🔥 Les essentiels de cette actualité
- Nicolas Sarkozy, entouré de sa famille, a plaidé son innocence face à des accusations de financement libyen de sa campagne 2007. Verdict attendu en septembre 2025.
- Le Parquet National Financier réclame sept ans de prison et cinq ans d’inéligibilité pour Sarkozy, accusé de manipulation et corruption.
- Ses avocats ont démonté l’accusation, dénonçant un acharnement judiciaire et politique. Sarkozy reste muet, dénonçant un climat politique détestable.
Nicolas Sarkozy est entré comme un roi au tribunal, flanqué de sa femme Carla Bruni. C’était mardi 8 avril, jour final du procès où l’ex-président est accusé d’avoir financé sa campagne 2007 avec l’argent libyen. Sa famille au grand complet – deux fils et son frère Guillaume – était là pour le soutenir dans cette épreuve qui dure depuis trop longtemps.
Ce procès emblématique connaîtra son verdict en septembre 2025.
Ambiance électrique dans la salle. Pendant près de cinq heures, ses quatre avocats ont plaidé sans relâche pour sa relaxe. Cinq heures à démonter une accusation qui traîne depuis des années comme une épée de Damoclès. Cinq heures d’arguments face à un dossier qui peine à convaincre après trois mois d’audience.
L’ancien chef de l’État clame son innocence depuis le début. Une affaire qui ressemble de plus en plus à un acharnement judiciaire contre l’une des figures marquantes de la Ve République. Quand on l’a invité à dire ses derniers mots, Sarkozy s’est contenté d’un sobre : « Ils ont parlé et bien parlé », en référence à ses défenseurs.
Verdict du procès Sarkozy sur le financement libyen
Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 25 septembre à 10 heures. Encore cinq mois d’attente pour l’ex-président et sa famille, cinq mois durant lesquels la justice prendra son temps, comme toujours. Cinq mois où l’État continuera de dépenser l’argent du contribuable dans cette procédure interminable.
Sarkozy reste muet, dénonçant un « climat politique détestable ». Il n’a pas voulu s’épancher davantage, pointant l’ambiance médiatique pestilentielle. Une allusion à peine voilée à la condamnation de Marine Le Pen pour détournement de fonds publics le 31 mars, dans le dossier des assistants parlementaires européens. La cheffe du RN a interjeté appel.
« Je veux la vérité », a martelé Sarkozy, refusant tout commentaire susceptible d’enflammer une polémique brûlante. Il a voulu protéger sa réputation, balayant ce qu’il qualifie de « réquisitoire politique et violent ».
Les accusations du Parquet National Financier
Le 27 mars, le Parquet national financier a requis contre lui sept ans de prison, 300 000 euros d’amende et cinq années d’inéligibilité. Difficile de rester stoïque face à ce qu’il perçoit comme un acharnement judiciaire.
Le PNF accuse Sarkozy d’avoir manipulé ses proches dans cette affaire de supposés fonds libyens. Claude Guéant et Brice Hortefeux auraient, selon eux, exécuté un « pacte de corruption », sous l’impulsion de Ziad Takieddine, qualifié de « cheville ouvrière » du système. L’argent libyen aurait financé la campagne présidentielle – du moins selon la thèse du parquet, prompt à pourchasser les figures politiques de droite.
La défense de Sarkozy et ses proches
Brice Hortefeux a balayé ces accusations, parlant d’« inanité ». Claude Guéant, régulièrement absent pour raisons de santé, a maintenu une ligne claire : « Je n’ai jamais eu connaissance de financement libyen, a fortiori, je n’en ai jamais sollicité ni reçu. »
Pour Sarkozy, qui prenait la parole après Hortefeux, l’enjeu est immense. Pendant que la justice s’acharne sur les figures de la droite, d’autres affaires plus graves semblent ignorées.
Les plaidoiries de la défense
Jean-Michel Darrois, avocat de Sarkozy, a dénoncé les « mots choisis pour bouleverser » et frapper l’opinion. Les magistrats du PNF ont demandé des condamnations pour les douze prévenus. Sarkozy, selon eux, serait le « décisionnaire » d’un « pacte de corruption ».
Le vocabulaire du PNF frappe par sa virulence : « Inconcevable, inouï, indécent ». Le supposé accord avec Kadhafi – qualifié de dictateur infréquentable – est pointé du doigt, alors même que la France entretenait des relations diplomatiques officielles avec lui avant sa chute.
Le PNF évoque une « quête effrénée de financement » et une « ambition politique dévorante ». Comme si l’ambition en politique était devenue un crime.
Jean-Michel Darrois s’indigne : « En s’adressant à l’opinion, ils voulaient salir Nicolas Sarkozy », dit-il d’une voix éteinte.
Puis Me Tristan Gautier prend la relève, avec fougue. « J’ai la conviction profonde que Nicolas Sarkozy est innocent », lance-t-il. Pendant une heure, il décortique méthodiquement le dossier avec schémas et tableaux. Il dénonce un « pacte non établi », « des preuves inexistantes » et des « contreparties bancales ».
Les juges gardent un visage impassible, tandis que plusieurs observateurs échangent des regards entendus. Une justice qui cherche à bâtir un récit cohérent là où les preuves font défaut.
Une défense finale implacable, entre logique juridique et éclat littéraire
Dans la dernière ligne droite, les avocats Tristan Gautier et Christophe Ingrain ont livré une défense méthodique et percutante pour tenter de faire vaciller l’accusation. Gautier, incisif, compare l’édifice judiciaire à une construction absurde : « C’est comme si un architecte disait : ‘J’ai un sol argileux, de la paille pour les murs et une bâche trouée pour le toit, et on va faire croire que ça forme un bunker !’ ». Il démonte l’accusation pièce par pièce, dénonçant un « château de cartes » et un acharnement politique mal camouflé, avant de réclamer la relaxe pure et simple de l’ancien président.
Me Ingrain prend ensuite le relais avec la même vigueur. Il fustige une opinion publique qui aurait « déjà condamné » Sarkozy, et s’attaque à ces « rideaux de fumée » dressés pour masquer, selon lui, les faiblesses d’un dossier vide. Il démonte point par point l’hypothèse d’un pacte de corruption, notamment sous la tente de Kadhafi, une piste finalement abandonnée par le parquet. Il parle d’un « miroir déformant » et de « pseudo contreparties » jugées totalement fantaisistes.
Pour conclure, Ingrain convoque la littérature : « Ces peaux de chagrin, ce sont les témoignages douteux », dit-il, reprenant Balzac pour illustrer l’effondrement progressif du dossier. « Elles ont d’abord donné un éclat trompeur avant de dévorer le dossier lui-même. » Puis sa phrase tombe, cinglante :
« Le dossier est à terre. Vous relaxerez Nicolas Sarkozy. »
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