« Qui les accueillera ? Pas les Fidji » : le Premier ministre Fidjien Sitiveni Rabuka ferme la porte à une base militaire chinoise dans le Pacifique

Les Fidji déclarent que la base militaire et les missiles chinois ne sont pas les bienvenus dans le Pacifique Les Fidji déclarent que la base militaire et les missiles chinois ne sont pas les bienvenus dans le Pacifique

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • Les Fidji rejettent fermement une base militaire chinoise sur leur sol, selon le Premier ministre Rabuka. La Chine n’a pas besoin de bases proches des USA pour prouver sa puissance.
  • Les îles du Pacifique deviennent des pions géopolitiques, leurs préoccupations environnementales et économiques passent au second plan face aux rivalités sino-américaines.
  • Washington et Pékin rivalisent pour influencer le Pacifique, avec des stratégies différentes mais des objectifs similaires. Les tensions autour de Taïwan exacerbent ce bras de fer.
  • Rabuka propose un « Océan de paix » pour unir la région et rejeter la coercition, mais dans un Pacifique stratégique, cet appel à la neutralité semble fragile.

Selon le Premier ministre Fidjien Sitiveni Rabuka, la Chine n’a nullement besoin d’une base militaire située aussi près des États-Unis pour prouver sa puissance. Le récent test de missile balistique intercontinental chinois, capable de frapper n’importe où sur la planète, parle de lui-même.

Lors d’une allocution au National Press Club de Canberra, Rabuka n’a pas mâché ses mots, rapporte Reuters. Les Fidji s’opposent fermement à l’installation d’une base militaire chinoise sur leur sol.

« S’ils veulent venir, qui les accueillera ? Pas les Fidji », a-t-il lancé.

Le Pacifique entre influence chinoise et appel à la neutralité

Pékin avance ses pions sans complexe, avec un pacte de sécurité aux Îles Salomon et une présence policière dans plusieurs nations du Pacifique.

Comme l’analyse DW, Pékin a investi des centaines de millions dans des stades, hôpitaux, routes et bureaux gouvernementaux aux Îles Salomon et au Vanuatu, une offensive de charme qui cache un prix élevé.

Rabuka propose un « Océan de paix », un traité pour unir la région, trouver des solutions communes et rejeter la coercition. Mais dans un Pacifique devenu un échiquier stratégique, cet appel à la neutralité semble fragile.

Sitiveni Rabuka

Les enjeux géopolitiques pour les petites nations insulaires

Les îles du Pacifique, comme les Fidji, Kiribati ou Nauru, se retrouvent malgré elles au cœur d’un vaste jeu géopolitique.

Leurs préoccupations principales, telles que la montée des eaux, la fragilité économique ou la dépendance aux importations, passent souvent au second plan face aux rivalités croissantes entre la Chine et les États-Unis.

 
« Les dirigeants du Pacifique ont toujours cherché à adopter une position diplomatique amicale avec tous et ennemie de personne – une voie difficile, mais que nous pensons réalisable », a souligné Rabuka

Les petites nations montrent une grande prudence dans ce jeu compliqué entre superpuissances.

Les tensions, nourries par les ambitions indépendantistes de Taïwan depuis dix ans, font du Pacifique un véritable terrain de rivalités diplomatiques.

les îles pacifiques

La rivalité sino-américaine dans le Pacifique

Washington et Pékin ne cachent plus leur obsession pour ces territoires insulaires. Les États-Unis, soutenus par l’Australie et le Royaume-Uni via le pacte AUKUS et l’alliance de renseignement Five Eyes, déploient des navires et une diplomatie pour contrer l’expansion chinoise.

Mais Pékin n’a pas tort de dénoncer une « menace occidentale » dans ses eaux régionales. Quand la Chine patrouille dans le Pacifique, on crie à la provocation ; quand l’Occident le fait, c’est de la « liberté de navigation ». Deux poids, deux mesures, comme d’habitude.

Pour Pékin, le Pacifique est son jardin, et les tensions croissantes autour de l’indépendance de Taïwan, particulièrement ces dix dernières années, ne font qu’attiser ce bras de fer.

L’influence croissante de la Chine dans le Pacifique

L’offensive de charme chinois porte ses fruits : Kiribati, les Îles Salomon et Nauru ont rompu leurs liens historiques avec Taïwan pour se tourner vers Pékin, séduits par les promesses économiques.

Selon DW, ces investissements incluent des stades, des routes, des hôpitaux et des bureaux dans des pays comme les Salomon et le Vanuatu. Ce retournement diplomatique isole Taïwan et renforce l’emprise chinoise.

En coulisses, Washington s’arrache les cheveux : une ambassade rouverte en urgence aux Îles Salomon arrive trop tard pour contrer Pékin, qui exploite le vide laissé par des décennies de négligence occidentale.

Les perspectives de paix et de développement dans le Pacifique

« Nous ne voulons pas que les rivalités entre superpuissances se déroulent dans le Pacifique », a déclaré Rabuka sans détour.

Il insiste pour que l’aide chinoise au développement n’affecte pas les relations des Fidji avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.

Mais dans un monde où chaque geste est calculé, les populations locales assistent impuissantes à un jeu où leur souveraineté est une variable d’ajustement.

Dans ces eaux turquoises, les enjeux dépassent la région : ils pourraient bouleverser l’équilibre mondial, tandis que les petites nations tentent de préserver leur place face aux stratégies de Washington et Pékin.

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