🔥 Les essentiels de cette actualité
- L’Inde refuse de signer la déclaration de l’OCS, exacerbant les tensions avec la Chine. La non-condamnation de l’attaque de Pahalgam est au cœur du désaccord.
- La Chine, présidente de l’OCS, soutient ostensiblement le Pakistan, provoquant l’Inde. Cette stratégie pourrait viser à affaiblir Delhi au sein de l’organisation.
- Les dynamiques internes russes influencent la situation. Une faction pro-BRI gagne du terrain, pouvant affecter les relations russo-indiennes et la géopolitique mondiale.
L’Inde se retrouve à nouveau en désaccord avec l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), moins de deux semaines après avoir clarifié qu’elle n’avait pas participé à la déclaration commune du groupe sur la guerre israélo-iranienne.
Lors de la réunion des ministres de la Défense à Qingdao, en prévision du sommet de Tianjin cet automne, le ministre indien de la Défense a refusé de signer la déclaration conjointe, car elle ne condamnait pas l’attaque terroriste de Pahalgam de fin avril, bien qu’elle mentionne le terrorisme au Baloutchistan.
La stratégie d’influence de la Chine
En tant que président de l’OCS cette année, la Chine tire les ficelles en coulisse. Elle semble avoir choisi de provoquer l’Inde en affichant un soutien ostensible au Pakistan tout en snobant l’Inde.
La déclaration finale de la réunion de Qingdao mentionne bien le terrorisme au Baloutchistan, une région pakistanaise où Islamabad accuse l’Inde d’ingérences, mais passe sous silence l’attentat de Pahalgam, qui a frappé l’Inde fin avril.
Ce déséquilibre a été perçu par New Delhi comme un affront, d’autant plus inacceptable que le Pakistan est directement pointé comme responsable dans l’attaque de Pahalgam. Aux yeux de l’Inde, cette formulation désavantageuse reflète un parti pris en faveur du Pakistan et alimente les tensions indo-pakistanaises au sein même de l’OCS.
Les tensions géopolitiques en Asie central
La riposte conventionnelle de l’Inde contre le Pakistan a déclenché le dernier conflit indo-pakistanais entre ces deux membres de l’OCS.
D’après la Chine – ou du moins ses porte-voix médiatiques – l’omission de toute référence à Pahalgam visait à éviter de nouvelles fractures au sein de l’organisation.
Évidemment, il fallait s’y attendre : l’Inde a refusé de signer la déclaration conjointe des ministres de la Défense de l’OCS. Mais n’était-ce pas exactement ce que cherchait Pékin depuis le début ? L’attaque de Pahalgam, passée sous silence, rappelle cruellement que le terrorisme est une réalité sanglante pour les populations civiles.
L’Inde, le maillon faible ?
L’idée que l’Inde serait le « maillon faible » de l’OCS a fait son chemin chez certains membres de la communauté des médias alternatifs et même parmi quelques experts. Leur argument ? Les liens économiques et militaires étroits que Delhi entretient avec Washington.
Mais ces analystes ferment les yeux sur la réalité des faits : la Chine maintient des relations économiques bien plus intenses avec les USA que l’Inde, et les républiques d’Asie centrale renforcent leurs alliances militaires avec l’Occident, notamment la Turquie, membre de l’OTAN. Ils ignorent aussi les tentatives américaines de mettre l’Inde sous tutelle.
Une analyse publiée début juin sur Korybko.substack.com soutient que cette perception explique pourquoi la Russie a donné crédit aux déclarations de Trump affirmant avoir personnellement stoppé le dernier conflit indo-pakistanais, malgré les démentis répétés de Delhi.
Les tensions s’intensifient au sein du Kremlin où une faction pro-BRI, composée de « durs » anti-occidentaux, grignote du terrain face à l’establishment pragmatique qui dirige actuellement la Russie.
Les implications géopolitiques
La Chine a peut-être tenté de pousser l’Inde à refuser de signer la déclaration commune des ministres de la Défense de l’OCS pour créer l’impression que l’Inde serait le « maillon faible » de l’organisation, renforçant ainsi l’influence de la faction pro-BRI en Russie.
Si cette faction l’emportait, la coopération russo-indienne pour accélérer les processus de tri-multipolarité pourrait s’affaiblir, ouvrant la voie à une bi-multipolarité sino-américaine, où la Russie deviendrait le « partenaire junior » de la Chine, et l’Inde celui des États-Unis.
Cependant, le ministre russe de la Défense, Andreï Belousov, a couvert l’Inde d’éloges lors du sommet de Qingdao. Aucun changement n’est donc prévu sous Poutine. Mais si un membre de la faction pro-BRI lui réussissait, la donne pourrait changer.
Vers une multipolarité fracturée : l’OCS face à ses contradictions internes
Les tensions au sein de l’OCS révèlent les limites de cette organisation face aux rivalités géopolitiques.
La Chine, en omettant de condamner l’attaque de Pahalgam, aurait délibérément cherché à marginaliser l’Inde, tout en consolidant ses liens avec le Pakistan.
Les divisions en Russie et les tensions dans la région fragilisent un ordre multipolaire encore fragile. Beaucoup d’analystes passent pourtant ces enjeux importants sous silence.
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