🔥 Les essentiels de cette actualité
- À 38 ans, Paetongtarn Shinawatra affronte une crise politique majeure en Thaïlande, déclenchée par une fuite d’appel avec Hun Sen, ancien Premier ministre cambodgien.
- La conversation a provoqué des tensions avec l’armée après que Paetongtarn ait qualifié un haut gradé de « adversaire », forçant des excuses publiques et des rencontres pour apaiser la situation.
- La coalition gouvernementale est fragilisée, avec le départ du parti Bhumjaithai, tandis que le soutien du Parti démocrate reste crucial pour éviter l’effondrement.
- La crise s’inscrit dans un conflit de longue date entre le mouvement de Thaksin Shinawatra et les factions conservatrices, mettant en lumière l’héritage politique de Paetongtarn.
À 38 ans, la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra fait face à une crise politique majeure, moins d’un an après son entrée en fonction en août 2024.
La fuite d’un appel téléphonique avec l’ancien dirigeant cambodgien Hun Sen a déclenché une vague de critiques, forçant Paetongtarn à s’excuser publiquement jeudi.
Les répercussions politiques de l’appel compromettant
La diffusion en ligne d’une conversation entre Paetongtarn Shinawatra et Hun Sen, ancien Premier ministre du Cambodge, a provoqué une vive indignation.
Dans cet échange, Paetongtarn a qualifié le lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant des forces dans le nord-est de la Thaïlande, d’« adversaire », un commentaire perçu comme insultant pour l’armée.
La discussion portait sur les tensions frontalières entre la Thaïlande et le Cambodge, un sujet diplomatique sensible.
La Thaïlande a officiellement protesté auprès du Cambodge, dénonçant une violation du protocole ayant nui à la confiance bilatérale.
Vendredi, Paetongtarn s’est rendue dans le nord-est pour rencontrer Boonsin, dans une tentative d’apaiser les tensions avec l’institution militaire, influente dans la politique thaïlandaise.
Jeudi, face à l’indignation publique, Paetongtarn a présenté des excuses devant les chefs de l’armée et de la police, un geste visant à démontrer l’unité.
Malgré cela, de petites manifestations ont eu lieu à Bangkok, accompagnées d’appels de divers partis politiques à sa démission ou à des élections anticipées, reflétant un climat de méfiance envers le gouvernement.
Une coalition fragilisée par la crise
Mercredi, le parti conservateur Bhumjaithai a quitté la coalition au pouvoir, accusant Paetongtarn d’avoir « insulté le pays et l’armée » par ses propos.
La coalition gouvernementale ne tient désormais qu’à un fil, exposant Paetongtarn à une possible chute. Un départ supplémentaire d’un partenaire clé pourrait provoquer son effondrement, accentuant l’instabilité politique.
La conjoncture économique déjà délicate de la Thaïlande est aggravée par les tensions commerciales avec les États-Unis, sous la menace de nouveaux tarifs douaniers.
Vendredi, Paetongtarn a reçu un soutien crucial du Parti démocrate conservateur, qui a confirmé son engagement à rester dans la coalition pour aider à résoudre les défis nationaux.
« Le Parti démocrate restera au gouvernement pour aider à résoudre les défis auxquels le pays est actuellement confronté », a déclaré le parti dans un communiqué.
Jeudi soir, le parti Chartthaipattana a également annoncé son maintien après des discussions avec le Parti démocrate et le parti United Thai Nation (UTN).
L’équilibre politique demeure précaire, miné par des antagonismes de longue date entre le Pheu Thai et les courants conservateurs proches de l’armée.
Le rôle des militaires dans la politique thaïlandaise
L’armée thaïlandaise, acteur majeur de la vie politique, a souvent joué un rôle déterminant dans les crises, comme lors du coup d’État de 2006 contre Thaksin Shinawatra, père de Paetongtarn.
Les excuses publiques de la Première ministre, prononcées devant les chefs militaires, et sa rencontre avec Boonsin Padklang soulignent l’importance de préserver des relations stables avec cette institution.
Dans un pays marqué par des interventions militaires, le soutien de l’armée est crucial pour la survie du gouvernement.
Les propos de Paetongtarn dans l’appel avec Hun Sen, critiquant un haut gradé, ont amplifié les tensions, rendant ses efforts de réconciliation essentiels.
Le conflit politique et l’héritage de Thaksin
La crise actuelle s’inscrit dans une lutte de longue date entre le mouvement populiste de Thaksin Shinawatra et les factions conservatrices, y compris les cercles monarchistes et militaires.
Thaksin, âgé de 75 ans, renversé en 2006 après deux mandats, a transformé la politique thaïlandaise avec des politiques sociales populaires auprès des populations rurales. Ancien propriétaire du club de football de Manchester City, il reste influent, mais ses adversaires conservateurs l’accusent de corruption et de déstabilisation sociale.
Paetongtarn, à la tête du Pheu Thai, héritier de ce clivage, dirigeant une coalition fragile avec des partis historiquement opposés à son père.
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