Taxes chinoises sur les produits laitiers français : fromages, crème et lait sous pression

La Chine impose des taxes provisoires de 21,9 % à 42,7 % sur les produits laitiers français en riposte aux droits européens La Chine impose des taxes provisoires de 21,9 % à 42,7 % sur les produits laitiers français en riposte aux droits européens

🔥 Les essentiels de cette actualité

  • La Chine a riposté aux taxes européennes sur les voitures électriques en imposant des droits de douane provisoires de 21,9 % à 42,7 % sur les produits laitiers français, touchant durement les exportations de fromages et de crème.
  • Les producteurs français, comme Savencia, font face à un coup majeur qui menace des millions d’euros d’exportations, aggravant la précarité des éleveurs déjà en crise, et l’on se demande si l’UE ajustera sa politique.
  • Le gouvernement français dénonce ces taxes comme inacceptables et engage des négociations avec Pékin, espérant réduire les impacts définitifs attendus en février.
  • Des régions comme la Normandie sont directement affectées, risquant la perte de marchés vitaux, tandis que la résilience de la filière laitière est mise à l’épreuve.

À peine Bruxelles a-t-elle imposé ses taxes sur les voitures électriques chinoises que Pékin réplique avec des droits de douane provisoires de 21,9 % à 42,7 % sur les produits laitiers européens. Annoncée par le ministère chinois du Commerce, la mesure entre en vigueur immédiatement, en pleine période critique pour les éleveurs français.

Tout a commencé en août 2024, avec l’ouverture d’une enquête antidumping. Les taxes définitives sont attendues pour le 21 février. Il s’agit d’une rétorsion directe aux barrières dressées par l’Union européenne contre les véhicules électriques made in China. Résultat : fromages, crème et certains laits sont désormais lourdement taxés sur le marché chinois.

Pour les producteurs français, c’est un choc majeur. Ceux qui comptaient sur l’export pour survivre face aux charges écrasantes imposées par Bruxelles se retrouvent abandonnés par une politique européenne rigide et déconnectée du terrain.

Fromages, crèmes, laits : les produits français frappés de plein fouet par Pékin

Les taxes temporaires imposées par la Chine, allant de 21,9 % à 42,7 %, visent directement les exportations laitières françaises.

La Fédération nationale de l’industrie laitière parle d’un « coup de massue », en particulier pour Savencia. « C’est un choc, un coup de massue […] notamment pour le groupe Savencia, qui a été longuement mobilisé par les autorités chinoises », a déclaré François-Xavier Huard, président de la fédération qui regroupe des géants du secteur privé comme Lactalis, Danone ou Bel. Savencia figure parmi les principaux exportateurs européens de crème vers la Chine.

Du côté du gouvernement, la ministre de l’Agriculture qualifie la situation d’« inacceptable » et promet de « contester fermement cette décision » aux côtés des autres pays européens.

Les exportations françaises de crème, lait et fromages vers la Chine ont atteint près de 370 millions d’euros en 2024. Sur les neuf premiers mois de 2025, elles s’élèvent à 245 millions, en légère baisse par rapport à l’année précédente. La crème, déjà taxée à 15 %, reste en première ligne : la France fournit à elle seule la moitié des 100 000 tonnes exportées chaque année vers Pékin — un marché vital pour les éleveurs.

Les fromages ne sont pas épargnés : 6 000 tonnes françaises, sur les 34 000 tonnes exportées par l’Union européenne, suffisent à justifier cette riposte chinoise contre la politique commerciale de Bruxelles. La poudre de lait, elle, échappe encore à ces sanctions.

La Chine impose des taxes provisoires de 21,9 % à 42,7 % sur les produits laitiers français en riposte aux droits européens

Normandie sous pression : négociations en urgence avant février

Face aux barrières douanières imposées par Pékin, Paris et Bruxelles entament des négociations. Des accords provisoires ont déjà permis de réduire les taxes sur le porc et le cognac. Pour le lait, une phase de contre-argumentaire est en cours, avec l’espoir de limiter les droits définitifs attendus fin février.

François-Xavier Huard, président de la fédération, souligne que cette étape pourrait atténuer les conséquences, comme cela a été observé dans d’autres secteurs visés par des enquêtes similaires. Il précise :

« On va continuer à travailler avec les autorités chinoises. »

Pékin affiche un certain pragmatisme et reste ouvert au dialogue — à rebours de l’inflexibilité bruxelloise.

« Si ces montants-là devaient perdurer, une grande partie des exportations de crème et de fromages vers la Chine vont être menacées. Et derrière, des producteurs, des territoires, notamment la Normandie, vont être directement concernés », alerte la FNPL.

En pleine crise liée à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), le message envoyé aux agriculteurs est jugé « pas bon » par les acteurs du secteur.

La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), branche spécialisée de la FNSEA, premier syndicat agricole français, voit dans cette taxe une menace sur les débouchés à l’export. Elle insiste néanmoins pour que cela ne se traduise pas par une baisse de la rémunération versée aux éleveurs par les industriels. Pourtant, la filière montre une certaine résilience, avec une collecte en hausse de 1 % sur les dix premiers mois de 2025, dépassant potentiellement les 23 milliards de litres annuels selon les chiffres officiels.

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