Pendant que l’Occident se tait, des pays du Sud suspendent les livraisons d’armes à Israël

Gaza-Bombardement-Offensive-Israël Gaza-Bombardement-Offensive-Israël

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Une douzaine de pays du Sud global suspendent les livraisons d’armes à Israël, marquant un tournant diplomatique majeur après le sommet de Bogota.
  • Les signataires, dont la Bolivie et Cuba, prennent des mesures concrètes au-delà du symbole, interdisant toute exportation et transit naval d’armes.
  • Cette initiative s’appuie sur l’avis de la CIJ, visant à mettre fin à l’impunité en Palestine, contrastant avec le silence des puissances occidentales.
  • Le geste pourrait inspirer d’autres nations, alors que Gaza compte 58 000 morts depuis le début des bombardements.

Retournement diplomatique contre Israël : plusieurs pays du Sud global coupent l’approvisionnement en armes.

Un coup de semonce bien tangible pour l’État israélien. Une douzaine de nations du « Sud global » ont frappé fort à l’issue du sommet exceptionnel sur Gaza, réuni les 15 et 16 juillet à Bogota, en Colombie, en annonçant la suspension totale de l’envoi d’armes, de munitions et de matériel militaire vers Israël.

Une décision sans précédent, qui pourrait faire date dans l’histoire de la diplomatie internationale.

Un tournant dans l’échiquier géopolitique

Cette initiative marque un changement de cap majeur, porté par des nations longtemps tenues à l’écart des grands centres de pouvoir.

Alors que les puissances occidentales restent paralysées face aux bombardements incessants dans l’enclave palestinienne, se contentant de condamnations sans conséquences, une alliance inédite de pays non-alignés prend les devants.

Là où l’ONU et les institutions internationales s’avèrent impuissantes, ce front émergent vient ébranler un ordre mondial longtemps dominé par l’Occident.

Le timing n’est pas anodin. Alors que les images de destruction massive à Gaza défilent chaque jour sur nos écrans, cette prise de position collective vient rappeler que le monopole occidental sur les décisions internationales n’est plus incontesté.

Distribution alimentaire de Gaza

Des mesures concrètes, au-delà du symbole

Certes, l’impact immédiat de cette décision reste limité d’un point de vue militaire : les pays concernés – Bolivie, Cuba, Indonésie, Irak, Libye, Nicaragua, entre autres – ne figurent pas parmi les principaux fournisseurs d’armes d’Israël.

Mais au-delà de l’aspect symbolique, plusieurs mesures prises à Bogota sont d’une rare fermeté.

Le texte adopté par les signataires interdit non seulement toute exportation, vente ou transfert d’armes, mais aussi tout transit naval d’équipements militaires à destination d’Israël. Tout navire suspecté de transporter des armes sera désormais interdit d’accostage, de transit ou même d’entretien dans les ports des pays signataires.

Autre engagement : ces États refuseront désormais d’utiliser leur argent public pour financer, directement ou indirectement, l’occupation des territoires palestiniens.

Il ne s’agit donc pas de simples mots : un cadre juridique d’action concrète est désormais posé.

Aide humanitaire à Gaza

Un fondement juridique assumé : le droit international en renfort

Les signataires s’appuient sur l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) le 19 juillet 2024, qui affirme que l’occupation israélienne constitue une violation des principes fondamentaux du droit international.

L’avis appelle les États à ne plus soutenir cette situation illégale, ouvrant la voie à des sanctions nationales.

Ce socle juridique est le cœur du texte porté par le « Groupe de La Haye », fondé en janvier 2025 pour défendre l’application du droit international en Palestine.

Coprésidé par la Colombie et l’Afrique du Sud, ce groupe entend « mettre fin à l’ère de l’impunité » dans la bande de Gaza.

Groupe de La Haye

Une riposte qui contraste avec le silence occidental

Cette mobilisation du Sud global contraste avec le mutisme gêné de nombreuses puissances occidentales.

Pendant que nos politiques ferment les yeux, ces pays osent nommer les choses. Combien de temps encore nos dirigeants invoqueront-ils les « valeurs » démocratiques tout en acceptant de rester aveugles à cette réalité ?

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU, présente au sommet, a d’ailleurs dénoncé sans détour l’inaction internationale face à la tragédie qui se déroule à Gaza.

« Éviter de qualifier de génocide ce qui se passe actuellement, c’est déjà adopter une posture politique », a-t-elle déclaré, pointant la lâcheté des grandes puissances.

Un front qui s’élargit ?

Environ la moitié des 30 participants au sommet ont signé cette déclaration commune.

Le message est clair : certains gouvernements refusent de plier face aux pressions diplomatiques et osent défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Ce geste pourrait faire tache d’huile. D’autres nations, sensibles à l’évolution de l’opinion publique mondiale, pourraient emboîter le pas. Si les grandes puissances tergiversent, la dynamique pourrait venir d’en bas.

Évolution géopolitique

Gaza : des chiffres qui accusent, un silence qui condamne

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au moins 58 000 personnes ont perdu la vie à Gaza depuis le début des bombardements israéliens, selon le ministère palestinien de la Santé.

Des chiffres jugés crédibles par l’ONU, et qui montrent l’ampleur de la catastrophe humanitaire. Des milliers de civils, souvent des enfants, sont les victimes silencieuses d’un conflit dont la communauté internationale préfère détourner les yeux.

L’hypocrisie devient difficile à masquer : quand il s’agit de condamner certains États ennemis, les grands principes sont invoqués avec vigueur. Mais face à cette catastrophe, c’est le silence radio. Comme si certaines vies comptaient moins que d’autres.

Un pas décisif ou un coup d’éclat sans lendemain ?

Reste à savoir si ces mesures seront effectivement mises en œuvre, ou si elles resteront lettre morte. L’histoire récente nous a appris à nous méfier des grandes déclarations. Et après des décennies de complaisance, cette fermeté soudaine pourrait n’être qu’un coup d’éclat médiatique.

Mais cette fois, les lignes bougent. Pour la première fois, des pays du Sud global prennent ouvertement position contre une injustice flagrante, dans une tentative de peser sur l’histoire. Attendons de voir si d’autres suivront, et surtout, si les actes seront à la hauteur des paroles.

IMPORTANT - À lire

Vous voulez en savoir plus sur les enjeux géopolitiques qui se cachent derrière le silence des grandes puissances face à la tragédie de Gaza ? Chaque mois, notre revue papier vous propose des analyses approfondies pour décrypter l'actualité internationale et ses zones d'ombre.

Plongez au cœur des rapports de force mondiaux et découvrez les dessous des cartes diplomatiques. Notre revue vous offre un éclairage unique pour comprendre les défis du monde contemporain, loin des discours convenus. Abonnez-vous dès maintenant !


Participez au débat, et partagez votre opinion !

Faites avancer la discussion en donnant votre avis à la communauté.