🔥 Les essentiels de cette actualité
- Rachida Dati défend sa réforme controversée de l’audiovisuel public, perçue comme une tentative de contrôler l’information, ce lundi 30 juin au Parlement.
- Le projet de holding « France Médias » suscite une grève illimitée des salariés de Radio France, craignant une perte d’indépendance éditoriale.
- Dati affirme vouloir rivaliser avec Netflix, mais les chiffres montrent que Radio France progresse déjà auprès des jeunes et des classes populaires.
- Les critiques fusent : anciens ministres et syndicats dénoncent une réforme coûteuse et inefficace, masquant des coupes budgétaires déguisées.
L’audiovisuel public. Ces mots suffisent à faire bondir la droite française. Plus on s’éloigne du centre, plus l’irritation grandit. La détermination de Rachida Dati à imposer sa réforme dans ce domaine en est la preuve.
Ce lundi 30 juin, après avoir arraché une prolongation de la session parlementaire, elle entre dans l’hémicycle avec un texte explosif, perçu par beaucoup comme une tentative de contrôler l’information, dans un contexte où des priorités comme l’immigration illégale sont reléguées au second plan.
Un dossier explosif sous haute surveillance
La droite scrute ce dossier brûlant. Financé par nos impôts, l’audiovisuel public cristallise les tensions : qui contrôle les médias contrôle une partie du récit national.
Un bras de fer s’engage avec les salariés de Radio France, en grève illimitée contre un projet de holding baptisé « France Médias », regroupant Radio France, France Télévisions et l’INA, voté par le Sénat en 2023.
Les syndicats dénoncent un cheval de Troie pour réduire les moyens du service public, menaçant la qualité des productions.
Une mise sous tutelle déguisée
Rachida Dati vend sa réforme comme une nécessité pour rivaliser avec Netflix ou Amazon et reconquérir les jeunes et les classes populaires. Elle jure désormais qu’il ne s’agit pas d’une fusion, contrairement à ses déclarations initiales.
Mais dans les faits, France Médias aura le pouvoir de dicter les orientations et de répartir l’argent entre ses filiales, une centralisation qui sent la mise sous tutelle.
Une telle restructuration, financée par les contribuables, ressemble à une manœuvre pour contrôler l’information plutôt que pour améliorer le service public.
Une idée ancienne, toujours controversée
L’idée d’une holding ne date pas d’hier. Un rapport sénatorial de 2015 l’évoquait, et Franck Riester l’a relancée en 2019, stoppé par le Covid. Mais elle ne fait pas l’unanimité.
En mars 2024, d’anciens ministres de la Culture, de Roselyne Bachelot à Rima Abdul Malak, ont démoli le projet. Fleur Pellerin a averti :
« L’adjonction d’un étage de gouvernance ne garantit ni un meilleur fonctionnement, ni un meilleur respect du pluralisme et de la diversité, ni une meilleure utilisation des deniers publics. »
Rima Abdul Malak a ajouté qu’une telle réforme « n’est pas indispensable ».
Les arguments de Dati sont fragiles. Radio France progresse chez les moins de 35 ans et 25 ans, selon Médiamétrie, et France Inter domine les radios généralistes auprès des jeunes.
Les classes populaires, prétendument délaissées, sont aussi en hausse d’audience. Radio France représente 47 % des podcasts téléchargés, et franceinfo est parmi les sites d’info les plus consultés.
Pourquoi alors cette holding ? Les chiffres contredisent le discours d’un audiovisuel public moribond, suggérant que la réforme vise autre chose, comme des coupes budgétaires masquées.
Les véritables intentions
Dati nie vouloir faire des économies, mais un rapport commandé à Laurence Bloch, ex-directrice de France Inter, évoque 10 millions d’euros d’économies annuelles via la « mutualisation des fonctions support ».
Les salariés y voient le prélude à une fusion complète, avec un PDG unique pour museler cette puissance médiatique. Les syndicats dénoncent un « bricolage » au service de l’ambition de Dati : « Projet de holding en juin 2024, processus holding-fusion en novembre 2024, holding exécutive en avril 2025. »
Ils craignent des plans sociaux déguisés en « optimisation » et une perte d’indépendance éditoriale, dans un contexte où les impôts des Français financent déjà un système culturel sous pression.
Les enjeux politiques
Dati joue gros. Un succès contre l’audiovisuel public serait un triomphe pour la droite, qui y voit un symbole à abattre.
Le RN, prônant la privatisation de cet « odieux service inique » (dixit Julien Odoul), soutient tacitement Dati, laissant la ministre porter les coups. Ce combat sert aussi ses ambitions pour les municipales de 2026 à Paris, où un tel trophée renforcerait sa stature de bulldozer politique.
Un récent Complément d’enquête dressant un portrait accablant de Dati n’a fait qu’attiser son hostilité envers des figures comme Patrick Cohen.
Jusqu’au 1er juillet, l’Assemblée examinera le texte, sous la menace d’une obstruction de la gauche.
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