🔥 Les essentiels de cette actualité
- Le 16 juillet 2025, François Bayrou propose Najat Vallaud-Belkacem à la Cour des comptes, une nomination controversée en pleine crise budgétaire.
- Le Canard enchaîné révèle un possible arrangement politique pour éviter une motion de censure, suscitant indignation et suspicions.
- Le processus de nomination, présenté comme un concours, est jugé opaque et léger, alimentant les critiques sur le favoritisme.
- Les réactions sont vives, du RN dénonçant une « République des copines et des coquins » à la gauche inquiète des compromis du PS.
Le 16 juillet, Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre socialiste, a été nommée conseillère maître à la Cour des comptes sur proposition de François Bayrou.
La nomination tombe au moment même où le gouvernement impose un budget d’austérité de 43,8 milliards d’euros, de quoi alimenter les soupçons de petits arrangements entre amis.
Les dessous d’une nomination controversée
Le Canard enchaîné a lâché l’info la semaine dernière : Bayrou aurait orchestré la nomination de Vallaud-Belkacem pour sécuriser la neutralité du PS face à une motion de censure sur son budget 2026.
Le communiqué du gouvernement parle d’une nomination « sur proposition » de Bayrou, mais le soi-disant « concours » n’a rien d’un parcours méritocratique.
L’arrêté du 12 mars ouvrant cinq postes de conseillers maîtres experts demande un simple dépôt de candidatures, suivi d’un décret sur proposition du président de la Cour, Pierre Moscovici – socialiste, comme par hasard – après avis d’une commission d’intégration.
L’historien Hervé Joly, spécialiste des élites, note sur X :
« L’an dernier, quatre postes ont été pourvus par trois administrateurs de l’État et une professeure d’université. Cette année, même chose… mais avec un poste bonus pour Najat Vallaud-Belkacem, la seule sans expérience dans la fonction publique. Le monde est bien fait. »
Réactions de l’ex-ministre et opacité du processus
Vallaud-Belkacem a tenté de couper court aux rumeurs sur X : « Je suis toujours réticente à faire l’honneur d’une réponse aux absurdités », s’agace-t-elle, ajoutant :
« Un étudiant en première année de journalisme saurait qu’il faut recouper les infos, et pas se contenter de recopier les vacheries susurrées par quelques malins. Pas très compliqué alors de découvrir que la voie que j’ai volontairement utilisée pour la Cour est celle du concours… »
Mais ce « concours » est un mirage. Le site de la Cour des comptes détaille un processus léger : une présélection par la DRH, un entretien de 30 minutes devant une commission d’intégration pour évaluer « compétences, motivations et aptitudes », puis un classement par mérite.
Sur 150 candidats, 28 ont été auditionnés, et Vallaud-Belkacem a décroché un des cinq postes.
Pierre Moscovici, président de la Cour, s’est empressé de défendre la nomination sur franceinfo :
« Elle est arrivée par une procédure de recrutement professionnel parfaitement objective, parfaitement collective et sans que je sois intervenu en quoi que ce soit ».
Il se dit « choqué » par les accusations de copinage, précisant s’être retiré des délibérations pour éviter tout conflit d’intérêt, ayant été collègue de Vallaud-Belkacem sous Hollande. Tant d’insistance sur le « parfaitement » sent la justification bancale.
Une nomination qui fait des vagues
Le Rassemblement National (RN) est monté au créneau :
« Avec les députés RN de la Commission des Finances, nous attaquerons devant le Conseil d’État dans les prochains jours cette nomination scandaleuse de Najat Vallaud-Belkacem », a déclaré Jean-Philippe Tanguy, dénonçant une « République des copines et des coquins ».
Ses collègues y voient la preuve d’un système qui confisque le pouvoir, récompensant les fidèles au détriment des fonctionnaires qualifiés.
Antoine Léaument (LFI) fustige :
« Ça en dit long sur la manière dont le PS est vu par ce gouvernement : des magouilleurs sans principe. J’espère que c’est faux et que le PS censurera avec nous Bayrou à la première occasion. Car la nomination ce soir de Najat Vallaud-Belkacem est inquiétante du coup… »
La Cour des comptes, censée veiller sur l’argent public, accueille une figure politique sans expertise financière avérée.
Le PS face à ses contradictions
Pour contrer les accusations de deal politique, Vallaud-Belkacem a rappelé que son mari, Boris Vallaud, a rédigé la dernière motion de censure contre Bayrou, votée par toute la gauche.
« Quant à mettre la pression sur Boris… quelle blague », a-t-elle raillé sur X.
Le PS, par la voix d’Olivier Faure, a menacé : « La seule perspective possible, c’est la censure ». Boris Vallaud a enfoncé le clou : « Rien n’immunise le gouvernement Bayrou d’une motion de censure ».
La nomination de Vallaud-Belkacem, méritée ou non (surtout non), révèle un système où les connexions priment sur les compétences, et où la transparence reste un slogan vide.
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