🔥 Les essentiels de cette actualité
- Le parti ANO, favori des sondages, s’oppose à l’euro. Andrej Babiš dénonce une menace économique et politique, craignant une hausse des prix comme en Slovaquie.
- La couronne tchèque, symbole d’indépendance, est défendue par les citoyens. Les Tchèques craignent l’inflation observée dans la zone euro, soutenant la position d’ANO.
- La République tchèque n’a pas adopté l’euro malgré son engagement de 2004. Les économistes indépendants vantent les avantages de la politique monétaire nationale, tandis que Bruxelles insiste.
- Les partis d’opposition partagent la méfiance d’ANO. Ils exigent un référendum et dénoncent une perte de souveraineté, rendant les alliances politiques imprévisibles.
À l’approche des élections d’octobre, l’adoption de l’euro divise la République tchèque. La coalition gouvernementale pousse pour la monnaie unique, mais le mouvement ANO, favori des sondages, s’y oppose fermement.
Andrej Babiš, chef d’ANO, ne mâche pas ses mots.
« Je ne le soutiens pas », a-t-il lancé, avertissant que si la coalition actuelle reste au pouvoir, « elle introduirait l’euro ».
Pour lui, la monnaie unique est un danger économique et une erreur politique. Il évoque la hausse des prix observée en Slovaquie ou en Croatie et redoute que la Tchéquie doive assumer les dettes des pays en difficulté de la zone euro. Babiš défend la couronne tchèque, à l’image du Danemark et de la Suède, qui prospèrent hors de l’euro.
La République tchèque et l’euro : un engagement non tenu
Quand la Tchéquie a rejoint l’UE en 2004, elle a promis d’adopter l’euro. Avec la Pologne et la Hongrie, elle est l’un des trois pays de cette vague d’élargissement à ne pas l’avoir fait.
Ce n’est pas un hasard : les citoyens, méfiants face à l’inflation dans la zone euro, s’accrochent à leur couronne.
Les économistes indépendants tchèques soulignent l’avantage de contrôler leur politique monétaire, sans dépendre d’une BCE qui favorise les grandes économies. Bruxelles peut bien insister, le peuple n’est pas prêt à céder.
L’opposition tchèque et l’euro : une hostilité marquée
D’autres partis d’opposition partagent la méfiance d’ANO. Kateřina Konečná, de STAČILO!, est claire : « L’euro signifie des prix plus élevés », citant l’exemple croate. Son parti exige un référendum.
« Je suis contre l’abandon de la couronne tchèque, qui signifierait, entre autres, renoncer à un autre pan de notre souveraineté. »
Petr Macinka, des Motorists, renchérit :
« Nous abandonnerions une part supplémentaire de notre souveraineté et nous soumettrions encore davantage à Bruxelles. »
Le SPD de Tomio Okamura rejette aussi l’euro, dénonçant un « partage forcé » des dettes européennes et défendant la couronne comme « un symbole national ».
Si ANO ne peut gouverner seul, les Motorists pourraient devenir des alliés, à condition de franchir le seuil parlementaire. Le SPD, plus radical, est moins probable comme partenaire, souvent qualifié d’extrémiste par les médias. Mais en politique tchèque, les alliances restent imprévisibles, et la question de l’euro pèsera lourd.
Les alliances politiques en jeu
Vít Rakušan, leader de STAN, milite pour adopter l’euro « dès que possible » et propose une campagne publique pour « démonter les mythes » sur la monnaie.
Zdeněk Hřib, des Pirates, affirme que l’euro renforcerait la stabilité et économiserait 30 milliards de couronnes par an sur la dette.
Le Premier ministre Petr Fiala, plus prudent, note que la Tchéquie remplit les critères de Maastricht, mais que « le soutien majoritaire de l’opinion publique est essentiel » et que « cette condition n’est pas encore remplie ».
Fiala sent le pouls populaire. Imposer l’euro contre la volonté des citoyens pourrait déclencher un tollé. Les Tchèques savent que la monnaie unique a souvent rimé avec hausse des prix et perte de contrôle économique chez leurs voisins.
Les opinions des Tchèques sur l’euro
Un sondage Median de début 2024 montre que plus des deux tiers des Tchèques jugent l’euro non bénéfique, et 60 % veulent un référendum.
Même les groupes plus ouverts, comme les étudiants (45 % pour l’euro) et les entrepreneurs (40 %), restent minoritaires.
La méfiance est profonde : l’inflation dans la zone euro et la perte de souveraineté font peur.
Les divergences entre élites et population
Selon une enquête PwC, 70 % des PDG tchèques soutiennent l’euro, citant des économies sur les coûts de transaction, la fin des risques de change et une confiance accrue des investisseurs.
« Sept dirigeants sur dix convaincus de l’impact positif de l’euro constituent déjà un signal très fort envoyé au nouveau gouvernement », déclare Jan Brázda, de PwC.
Une enquête à prendre avec des pincettes, car même si la jeunesse est souvent « euro-compatible », le rouleau compresseur propagandaire de l’Union européenne ne cesse de se déployer.
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