🔥 Les essentiels de cette actualité
- Après deux ans et demi de silence, Macron appelle Poutine pour un cessez-le-feu en Ukraine. Un échange long, mais sans résultats concrets. Que retenir de cette conversation ?
- Macron réaffirme le soutien de la France à l’Ukraine, mais n’exclut plus l’envoi de troupes. Une escalade potentielle sans mandat démocratique. Quels sont les risques ?
- Sur l’Iran, les deux leaders parlent de coordination, mais Paris semble aligné sur la ligne américaine. Quelle est la position de la France face à Téhéran ?
- La diplomatie française est-elle en impasse ? Que cherche vraiment Macron dans ces échanges avec Poutine ? Analyse et perspectives dans l’article complet.
Deux ans et demi de silence, et Emmanuel Macron reprend enfin le téléphone pour s’adresser à Vladimir Poutine.
Une initiative aussi tardive que creuse, à en juger par le contenu de l’échange : Macron a appelé à un cessez-le-feu « le plus rapidement possible » en Ukraine, selon l’Élysée.
« Emmanuel Macron a appelé à l’instauration, dans les meilleurs délais, d’un cessez-le-feu et au lancement de négociations entre l’Ukraine et la Russie pour un règlement solide et durable du conflit. »
Une formule diplomatique sans effet concret, mais parfaite pour les micros et les éditos mainstream.
Un échange qui s’éternise… sans rien produire
La conversation aurait duré plus de deux heures. Un exploit en durée, pas en efficacité.
Le Kremlin a confirmé l’appel, tout en précisant que Poutine tient l’Occident pour responsable du conflit. Une position constante du côté russe, que l’on feint encore de découvrir à Paris.
« Vladimir Poutine a rappelé à Macron que le conflit ukrainien est une conséquence directe de la politique des États occidentaux. »
Poutine a martelé que « tout accord de paix devrait être global et à long terme, prévoir l’élimination des causes profondes de la crise ukrainienne et être basé sur de nouvelles réalités territoriales ».
La Russie ne pliera pas face aux injonctions morales occidentales.
Macron, pompier pyromane ?
Côté français, Macron s’est contenté de réaffirmer le soutien « indéfectible » de Paris à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Un engagement constant, mais qui prend une tournure plus offensive : le chef de l’État a durci sa ligne contre la Russie au cours de l’année écoulée, affirmant que son expansionnisme constitue une menace pour toute l’Europe.
Il a également refusé d’exclure l’envoi de troupes françaises sur le terrain, une escalade potentielle majeure, jamais validée par un mandat démocratique clair.
L’Iran : coordination ou alignement ?
Le dossier iranien a également été abordé.
Les deux présidents ont affirmé vouloir « coordonner leurs efforts ». Autrement dit : Paris s’alignera sur la stratégie américaine, comme toujours.
Macron a insisté sur « l’urgence » pour Téhéran de respecter ses engagements dans le cadre du Traité sur la non-prolifération nucléaire, appelant à un retour immédiat des inspections de l’AIEA.
Il a aussi exprimé sa « détermination à rechercher une solution diplomatique » qui permettrait, selon ses mots, « un règlement durable et exigeant de la question nucléaire, de la question des missiles iraniens et de son rôle dans la région ».
Une triple injonction… sans aucun levier concret, face à un cessez-le-feu récemment conclu entre l’Iran et Israël après douze jours de conflit – sans la moindre implication française.
Poutine a quant à lui défendu le droit de l’Iran à développer un programme nucléaire « pacifique », selon le Kremlin. Une position sans ambiguïté, qui contraste avec le flou diplomatique occidental.
Une diplomatie de façade
Macron n’en est pas à son premier coup de fil avec Poutine. En 2022, il avait tenté (sans succès) de dissuader le président russe d’envahir l’Ukraine.
Il s’était même rendu à Moscou. Mais après l’offensive, les échanges se sont vite interrompus — dernier contact en septembre 2022.
Le ton s’est durci depuis et Macron refuse toujours d’admettre le rôle des puissances occidentales dans la militarisation de l’Est européen.
En avril 2024, un échange avait eu lieu entre les ministres de la Défense français et russe — Sébastien Lecornu et Sergueï Choïgou — pour évoquer la sécurité à l’approche des Jeux olympiques de Paris.
Depuis : plus rien, jusqu’à cet appel.
Que peut bien espérer Macron de cette conversation avec Poutine ?
La question mérite d’être posée sérieusement, tant elle révèle l’impasse stratégique dans laquelle la diplomatie française s’est elle-même enfermée.
Que cherche Macron ? Une sortie de crise en Ukraine ? Il sait pertinemment que le Kremlin ne reviendra pas en arrière, que les « nouvelles réalités territoriales » évoquées par Poutine sont un point de non-retour.
Et il sait aussi que l’Ukraine, soutenue à bout de bras par l’OTAN, n’a aucun intérêt immédiat à négocier tant que les livraisons d’armes continuent et que le rêve d’intégration euro-atlantique subsiste.
Espère-t-il sauver son image de « médiateur européen » ? Ce rôle, il l’a déjà brûlé en 2022, en multipliant les appels creux à Moscou sans jamais remettre en cause la responsabilité occidentale dans l’escalade. Poutine l’a compris : Macron n’a ni poids politique réel, ni autonomie stratégique.
Il est perçu comme le porte-voix d’une Europe soumise à l’agenda de Washington, et non comme un acteur crédible et indépendant.
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