nos talents. »
Derrière cette formule, le message est limpide : Marine Le Pen tient les rênes, et elle entend le faire savoir. Ce recadrage, à peine voilé, rappelle que dans une structure politique aussi verticale que le RN, même les héritiers désignés doivent rester à leur place.
Mise au point ou tension larvée ?
Interrogée sur LCI, Le Pen a immédiatement balayé l’idée d’un conflit interne :
« Vous voulez créer un coin entre Jordan Bardella et moi, vous n’y arriverez pas. »
Elle précise que chacun a un rôle bien défini. Mais la phrase qui suit, cinglante, ne laisse guère de doute : « Pour l’instant, je suis candidate à la présidentielle. »
Difficile de ne pas y voir un avertissement à peine voilé à son jeune dauphin, dont la montée fulgurante dans les sondages commence à faire de l’ombre. Les médias se délectent déjà de cette dynamique qu’ils aimeraient présenter comme une guerre ouverte au sein du RN.
En réalité, la stratégie semble claire : Bardella est cantonné aux batailles européennes et parlementaires ; Le Pen garde la main sur la présidentielle. Et gare à celui qui tenterait de bousculer cette hiérarchie bien établie.
Bardella dans le viseur des médias… et de Le Pen ?
Quand Marine Le Pen est interrogée sur le sondage IFOP pour Valeurs Actuelles – celui qui attribue à Bardella une « stature présidentielle » aux yeux de 41 % des Français – elle répond sans détour : « Oui, je considère qu’il a la stature pour être Premier ministre. »
La nuance est subtile mais essentielle. Premier ministre, pas président. Une ligne rouge que Marine Le Pen trace avec fermeté, face à une presse trop pressée de lui chercher un successeur.
Le message est limpide : la place de leader ne se transmet pas au gré des sondages, et ce n’est pas l’enthousiasme médiatique pour Bardella qui changera la donne. La hiérarchie au RN reste inchangée. La présidence, c’est elle.
Bardella tente de colmater les brèches
Face à cette salve, Jordan Bardella tente tant bien que mal de calmer le jeu.
Un peu crispé face aux caméras, il balbutie une défense hésitante : « Elle ne dit pas que je ne connais pas le dossier. » Puis, dans une tentative de désamorcer : « Je ne m’amuserai pas à répondre à ce genre de question. »
Mais c’est déjà trop tard. Le doute est semé. Et sa tentative de contre-attaque – « Je pense que vous sortez cette phrase de son contexte » – sonne comme un réflexe de survie médiatique, bien plus que comme une vraie démonstration d’autorité.
Son explication, surtout, trahit un ton maladroit et condescendant :
« Elle est investie sur ce sujet depuis longtemps, mais je vous rassure, je connais très bien les dossiers ultramarins, notamment celui de la Calédonie française. »
Ce dernier terme – « la Calédonie française » – rarement utilisé localement, révèle une méconnaissance du terrain qui ne passe pas inaperçue.
Une guerre froide qui ne dit pas son nom
Ce psychodrame feutré au sommet du RN ressemble de plus en plus à une guerre froide interne. Pas de grandes déclarations, pas de conflits ouverts, mais des piques sibyllines, des phrases mesurées, et une tension palpable à l’horizon 2027.
Chacun marche sur des œufs. Les sourires sont crispés, les interviews calculées. Mais derrière la façade, la bataille de succession est bel et bien lancée.
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