🔥 Les essentiels de cette actualité
- Nvidia a embauché les dirigeants clés de Groq, dont son DG et président, et signé un accord de licence pour renforcer son expertise en inférence IA, absorbant ainsi les talents sans un rachat formel.
- Cette tactique d’acqui-hire permet à Nvidia d’éviter les enquêtes antitrust et les coûts prohibitifs des acquisitions traditionnelles, comme l’a fait Meta auparavant.
- Groq, spécialiste des puces ultra-rapides pour l’IA, défiait Nvidia sur ce terrain avant ce ralliement, questionnant si cela marquera la fin de leur concurrence directe.
- Dans le contexte du libre marché américain, cette approche démontre comment les géants tech innovent sans les chaînes réglementaires imposées ailleurs.
À peine la rumeur d’un rachat à 20 milliards de dollars, relayée par CNBC, avait-elle enflé que Nvidia a contre-attaqué par une opération d’embauche ciblée des dirigeants de Groq, assortie d’un accord de licence. Groq, pépite de la Silicon Valley spécialisée dans l’inférence ultra-rapide, n’est pas à confondre avec Grok, le chatbot d’Elon Musk.
Les dirigeants de Groq, Jonathan Ross (cofondateur et directeur général) et Sunny Madra (président), rejoignent le leader mondial des semi-conducteurs, emmenant avec eux plusieurs talents clés. Une source proche du dossier balaie les spéculations d’un revers de main :
« Nvidia ne va pas acquérir Groq. »
Malgré les sollicitations, les deux entreprises sont restées muettes au-delà de leur déclaration officielle. Plutôt que de s’embourber dans un méga-deal exposé aux projecteurs, Nvidia privilégie une stratégie plus subtile : recruter les cerveaux, capter la technologie, éviter les entraves d’une acquisition formelle.
« Nvidia et (son patron) Jensen Huang sont comme Michael Jordan, le plus grand joueur de basket de tous les temps ». « Mais l’inférence, c’est comme le baseball. Et quand Michael Jordan s’est essayé au baseball, il n’a pas été très bon », critiquait Jonathan Ross en 2024.
L’acqui-hire : la parade des géants tech face aux carcans réglementaires
Face aux embuscades réglementaires qui paralysent les véritables opérations de rachat, les mastodontes de la tech américaine, à l’image de Nvidia, optent pour des embauches ciblées et stratégiques. C’est le principe de l’« acqui-hire » : un mélange d’embauche de cerveaux et d’accès privilégié à leurs technologies, parfois assorti d’une participation minoritaire.
Ce modèle, bien que connu, connaît un regain de popularité dans l’écosystème technologique. Il permet de contourner les enquêtes antitrust interminables et les coûts faramineux d’une acquisition complète, tout en stimulant l’innovation.
Prenons l’exemple de Meta, en juin dernier : le géant s’est offert 49 % de Scale AI, spécialisée dans la préparation de données pour l’intelligence artificielle, et a immédiatement recruté son fondateur, Alexandr Wang. Aucune entrave réglementaire, aucun surcoût. Groq, jeune pousse fondée en 2016 et experte en inférence ultra-rapide, s’inscrit dans cette même logique : un recrutement ciblé, doublé d’une licence technologique, sans prise de participation.
Les géants absorbent les cerveaux-clés et leurs innovations, contournant les pièges bureaucratiques qui asphyxient l’innovation ailleurs — notamment en Europe, où les règles interventionnistes freinent toute audace industrielle.

Groq défiait Nvidia sur le terrain de l’inférence avant ce ralliement stratégique
Groq s’était imposée sur le segment des puces LPU — ces Language Processing Units conçues pour l’inférence en IA générative — en misant sur une efficacité énergétique redoutable, dans un monde où l’électricité devient un enjeu stratégique.
Tandis que Nvidia règne en maître sur le développement des modèles et une multitude d’usages grâce à ses produits polyvalents, Groq misait sur une spécialisation chirurgicale pour gagner du terrain.
Cette dynamique illustre la vitalité du capitalisme technologique américain : des géants comme Nvidia captent les meilleurs cerveaux grâce à la compétition et à la liberté d’action, loin des carcans réglementaires qui brident l’innovation en Europe. Pas de bureaucratie paralysante, juste une course à l’efficacité pour s’imposer dans la guerre des puces intelligentes.
IMPORTANT - À lire
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